N° 30
Juin

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Juin 2004
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Numéros Précédents: 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , 9 , 10 , 11 , 12 , 13 , 14 , 15 , 16 , 17 , 18 , 19 , 20 , 21 , 22 , 23 , 24 , 25 , 26 , 27 , 28 , 29 , ,
EDITO

LA LOI pour les " RAPATRIES "
ou pour les " …TRIES " ?


        Fin 2003, une date, le 5 décembre, a été imposée par l'Etat pour honorer la mémoire des Anciens Combattants d'Afrique du Nord et mettre fin à la querelle du 19 mars. Nous pensions que nous étions sur la bonne voie de la reconnaissance envers nos communautés.
        Hélas, cela n'empêche pas d'odieux enfoirés d'édiles municipaux de continuer à inaugurer des places ou rues du 19 mars ou d'honorer des traîtres à la nation, par amour pour la sodomie nationale. Il faut remarquer qu'avec la célébration de mariages homo, la France continue dans la voie de la décadence morale. Et pire encore, dans la délinquance nationale en bravant les lois de notre pays.

        Dans la fin du 1er semestre 2004, une nouvelle loi sur les rapatriés doit être discutée et votée à l'Assemblée Nationale et certainement adoptée.
        Certes, on pourrait se dire, le 5 décembre, ce n'était pas qu'une simple mode passagère, nos revendications légitimes sont prises en considération, mais la lecture du projet de loi nous fait revenir à la réalité.

        C'est une loi électoraliste, un leurre, c'est à dire un texte rempli de promesses mais vide de sens profond. Là où le bât blesse, c'est que le Haut Comité aux Rapatriés (HCR) nommé et trié par le gouvernement est, dans sa majorité, partie prenante dans cette loi. Voir le texte officiel.

        Le Président Chirac a déclaré le 5 décembre 2003 : " Notre république doit assumer pleinement son devoir de mémoire. " Nous applaudissons cette déclaration comme le " Je vous ai compris " de l'époque.

        Maintenant la Réalité. Dans cette loi, il n'y a qu'un seul article important concernant cette déclaration Chiraquienne, c'est l'article premier.
        Article 1er
        " La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc et en Tunisie ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. "

        Cet Article, qui pour nous est le plus important de cette loi, ne précise aucunement et en détail comment cette nation doit assumer sa reconnaissance et approfondir le devoir de mémoire, ni quels moyens seront mis en œuvre et dans quels domaines : Il y a l'histoire de la colonisation civilisatrice de la France et des apports européens, les archives, l'éducation nationale, les médias, la discrimination raciale à notre égard, les sanctuaires, le mémorial, les cimetières, les massacres des populations P.N. et Harkis, etc…
        Nous voudrions que tout cela soit clairement mentionné dans l'Article 1er de la loi et pas seulement dans l'exposé des motifs du projet de loi. C'est là toute l'ambiguïté du système parlementaire et législatif français.

        Certes, certains esprits savants vous diront : " Mais dans l'Exposé des Motifs, on vous parle de la vocation du Mémorial d'Outre-Mer, de ceci, de cela…. "
        Il faut leur répondre, qu'en droit français, seul ce qui est écrit dans les Articles de la loi, a valeur légale. Le reste n'est que de l'interprétation au gré des fantaisistes qui appliqueront cette loi, c'est à dire nos gouvernants politiques et administratifs.
        Là, où il est question du Mémorial d'Outre-Mer, encore de la poudre aux yeux. Un mémorial où nos communautés n'ont pas la possibilité d'infléchir les choix ou décisions.
        On ne peut pas mélanger les œuvres accomplies en Algérie Française qui était devenue une province de France, avec les autres Colonies. Les attaches et les rapports étaient différents.
        Je m'insurge contre cet amalgame où " L'Algérie Française " sera volontairement étouffée et mise une fois de plus sous séquestre dans ce Mémorial d'Outre-Mer.
        Notre identité communautaire disparaîtra et avec elle notre mémoire. C'est un des buts inavoués de nos gouvernants.
        Non, et je me répète, il faut un véritable Mémorial pour la défunte Algérie Française comprenant : lieux d'archivage, centre de documentation et de lecture, un grand Musée, salles de conférence, et qu'il soit accessible six jours sur sept. Il faut que ce Haut lieu de notre Mémoire soit dans une ville facilement accessible par tous les moyens de transport (comme Aix en Provence, par exemple), dans un grand espace protégé, avec parking et hors urbanisation douteuse et indélicate.
        C'est un travail qui incombe à notre millier d'associations.

        Conclusion, dans l'Article le plus important de cette loi, il n'y a que du vent, du Simoun, et ne comptons pas sur des décrets d'applications supplémentaires pour nous en préciser les limites ou les extensions. En France nous avons des lois en souffrance depuis de nombreuses années et qui ne peuvent être appliquées faute de décrets d'applications explicites.

        Par contre les 5 autres Articles sont plus détaillés et consacrés essentiellement aux indemnisations ou aides, au POGNON. Franchement, cela n'est pas le problème majeur des générations plus jeunes et des rapatriés modestes. Les indemnisations et le pognon ont occulté pendant plus de 40 ans cet Article 1er et avec cette loi, ils l'enterrent en 1ère classe.
        Ces 5 Articles veulent dire : lâchons quelques " os " à la minorité " des triés " qui a déjà été concernée par les précédentes lois d'indemnisation et qui eux se chargeront de calmer la fringale de la majorité des " ra-pa-triés. "

        Ce projet de loi, à nos yeux, ne répond pas de façon satisfaisante à l'attente générale de nos communautés expatriées.

        Cette loi préparée soit-disant en concertation avec les représentants du HCR, tous choisis à des titres divers par le gouvernement et sans dialogue avec les vrais représentants de la masse communautaire P.N. et Harki. Nous savons que dans ce HCR il y a des gens sincères qui travaillent dans l'ombre pendant que d'autres tirent les ficelles, surtout médiatiques, politiques et autres. Cette masse communautaire leur dit : " Mesdames et Messieurs ne jouez plus cette partition, il y a des fausses notes. " C'est à ces personnes là que je demande Haut et Fort de quitter ce Comité avant la discussion officielle à l'Assemblée Nationale pour marquer leur désapprobation et entraîner une démission collective. Il faut arrêter de cautionner notre enterrement.
        Les membres du HCR doivent démissionner, car s'ils ne le faisaient pas, ils confirmeraient ce que pense la très grande majorité de nos communautés, à savoir : " qu'ils ont été achetés par divers moyens, et qu'ils deviennent de fait, des Félons à la solde du pouvoir. "
        Pour mémoire, il faut savoir que la communauté musulmane a organisé un vote pour la désignation de ses représentants au Conseil du Culte musulman.
        Ça ne vous rappelle rien, le référendum du 8 avril 1962 où nos communautés concernées par cette consultation nationale, en ont été écartées illégalement. L'histoire s'est répétée 40 ans après, nous sommes les éternels rejetés de la nation, nous n'avons pas le droit de choisir ou de désigner. D'autres le font pour nous.

Nous ne demandons pas à être " compris ",
mais plutôt à être écoutés,
entendus et suivis dans nos légitimes attentes.

Aprés notre expatriation ou notre déportation, nous n'avons pas eu droit à des cellules psychologiques, mais depuis quarante ans les gouvernements entendent pratiquer leur médecine et nous soigner avec des lois.
" Cette médecine est un art qui consiste, selon Voltaire, à prescrire des remédes dont on ne sait pas grand-chose, pour soigner des maladies sur lesquelles on en sait encore moins, à des êtres dont on ne sait rien". (1)
        A tchao.

J.P. Bartolini        

(1) Citation rappelée par "les Echos" le 17/5/2004 à propos d'un docteur en médecine du gouvernement.


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"Je vous ai Compris" - bis
par Fred ARTZ
Texte paru sur - Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui -
N° 119 Avril 2004

        Bien qu'acculés entre mal et pire, nous ne pouvons nous satisfaire de N'IMPORTE QUOI et que l'on ne vienne pas nous faire le procès de " lynchage des vaincus " puisque, fidèle à ses procédés à la hussarde, Jean Pierre Raffarin n'a pas voulu comprendre ce que nous ne cessons de lui faire entendre depuis son entrée en fonction
         
LA LEÇON DES DERNIERES ELECTIONS.

         A en croire les gardiens du temple, ils auraient compris dès le soir du deuxième tour des régionales ce qu'il y avait à comprendre. Permettez aux Français d'Algérie d'en douter.
        La reconduction, à l'identique, dans le nouveau gouvernement des organes en charge de nos problèmes, nous laisse déduire que nous étions compris dès avant les élections de mars dernier et d'ailleurs n'avions-nous pas déjà été compris par De Gaulle en Octobre 1958.
        C'est dire si nous avons de bonnes raisons d'être insatisfaits.

         LE GOUVERNEMENT RAFFARIN II, comme d'ailleurs le RAFFARIN I, AVAIT POURTANT à COMPRENDRE que, le projet de loi dont le débat est prévu pour les tous prochains jours à venir, ne répond pas à l'attente essentielle des Français d'Afrique du Nord.
        Préparé après un simulacre de concertation et sans même tenir informés les soi-disant " représentants " du Haut Conseil des Rapatriés, qui avaient pourtant été choisis par le gouvernement à sa seule convenance et cela sans aucune considération de leur représentativité réelle ramenant ainsi cet organe à l'alibi de consultation qu'il est. Au demeurant on se demande bien pourquoi il est constitué de deux collèges égaux un musulman et un non musulman, comme aux plus belles heures de l'Assemblée Algérienne, période française.

         CE QUI RESTE A COMPRENDRE AU GOUVERNEMENT RAFFARIN III.
        Après le drame dont ils ont été victimes, les Français d'Algérie n'acceptent pas d'être traités comme ils le sont depuis plus de 40 ans.
        Certes les gaullistes d'hier qui se respecteraient et ceux qui se réclament aujourd'hui de cet héritage ne peuvent pas être à l'aise en regardant en face les procédés trop souvent honteux qui ont été employé à l'époque de la Guerre d'Algérie à seule fin de satisfaire les ambitions démesurées d'un homme pressé, avide de gloriole, qui rêvait de voir sa grandeur régner sur le monde.
        Les Français doivent savoir que nous demeurons les victimes de cette Ve République naissante, confortée par une majorité à toute épreuve durant plus de vingt années qui a recouru, notamment en 1960, à des procédés fallacieux illégaux comme le S.A.C (service d'action civique du gaullisme flamboyant) ainsi qu'aux BARBOUZES en tous genres qui n'étaient que des hommes de main sans scrupule et plus généralement des repris de justice qui, hors de toute légalité et sans morale aucune, ont obtenu du Pouvoir gaulliste les moyens d'agir hors la loi en son nom et place, pour arrêter , interner, torturer et assassiner des citoyens français des départements d'Algérie, dont le seul crime était de défendre leur famille livrée aux assassins du FLN par l'Etat français.
        Il faut savoir que ce pouvoir gaulliste a eu recours à de sinistres machinations qui, entre autres, ont permis le massacre, par une compagnie du 4ème Régiment Français de Tirailleurs Algériens, le 26 mars 1962, de 80 civils français qui manifestaient pacifiquement rue d'Isly à Alger.
        Que par ailleurs, des soldats français ont eu l'ordre de l'Etat français de tirer sur des femmes et des enfants dont le crime était d'apparaître sur leur balcon à Bab-el-Oued.
        De même que l'on a vu des avions français mitrailler les immeubles à Alger.
        Les pièces officielles des archives soigneusement interdites d'accès par la Droite comme par la Gauche, attestent que, dès 1960 l'Etat gaulliste entrait en collusion avec les assassins du FLN en vue d'un lynchage précipité des Français d'Algérie.
        Les moyens les plus diaboliques faisaient l'affaire de cette honteuse alliance, hors de toute légalité des fonctionnaires de police radiés ont été réactivés pour constituer des polices toutes spéciales qui assistaient la barbouzerie mise en place assistée en cela par les combattants de la 25ème heure du FLN. Ainsi étaient ouvertes les voies aux arrestations arbitraires, internements administratifs abusifs, enlèvements, tortures et assassinats en toute impunité de citoyens français en Algérie et ailleurs, voire même à l'Etranger.
        L'apanage de la lâcheté de ce pouvoir a été atteint avec le soi-disant Cessez Le Feu du 19 mars 1962, que la FNACA s'acharne maladivement à célébrer, et qui a ouvert la voie aux enlèvements et la disparition de 25 000 civils, le massacre le 5 juillet 1962 de 3 500 Oranais aux portes des casernements français devant des soldats tenant d'un gouvernement français complice de l'ordre de ne pas intervenir.
        Le sort de 357 soldats Français prisonniers du FLN a été lâchement ignoré et par les soi-disant négociateurs français du cessez le feu que la FNAC.
        Enfin, l'apothéose a été consommée par cet Etat gaulliste avec l'abandon aux assassins du FLN de 130 000 Harkis qui ont été livrés par le gouvernement français après qu'ils eussent été désarmés.
        Pour achever le tout, un rapatriement bâclé, indigne d'une Nation civilisée, a été escamoté tandis que ces forfaitures étaient, camouflées par des juridictions d'exception, qui aux ordres du pouvoir se jouaient de la Justice et cachaient ainsi la sinistre réalité aux Français.

         Mais que l'on se rassure, il s'agissait bien d'un assassinat collectif, auquel la Droite au pouvoir et la Gauche d'opposition ont prit leur part de curée.
        La Gauche a su adapter sa moralité à géométrie variable pour appuyer d'un silence assourdissant tous ces crimes commis contre les Français d'Algérie ; elle a été plus loquace pour soutenir la cause des Fellagas qui assassinaient tranquillement nos femmes et nos enfants.
        L'horrible sort qu'ont eu à subir, huit années durant, les Français d'Algérie et notamment les plus modestes d'entre eux et les Musulmans pro-français n'a de toute évidence pas préoccupé la Gauche
        Elle a tiré et tire encore gloire de l'assistance qu'elle a apporté aux poseurs de bombes qui assassinaient des civils innocents ; sans courir de risques, ses porteurs de valises, qu'elle érige en héros, ont transporté l'argent des travailleurs algériens de France pour permettre au FLN l'achat des armes qui tuaient les jeunes français sous les drapeaux ou les Français d'Algérie, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans, là au moins, était-elle fidèle à son idéologie égalitariste.
        Enfin la Gauche flamboyante n'a pas eu le geste que l'on pouvait attendre pour la réparation des préjudices subis en Algérie par les plus modestes rapatriés de ce pays.
        Elle a voté la célébration du 19 mars 1962 et, sans doute avide de gloire militaire, elle s'emploie, comme tout récemment le Maire de Paris, à multiplier l'affichage de cet acte sans gloire aux conditions d'exécution honteuses pour la France.
        Les années 1969 à 1962 resteront marquées par la complicité du pouvoir gaulliste avec les assassins du FLN en vue d'un abandon à n'importe quel prix des départements français d'Algérie.
        Pour justifier cette infamie, De Gaulle a présenté aux Français cette sinistre issue, aux conditions d'exécution les plus déplorables, comme inévitable et en conséquence l'abandon des Français d'Algérie comme naturelle.

         Dès lors il s'employa à conforter un FLN aux abois et à laminer, pas tous moyens, si indignes qu'ils fussent, les espérances des Français d'Algérie devenus des obstacles à sa grandeur maladive.
        Pour assurer leur sauvegarde, Il ne restait plus alors à ces citoyens français des départements d'Algérie qu'à affronter ces malheurs avec les seuls moyens dont ils disposaient la résistance à l'abandon et l'autodéfense. Jamais il ne s'est agi de résistance ou de contestation de la République mais bien de défense de nos familles abandonnées par Charles De Gaulle à l'ennemi. Dans ces conditions qui peut s'arroger le droit de nous condamner d'avoir lutté pour défendre notre vie ; certainement pas les auteurs ou les complices de ces forfaitures.
        Comment accepter que l'on puisse nous contester le droit à la réhabilitation par la République de tous ceux d'entre nous, de France ou d'Algérie, qui, au péril de leur vie et au-delà des infamies qui les menaçaient, ont eu à s'engager dans la seule voie qui nous restait ouverte ; comment ignorer le choix qui nous était offert, par notre pays, la France entre la valise et le cercueil. Voilà Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Messieurs du gouvernement, ce que les Français d'Algérie attendent de la France en 2004..
        

Fred ARTZ        

Lettre aux Députés et Sénateurs

                                                                                                Monsieur le Député,
                                                                                                Monsieur le Sénateur,

         Nous avons souhaité porter à votre connaissance la profonde déception des Français d'Algérie non Harkis qui ne perçoivent pas dans le Projet de Loi dont vous aurez prochainement à débattre, de réponses sérieuses à leurs attentes qui, depuis plus de quarante années, demeurent en souffrance.
        Nous avons noté avec intérêt que des élus, intervenant au Sénat et à l'Assemblée Nationale lors du débat du rapport concernant les Rapatriés d'Algérie et les Harkis, ont reconnu : " qu'il convenait de mettre fin à l'hypocrisie qui, depuis 40 ans, feint d'ignorer la responsabilité de l'Etat et la reconnaissance des préjudices subis " et que soit évoqué " le devoir de mettre fin à une situation qui n'a que trop duré " au besoin, " avec un courage que n'ont pas eu nos prédécesseurs ".

         Toutefois nous avons le regret de constater que si les mesures, au demeurant légitimes et encore insuffisantes, qui ont été mises en oeuvre au bénéfice des Harkis par le gouvernement RAFFARIN ont été, à plusieurs reprises, rappelées par les intervenants, c'est, à quelques très rares exceptions près, un silence assourdissant qui a répondu aux attentes essentielles des Français d'Algérie non Harkis Nous relevons avec amertume que le projet de loi a été transmis au Conseil d'Etat pour avis, puis rendu public, sans que nous n'en ayons eu la moindre information au cours de son élaboration ; pas plus d'ailleurs que " nos représentants " du Haut Conseil des Rapatriés, pourtant choisis par le gouvernement à sa convenance et sans souci de leur véritable représentativité.
        C'est pourquoi, sans réponse du gouvernement, nous vous demandons, et nos compatriotes vous seront reconnaissants, de bien vouloir proposer, lors du vote de la loi sur les Rapatriés, les points suivants qui nous apparaissent essentiels et qui sont repris dans l'annexe ci-jointe sous forme d'amendements.

Projet D'amendements

Présentation

         Après 132 ans d'une oeuvre civilisatrice en Algérie qui vit sa population s'accroître d'un million à dix millions d'habitants, l'indépendance a été accordée unilatéralement à l'Algérie le 5 juillet 1962 à la suite d'un processus de 4 ans.
        Le référendum du 8 avril 1962 qui avalisait l'indépendance a été organisé en France métropolitaine alors que les populations d'Algérie étaient écartées de la consultation.
        A compter des accords d'Evian un grand nombre de crimes, enlèvements et spoliations eurent lieu à l'encontre des populations tant européennes que musulmanes : les points culminants furent les massacres de 150 000 Harkis empêchés de gagner la France ou refoulés de celle-ci en application des instructions ministérielles de l'époque, les massacres de 3 500 européens à Oran le 5 juillet 1962 et les enlèvements de 25 000 personnes civiles ou militaires, à jamais disparues.
        Les accords d'Evian prévoyaient la protection des populations. Sur ordre du gouvernement, l'armée française pourtant présente, laissât se perpétrer ces crimes sans intervenir.
        A partir de 1961, les Français d'Algérie devant la politique suivie et annoncée (négociation avec le FLN, cessez-le-feu unilatéral, retrait des troupes combattantes) comprenaient que ce processus amenait inéluctablement à l'indépendance de l'Algérie avec un gouvernement FLN.
        Durant plus de sept années, ils avaient subi les multiples assassinats et les attentats journaliers de ce mouvement terroriste dont ils savaient ne rien devoir attendre.
        Dès lors et à défaut d'un soutien de l'Armée française aux ordres du gouvernement, seule l'organisation en auto-défense laissait quelques espoirs de survie. Même si cet engagement devait leur coûter la vie ou la prison, il était dès janvier 1962 la seule voie du salut.
        Les Français d'Algérie qui gagnèrent la métropole, eurent à le faire dans des conditions déplorables. Faut-il rappeler que le gouvernement attendait des " vacanciers ".
        Recevant une population de 1 200 000 citoyens français, déplacés par nécessité, il n'en prévoyait pas moins le " retour " de 90 000.

         Un début d'indemnisation fut attribué avec la loi du 15 juillet 1970, finalement l'indemnisation totale perçue atteint 37% de la valeur fiscale des biens de 1962, ces 37% comprenant les frais de fonctionnement de l'ANIFOM, c'est donc 27% de la valeur fiscale des biens qui furent perçus par les Rapatriés propriétaires.
        A partir de l'indépendance, la plupart des cimetières ont été saccagés.
        Les Français d'Algérie ont été victimes d'une politique d'Etat en laquelle ils n'ont aucune responsabilité. Comme pour tous les autres citoyens de ce pays, il convient de réparer les préjudices, moral et matériel, qui affectent les victimes. Mais il importe aussi de restaurer leur véritable histoire.
        Les amendements qui suivent ont, pour objectif, de mettre un terme équitable à ce drame.

Les amendements

1er amendement : la responsabilité de l'Etat français est reconnue pour non-assistance aux populations dont il avait la charge, pour les crimes, exactions, enlèvements, fusillades dont elles ont été victimes, à partir de la signature des accords du 19 mars 1962 ; cette inaction ouvre droit à réparation.

2ème amendement : au regard de la capacité de cotiser à un régime de retraite ( art 6 du projet) comblement de l'inégalité qui pénalise la catégorie de français qui ont dû s'exiler pour des motifs politiques en relation directes avec les événements d'Algérie et qui exerçaient leur activité professionnelle dans le secteur privé quel que soit le lieu d'activité.

3ème amendement : il est reconnu que les défenseurs du maintien de l'Algérie au sein de la République Française, ont accompli leurs actes par patriotisme et solidarité dans la détresse.

4ème amendement : Un comité d'historiens émérites est créé afin d'écrire la Vérité Historique sur l'œuvre de la France en Algérie. A cette fin, il convient que toutes les archives soient ouvertes, en particulier en ce qui concerne le déroulement des évènements depuis 1945 jusqu'à l'indépendance de l'Algérie.

5ème amendement : une indemnisation complémentaire est accordée aux Rapatriés ou à leurs héritiers, à partir de la valeur effective de leurs biens, réactualisée.
Il est dressé un inventaire des biens immobiliers des organismes sociaux et mutualistes des cotisants français d'Algérie, situés sur le territoire national, laissés en jouissance à l'Etat algérien, afin que les ayant droits en reprennent possession.

6ème amendement : un accord avec les autorités algériennes doit protéger les sépultures et les cimetières en état et regrouper en ossuaires les restes des sépultures profanées.
La construction et l'entretien de ces lieux est à la charge de l'Etat français.

NB : les amendements ci-dessus ont été complétés après la communication du projet de loi en cause.

CLIQUEZ ==> ICI
pour consulter le projet de loi.

A L G E R I A     N O S T R A
Claude-Maurice ROBERT (1930)
(Grand Prix littéraire de l'Algérie)
Envoyé par Mme Nicole Marquet

Elle est à nous par le droit de conquête et d'amour,
Elle est à nous, depuis le mémorable jour
Où les lys de nos rois ont flotté sur ses tours.

Elle est à nous par la justice et la bonté,
Par le marais tari et par le puits foré,
Par l'Ecole, et l'Hospice et la Sécurité.

Elle est à nous, par tout ce que nous y pâtîmes,
Elle est à nous, par tout ce que nous y bâtîmes.
L'Algérie est à nous, car c'est nous qui la fîmes.

Elle est à nous, par l'or répandu à mains pleines,
Pour la rendre toujours plus belle et plus humaine,
Par tous nos morts couchés dans ses monts et ses plaines.

Elle est à nos, par nos Cités et nos Hameaux,
Par la route et le rail, ordonnant le chaos,
Par nos avions dans l'air, et nos vaisseaux dans l'eau.

Elle est à nous, par l'arbre au talus du chemin,
Par la Digue et le Pont enjambant le Ravin,
Par la steppe d'hier, transformée en jardin.

L'Algérie est à nous, par la géographie :
Nous avons effacé son nom de Barbarie,
Des Atlas de jadis, et des Chancelleries.

L'Algérie est à nous par la foi des colons :
Des landes de sédrats, de doums, de chardons,
Ils ont fait ces vergers, ces vignes, ces moissons.

Elle est à nous par tout ce que l'on fit éclore,
Dans les cerveaux, bien plus que dans le tuf encore.
C'était le crépuscule, aujourd'hui, c'est l'aurore.

Par le pacte scellé dans le sang de trois guerres,
Par son peuple aujourd'hui plus heureux que naguère,
Elle est à nous, ainsi qu'une fille à sa mère.

Par cent ans de bienfaits qui l'ont régénérée,
Par les séductions dont nous l'avons parée,
L'Algérie est à nous, car nous l'avons créée.

Leur coeur à l'unisson, pour une oeuvre commune,
Dans la prospérité comme dans l'infortune,
L'Algérie et la France, aujourd'hui ne sont qu'une.

L'Algérie est à nous, sans détour ni retour,
Comme Reims et Paris, comme Nice et Strasbourg.
L'Algérie est française, et le sera toujours.


LES CHRONIQUES BONOISES
Par René VENTO
Numéro 16

RUE NEUVE SAINT- AUGUSTIN

     Tous les dimanches, jours fériés et périodes de fêtes, mes parents, amis intimes de la famille Piccione, venaient en renfort pour les aider dans leur commerce, une pâtisserie située rue Neuve Saint-Augustin. Ma mère enfilait un tablier blanc de vendeuse tandis que mon père, bon bricoleur, assurait les petites réparations et l'entretien des locaux. En plus de la musique, mon père avait une seconde passion, la peinture (en bâtiment). Quand il entamait un pot de peinture, il lui fallait absolument l'utiliser totalement pour ne pas faire de gaspillage. Aussi, pour liquider son reste de peinture, passait-il une couche sur tout ce qui était à sa portée.

     Ce soir de décembre 1950, mon père venait d'achever une retouche sur la devanture de la pâtisserie. Comme je jouais dans les parages, il m'appela, tenant un pot de peinture dans une main et un pinceau dans l'autre. Il arrêta la circulation des rares véhicules qui parcouraient la rue Neuve Saint-Augustin et traça une bande rouge sur toute la largeur de la rue, y compris sur les trottoirs. Puis, s'adressant à moi sur un ton solennel, il déclara en pointant son index vers sa ligne de démarcation, côté Place d'Armes :
        - Tu vois cette ligne René, si tu passes de l'autre côté, je te fous une tannée avec la ceinture des pompiers ! Mon père possédait deux ceintures et, selon la gravité de mes bêtises, il me menaçait de l'une d'elles : la plus étroite pour les peccadilles et la plus large, le ceinturon de sa tenue d'adjudant des pompiers, pour les plus graves. Bien que n'ayant que dix ans, et donc encore ignare des lois de la physique, j'avais compris que la pression de la ceinture sur ma peau était inversement proportionnelle à la surface frappée. Autrement dit, c'était la ceinture des pompiers qui, contrairement à ce que croyait mon père, était la plus inoffensive donc la moins dissuasive.

     Dans la nuit du premier janvier 1950, pendant que mon père fêtait le nouvel an dans la salle-à -manger située à l'arrière de la pâtisserie, je m'échappai de la surveillance parentale pour franchir la ligne rouge tracée par mon père et me lancer à l'aventure dans la zone interdite. La menace d'un coup de ceinture des pompiers avait excité ma curiosité de connaître enfin les raisons qui avaient conduit mon père à établir une frontière dans cette rue si paisible. Je me dirigeai alors vers la Place d'Armes en courant puis, d'un pas hésitant, dans les ruelles de la vieille ville jusqu'à ce qu'une lueur rouge attire mon attention. A l'instar du Petit Poucet perdu dans la forêt, je fus sécurisé par cette lumière qui devait signaler un lieu habité. Arrivé devant la porte d'entrée, je déchiffrai une inscription à peine lisible : " Le Chat Noir ". Comme prés de la pâtisserie Piccione, il y avait un bar qui s'appelait Le Chat Huant, j'en déduisis qu'il devait s'agir d'un bar dont le patron possédait un chat noir.
La porte s'entrouvrit et un monsieur en sortit en longeant discrètement le mur. Je me mis en travers de sa route et je lui demandai naïvement :
- M'sieur, vous l'avez vu le chat noir ?
- Ici p'tit, il n'y a que des chattes, me lança-t-il en riant tout en continuant son chemin.
Deux autres messieurs sortirent à leur tour, discutant à haute voix.
- A moi elle m'a fait …ceci, diocane que c'était bon ! déclara l'un des hommes.
- A moi elle m'a fait…cela, je me suis régalé l'âme de ses morts ! avoua l'autre homme.
Ne comprenant pas le langage technique utilisé par ces messieurs, j'imaginai que dans ce bar on servait de délicieuses consommations, meilleures que le cornet ski de chez Longo ou le créponnet de chez Siché sur le cours Bertagna. Ma gourmandise m'octroya l'audace d'interpeller les deux messieurs pour leur demander :
- M'sieur, elle peut me faire comme à vous ?
Scandalisés par ce qu'ils prirent pour une puberté précoce, ils me hurlèrent :
- Oh p'tit, allez va chez ta mère !
Puis ils me ramenèrent manu militari sur la Place d'Armes où ils me déposèrent, en plein milieu, sur la fontaine construite en 1936 pour remplacer celle inaugurée par le Duc d'Aumale et transférée place Alexis Lambert. Dés que les deux hommes furent suffisamment éloignés mais toujours à la portée de ma voix, je leur criai du haut de mon piédestal :
- Allez vous faire E…… !
Les deux messieurs se retournèrent en riant, amusés par ce jeune garçon qui leur suggérait une reconversion de leurs pratiques sexuelles.
     Extrait de " papa, maman, Bône, et moi " ; auteur, René Vento ; éditeur, Mémoire de Notre Temps.

Photo M. René Vento
Photo M. René Vento
Ci-dessus : la place d'Armes



Ci-contre : La rue Neuve St-Augustin



Mr. MUNCK, lisez votre journal
N° 6 de Juin 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par Georges Bailly


        Faites le tour de France, d'Algérie, vous ne trouverez pas un journal aussi mal fait que " La Dépêche de l'Est ".
        Je ne parle pas de la partie " rédaction ". Tout cela est inexistant. A part la besogne ingrate et difficile de CARLAVAN - mal récompensé du reste - on se demande comment un " monstre " pareil, peut être enfanté par les rotatives de la Rue Purseigle !

        Employés, typos et linos sont eux - mêmes stupéfaits devant leur propre ouvrage
        Impression défectueuse, des coquilles en nombre tel que les plages de BONE en sont furieuses de jalousie. Aucune distinction entre le fait divers et la nouvelle importante. Toutes les copies placées au petit bonheur, sans goût, sans attrait, sans amour-propre professionnel.
        Que fait donc ABDALLAH qui est cependant un ouvrier de talent ?

        Mais à quoi pense JOYEUX, qui est un garçon intelligent ?
        Et pour boucher les trous, on place une photo n'importe où et toujours à une place qui n'est pas la sienne.

        Quel est donc le metteur en pages ? Mais qui donc dirige la présentation de ce canard sans plumes et surtout sans ailes ?
        MUNCK n'a pas le temps de lire. Il vit dans les étoiles.
        MAUREL qui touche à, tout, n'y connaît rien.
        PINAUD, est un charmant petit garçon, un authentique agneau pascal. Quand on lui commande un " papier " sur BORRA ou PALOMBA, il va d'abord demander pardon à Dieu, parce qu'il ne voudrait point faire le moindre " bobo " à quiconque. Il tient mieux dans sa main, par scrupule de conscience, un livre de messe qu'un stylo...

        Il n'y a que l'auto du journal qui marche à bonne allure : c'est que le brave LAVAGNE est expert en mécanique.
        Allons, M. LE PRESIDENT MUNCK, ne laissez pas LÉOPOLD MOREL se moquer du grand organe de l'Est !

        Daignez, M. le Président, passer Rue Purseigle. Commencez par révoquer MAUREL. Augmentez de nouveau ses appointements, s'il le faut mais laissez-le à la Charcuterie d'Hippone. Il s'y connaît en pâtés.
        Dites à PINAUD qui vit, de miel, que le piment, les acides, et parfois le vitriol sont les meilleurs aliments du journaliste professionnel. L'éternelle et permanente " pommade " est chose indigeste.
        Appelez vos vedettes à la rédaction. Exigez de René MAYER, de TUCCI, de PANTALONI, de FADDA, d'ALOI et de PANCRAZI un " leader " par semaine ! Vous n'avez que l'embarras du choix ! Si cela ne suffit pas, complétez l'équipe avec PRUNEAU et BORRA...
        Au besoin appelez QUINTARD et RICOUX au secours.
        Je veillerai, avec Gabriel PALOMBA qui est du métier, à la mise en page...

        Président MUNCK, n'infligez plus de supplices aux lecteurs de votre journal de déformation. Vous qui avez tant de goût pour le Beau, ne laissez plus colporter autour de vous que là " DEPECHE DE L'EST " est le journal le plus mal fait de la Planète.

L'AFFAIRE NUNCIE

        Nous n'épiloguerons nullement sur les responsabilités de l'Ancienne ou de la Nouvelle Municipalité.
        A une heure plus opportune et agréablement électorale, nous assisterons à des controverses bien passionnées.
        Pour l'instant, rappelons nos souvenirs et ne retenons que l'essentiel de cette malheureuse affaire.
        La Société NUNCIE a gagné son procès. Et la Commune, c'est à dire le pauvre contribuable, paiera.
        Le premier service publie d'autobus bônois fut inauguré le 1er Avril 1928 en présence de Gaston THOMSON, un homme grand par la taille, mais aussi par le rôle souvent prépondérant qu'il joua dans ce Département et à la Chambre des Députés.,
        Discours et hommages ne firent pas défaut à l'égard du regretté François NUNCIE, dont le souvenir ému revient vivace dans notre esprit.
        Alors que les capitalistes locaux n'osaient pas tenter l'aventure, " l'Américain " - on l'appelait ainsi - mettait dans cette oeuvre toute sa richesse d'initiative, toutes ses économies, tout son espoir.
        Ce fut en fait un créateur - Et aussitôt, et pour une grande part, villas et maisons s'édifièrent dans les faubourgs les plus éloignés, des cités surgissaient et BONE s'embellissait...
        Mais NUNCIE n'avait pas compté sur les évènements, la guerre, et... l'ingratitude humaine...
        Sa santé fut vite ébranlée. C'était un grand sensible. Il aurait fallu qu'il vive au moins pour constater que l'on s'était bien trompé à son égard.
        Souhaitons que ses enfants puissent continuer son oeuvre avec toute la compétence voulue.
        Souhaitons qu'ils nous assurent un service aussi régulier que celui dé l'Algérienne, que ses voitures soient dignes d'une grande ville et que son personnel soit aussi zélé et aussi consciencieux que celui de M. VITTE.
        Il n'y a aucune raison d'en douter, car les NUNCIE sont avant tout des travailleurs.


Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 15
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

Tout le monde y sait que Jacques Attali, l'homme le plus entelligent de France auto-proclamé, c'est un champion dedans les pronostics politiques.
Il avait écrit à l'avance une chronique qu'elle donnait Aznar gagnant aux élections espagnoles, parue dans l'Express du 15 mars… Manque de cul, la réalité c'est que c'est le Zapatero qu'il a gagné ! Pas de problème : le site du journal il a corrigé, ma……la version papier elle est bien partie dans tous les kiosques !


Avec qui il est copain, Raffarin et Danube ?
Y vient d'accorder en douce une avance de 1,2 millions de zorros à…………..l'Humanité, pour pas qu'elle aille atchez Taddo, comme son bilan l'y obligerait……


Les Anglais y vont toujours nous étonner !
Le British Museum y va présenter un corps humain, vrai, en état de…………………..décomposition avancée dedans une cloche en verre ! Diocane, même Ellul y avait pas pensé !


Les Arabes qui travaillent dessur les chantiers en Israël y sont obligés de porter un casque : jusque-là c'est normal.
Ma……………………… ac un grand X rouge… !
Comme ça, les tireurs des litres de Tsahal y pourront mieux se les aligner en cas d'attentats…


Un tanoute de Montpellier y vient de se ramasser 3 mois de prison ac sursis parce………..qu'il avait voulu écraser un passant qui se ressemblait kif-kif à Ben Laden…
Son avocat, il avait plaidé comme ça : " …hélas, c'était pas Ben Laden, aussinon mon client y…….s'empochait 5 millions de dollars !!!


L'éducation nationale britannique elle a décidé d'enseigner l'athéisme dans le cadre de……………….l'enstruction religieuse !!!
Tu m'espliques comment y vont faire pour dire que le néant……n'existe pas !!!


Y z'en font, un madone de cinéma, nos dirigeants politiques ! C'est vraiment des chefs, pleins de décisions !!!
Ma………….85% des lois françaises en matière économique elles sont des…………..directives européennes des gatarelles de Bruxelles !!!


La dette publique de la France par rapport à le PIB elle s'arrange, enfin !
55 % en 1995……………………..63 % en 2003 !


Sans rire, la loi du 26 brumaire an IX elle a jamais été abrogée. Elle annonce : " …que toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de Police pour en obtenir l'autorisation et que celle-ci ne peut être donnée qu'au vu d'un certificat d'un officier de santé ".
Ca va plus être possible de reluquer un beau tafanar moulé en dedans un jean que ses coutures elles se craquent à toutes les ondulations…


En 1981, la dette extérieure de la France = 28 millions de zorros.
En 2004 : 1000 milliards de zorros !!!!!!!!!!!!!!!!!
Si Zammith il avait dirigé son épicerie de la rue Saindi Carnot comme ça, même les pourpres du môle Cigogne y lui auraient bouffé les cacahuètes !!


Tu connais pas Dominique Galouzeau ?
Eh bien c'est Dominique de Villepin…
A peine arrivé à son nouveau ministère qui se sentait encore l'odeur à Sarcloseille, il a filé à la grande mosquée de Paris pour assurer les membres du Conseil Français du Culte Musulman de son zèle infatigable pour lutter contre tous les amalgames entre Islam, Intégrisme et Terrorisme…
Pas de visite à Notre-Dame de Paris : de toutes façons, le cardinal Aaron Lustiger, il en a rien à carrer…


Dis-moi qu'elle est la championne des entreprises française pour………………….les pertes ? Hein !
Pas difficile : la Sécurité Sociale.
23.000 zorros
par……………………….minute !!!!!!!!!!!


Enfin !
Le porte-avions Charles De Gaulle y vient de recevoir 4 nouvelles hélices !
Ouf, on avait eu peur…
Ma………………………………………2 ont été retournées pour vices de forme !!!!


Y a un concours qu'il est ouvert pour les entreprises françaises : celui du nombre de jours de grève…
Gagnant 2003 : ………………….la SNCF !
40% du total des jours de grève en 2003 !!!!!!!



LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (18)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
MOI ET MON EDITEUR QUE
MEME PAS Y S'APPELLE AUGU….

(Sur une idée de Monsieur J.P Bartolini)

         Chais pas si que j't'ai déjà dis que moi, j'écris, je suis pas j'Expire le crivain anglais mais j'te jure qu'y m'arrive de faire espirer ceux-là là qu'y me lisent, mais entention, c'est seulement d'ennui que moi j'les tue, personne il est encore parti chez Tadeau à cause de moi. Tout ça pour vous dire que je m'ai envoyé deux liv' à chez un éditeur, mais pas le même pour les deux. Le premier, un liv' qu'il est déjà sorti grâce à dieu que ceux-là là qu'y s'l'ont lu et qu'y z'en sont pas morts, y savent que c'est " les bônoises d'après… ", son tit', rien que des fabes dessur Bône la coquette, ouai mon frère ! Çui-là là, le liv' toujours, la correctrice eh ben ! tu vas pas coire, elle m'a trouvé des fôtes partout malgré que j'y ai fait dessur la première page, un avertissement qu'y veut tout dire à çui-là là qu'y comprend ; aga moi un peu ça que j'y ai écris : " Si que tu cherches des fôtes d'orthografle comme tu me cherches des poux dedans la tête, rien que t'y arrêtes tout de suite pasque y en a pas. " Purée de nous z'aut', ça veut dire ça que ça veut dire non ?
         Eh ben ! tu ois, la maquerelle elle m'a écrit et areusement pour une fois j'ai compris ça qu'elle voulait dire et elle disait justement qu'y avait un peu trop des fôtes, qu'y fallait que je corrige mon liv' tout entier et que si j'étais pas capabe, y fallait que je trouve quelqu'un pour qu'y le fait à ma place… Diocane, tout rouge j'ai venu, comme si que j'avais la jaunisse, la honte elle m'est venue à la fugure, me faire ça à moi que j'me suis fréquenté toutes les écoles de Bône, une par une, un mois chacune jusqu'à le lycée et sans jamais rentrer en dedans.
         J'ai pris ma plus belle plume, celle-là là du dimanche comme y dit l'aut', j'l'ai trempée dedans de l'enque, de la violette, qu'elle sent pas bon comme l'odeur qu'on s'la met dessur nous le dimanche et j'y ai répondu poliment en lui jurant en dedans ses morts affogués mais entention, rien qu'en patos comme ça elle me comprend bien-bien : " Chère madame, vous avez bien voulu me demander de corriger certaines fautes et même des fautes certaines mais j'aimerais attirer votre attention sur le fait que mon recueil n'a pas la prétention de vouloir figurer un jour au catalogue des œuvres de La Pléïade et encore moins de concurrencer Albert CAMUS…encore que lui, il aurait compris….Je vous demande en conséquence de ne rien changer à mes fôtes sous peine de les commuer en fautes ce qui, remettrait en question tout mon travail." ( dès ! tu vas pas coire, rien qu'à l'effort, j'ai perdu cinq kilos).
         Purée de mes osses ! t'y as déjà vu comment y te fait un chien quan c'est que tu le tapes avec un os ? Y s'le ronge et y dit rien eh ben ! comme ça elle a fait la tchoutcharelle, elle a plus rien dit et le liv' il est sorti.
         Pour le deuxième qu'il est encore au stade……(Non, y joue pas au fote-balle)…de la correction, c'est pareil, j'ai reçu ça qu'y z'appellent des épreuves et j'ai, à de bon compris pourquoi y z'appellent ça comme ça, diocamadone, c'est plus dur que le Bac ; y m'ont donné à corriger ça qu'il est pas corrigeabe par exempe : justement, à exempe et à ensembe à côté, y veulent mette des " L " et après laisse moi m'étonner tout seul que les mots y s'envolent, y prennent de l'attitude, trop loin de ma comprenance qu'elle est déjà pas compréhensibe elle-même.

Rachid HABBACHI

Aïn-El-Turck
Le chant officiel
des AÏN-EL-TURCKOISES et AÏN-EL-TURCKOIS
Envoyé par M. Robert Costa

Hymne que nous chanterons à chaque réunion ;
il faut l'apprendre par cœur .
( sur l'air de " c'est nous les Africains …")
Aïn-El-Turck

Bonjour les villageois !
Tous Aïn-El-Turckois !
Nous voici réunis
Pour parler du pays .
Pour un peu mieux guérir
Grâce à nos souvenirs ,
Restés au fond du cœur ,
Pour notre plus grand bonheur ,
Depuis longtemps, très, très, très longtemps ,
Sans jamais rien renier pour autant ,
Chantons , chantons notre paradis perdu , Aïn-El-Turck ,
Sans oublier tous nos chers disparus .
Aïn-El-Turck ! Aïn-El-Turck !
Aïn-El-Turck ! Aïn-El-Turck !
Et Aïn-El-Turckois !

Moune

AMICALE AÏN-EL-TURCKOISE
6 , impasse du Rotagnier
69 680 CHASSIEU
Tél : 04 78 49 72 72
robert.costa@worldonline.fr


Aïn-El-Turck


LA RUE SADI CARNOT( N° 8)
de Gabriel Belmonte

     "La Rue Sadi Carnot" est un livre écrit sur son lit d'hopital par M. Gabriel Belmonte, pour ses amis Pieds-Noirs.
     Cette histoire de la "Rue Sadi Carnot" nous est offerte par Mme Eliane Belmonte née Donadieu. Nous la suivrons par épisodes sur "la Seybouse".
     Je mentionne que cette publication est sans but lucratif, qu'elle peut être reprise par les associations ou sites Pieds-Noirs à la condition impérative que les publications se fassent de façon absolument gratuite, sans même 1 euro symbolique, tel que le souhaitait M. Gabriel Belmonte.

La maison Zuoro

        L'épicerie du père de Brahim se trouvait au rez-de-chaussée de cette maison qui avait deux entrées : un couloir avec porte et, plus loin, une autre entrée dans une grande cour. Là, habitait la famille Mazza dont le père, Stanislas (Staniss pour les habitants de Lacalle, ville où il était né) était chauffeur sur un chalutier et c'est bien grâce à lui qu'une ou deux fois par semaine, nous mangions du poisson frais. Comme toute personne travaillant sur un chalutier, il avait droit à un part de poisson qui atteignait parfois trois quatre kilos. Les enfants Mazza, Joseph et Germaine allaient chez les voisins proposer une partie de ce poisson qu'on ne payait qu'en nature car monsieur Mazza ne voulait pas d'argent. En général un litre de vin ou deux paquets de cigarettes faisaient l'affaire et tout le monde était content. Nous avons mangé souvent du poisson très frais grâce à la famille Mazza.

        Au-dessus de l'appartement de cette famille, au premier étage, vivait la famille Muscat. Qui n'a pas connu le père Muscat qui avait une jambe de bois, un pilon exactement (probablement de la Guerre 14?18) et qui était gardien-surveillant du Square de la Colonne ? Colonne Randon sous-entendu. Je le revois partir tous les matins de son pas rythmé, vers ce square dans lequel existait une curiosité dont pas beaucoup d'entre vous, je suis sûr, connaissaient l'existence. Il s'agit de cette météorite tombée du ciel, une étoile filante, si vous préférez, qui ne s'était pas consumée complètement et qui est toujours noire par suite de sa friction dans l'atmosphère. En quelle année était-elle tombée ? combien pesait-elle ? Autant de questions auxquelles je ne puis répondre mais, en ne considérant que la partie visible de cette vieille pierre venue d'ailleurs, on peut supposer qu'avec sa partie cachée, elle devait bien approcher la tonne. Si vous passez par Bône et que les Algériens ne l'ont pas déplacée, allez la voir ! Elle se trouve dans la partie du square proche du palais Loucheur, près de l'angle où se trouvait tous les ans, à la saison, le marchand de jujubes et de pommettes ...

L'épicerie Allmann

        C'était inscrit sur la devanture du magasin, peint par "P'tit Lili" Buono :

ROSETTE ALLMANN

        Nous étions clients, bien sur, chez cette épicière qui avait un grand sens du commerce. C'était un peu le "salon où l'on cause" cette épicerie. Combien d'histoires amusantes ai-je entendues dans ce lieu mais la meilleure, vraie une fois de plus, je vais vous la dire.

        Comme j'étais petit, on ne me remarquait pas et de ce fait, des histoires que je n'aurais pas dû entendre, et bien je les ai entendues ici. Voici donc : j'étais avec ma mère chez madame Allmann, lorsque entre Augu Mangion. Je ne vais pas vous le décrire, je vous vexerais, c'est sûr ; je préfère lui laisser la parole :

        - Rosette, je peux pas te dire comme je suis heureux aujourd'hui, devine ! Mon ami arrive de Marseille ce matin sur le Gouverneur Général Chanzy, aussi je vais lui préparer une macaronade, j'te dis qu'ça ! As-tu au moins des tagliarini ? Tu sais que mon amant n'aime que ces pâtes et je voudrais tant lui faire plaisir ! Mon Dieu que je suis heureux!

        Et madame Allmann, toujours dans ce fameux papier gris d'épicerie, lui servit un kilo de tagliarini. Moi, je me faisais tout petit dans mon coin car j'avais honte d'avoir entendu ces paroles; pensez donc : un homme qui parlait de son amant !

La Commune Mixte de l'Edough

        Comme j'ai déjà parlé du numéro 52 de la rue Sadi Carnot qui jouxtait l'épicerie Allmann, je n'y reviendrai pas. La rue Général Yusuf séparait ce numéro, 52 de la Commune Mixte de l'Edough, bureaux dans lesquels se traitaient certaines affaires indigènes.

        A une époque de l'année, beaucoup d'Arabes qui, à cette occasion avaient revêtu leur plus belle gandourah ou leur burnous blanc, la tête coiffée de cheichs immaculés étaient sur le trottoir et dans les bureaux de cet édifice public pour obtenir, je pense, les autorisations de cultiver un certain nombre de plants de tabac ou pour toutes autres raisons que j'ignore, mais c'était assez inhabituel, je dois dire, de voir tant d'indigènes endimanchés déambuler ce jour-là. C'était chaque fois une ambiance particulière.

        Au premier étage de cet édifice habitait l'administrateur de la Commune Mixte avec sa famille. Il y avait ensuite le jardin de cet administrateur avec sa barrière de bougainvillers puis on arrivait au "chemin de ceinture" baptisé plus tard boulevard Jean Mermoz. Cette barrière de bougainvillers faisait un angle droit avec le Chemin de Ceinture et à cet angle, sur le trottoir, s'est toujours trouvé un marchand de cacahuètes, graines de courge salées, bliblis (1) et autres spécialités du genre. Son petit étal était supporté par deux roues de bicyclette. Si je raconte ces petits détails, c'est pour que vous reviviez avec moi, tous ces souvenirs qui nous sont chers.

        (1) Pois-chiches bouillis puis salés et cuits au four.

Le café maure d'en face

        Un café maure ressemble bien sur beaucoup à un autre café maure ; mais en ce qui concerne celui-ci, quelque chose m'a frappé, oh pas grand chose à vrai dire.

        Voilà : un jour le propriétaire de cet établissement fit l'acquisition d'un superbe et énorme gramophone, c'était le nom donné à ces gros phonographes qui utilisaient des disques 78 tours et sur la tête de lecture desquels (on appelait ces têtes, le diaphragme) il fallait changer l'aiguille après chaque disque joué.

        Un matin, on entend dans tout le quartier des "Quatre Chemins" et jusque chez nous à près de cent mètres de là des chansons et de la musique arabe qui, comme chacun le sait, est belle quand elle est bien jouée ; mais la puissance de son appareil était telle que tout le quartier fut en émoi. Cependant que faire ? Huit jours après, on s'était habitué, mais nous connaissions presque par cœur : "LA RHOULILA ! LA RHOULILA ! LA RHOULILA LA KOUA I LABILA !' Le plus dur c'était quand le ramadan tombait en été et qu'on laissait la nuit les fenêtres ouvertes à cause de la chaleur. on ne s'endormait pas avant minuit ou une heure du matin. Heureusement que le ramadan ne dure qu'un mois pensions-nous.

Gamba le cordonnier et Fiténi le menuisier

        Au coin opposé au café maure, il y avait le cordonnier Gamba, un homme toujours souriant et qui adorait raconter ses histoires de pêche en bateau avec Marcel Degregorio entre autres. Mais son histoire de duel (authentique) sur une colline de Marseille, pas beaucoup de gens la connaissent, je ne puis la raconter par écrit car elle est un peu raide et comme les écrits restent ... Je vous la raconterai peut-être lorsque, nous nous retrouverons lors d'un rassemblement. Elle est unique en son genre.

        Quant au menuisier Fiténi Antoine dit "Bec & Ombrelle", c'était un gymnaste accompli qui, son travail terminé, avait le courage d'aller entraîner de jeunes sportifs à la "Salle" qu'on disait et qui était en réalité l'ancien dock Farci aménagé en gymnase, dans la rue Galdès si vous vous souvenez.

Chez Georgette

        Ce n'était pas le nom exact de ce bar mais, comme il était tenu par cette dame qu'on ne connaissait que sous le nom de Georgette, je titre ainsi ce chapitre.

        Sur le trottoir, devant l'entrée de ce bar, un personnage très connu de Bône, je veux dire Redzin, faisait griller ses merguez, ses brochettes, le foie qu'il coupait en tranches très fines en se penchant au maximum sur la planche à hacher, ses grosses lunettes de myope sur le nez ; et les garges (1) que certains clients appréciaient.

        Toutes ces bonnes odeurs mettaient l'eau à la bouche des clients qui se tapaient ensuite quelques anisettes au comptoir de Georgette.
        Vous avez tous connu Redzin chez Buttigieg à la grenouillère, mais je puis vous assurer que pendant les années 40, 41, 42 et quelques, il avait ses fourneaux devant le bar de Georgette.
        Qui d'ailleurs, d'entre vous, a connu le vrai prénom de Redzin ? car ce pseudonyme n'était qu'un sobriquet. Son nom patronymique, je l'ai oublié mais son prénom est tout un poème. Son père devait être vraiment original comme il en a toujours existé, mais lisez plutôt : "Redzere et fiori a vendere" qui veut dire en italien : Redzere et fleurs à vendre. A quelque chose près, c'est cela et si l'un d'entre vous a l'occasion de voir l'un de ses fils (car je ne sais pas si le pauvre Redzin est toujours vivant à Marseille) il pourra le lui demander.

        (1) 0n appelait garges, la trachée-artère et les bronches des fressures d'agneau.

Au Bon Accueil

        C'est à madame Del Médico que l'on avait affaire lorsqu'on allait acheter quelque chose dans cette épicerie, car son mari lui, travaillait chez Laussat, dans ce grand magasin situé en face de la mairie et qui avait pour enseigne : " AU REVEIL DU LION ", quel nom !

        Ce couple de braves gens, eux aussi comme les Gaspari ont perdu un enfant de vingt ans pendant la guerre, en Italie ; c'était René mon copain de classe, chez madame Salini.

        Ils ne s'en sont jamais remis et tous les jours ils allaient au cimetière prier sur la tombe de leur fils.

        

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A SUIVRE


COMMUNIQUE
De M. Fred ARTZ
Gérant Bénévole
DU JOURNAL PIEDS-NOIRS MAGAZINE
Le Journal Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui N° 119 est sorti.
Ce périodique, est le seul journal entièrement consacré aux Rapatriés.
PIEDS-NOIRS, si vous voulez voir aboutir nos préoccupations qui perdurent depuis plus de 40 ans, il faut nous prendre en mains.
Et la seule façon de le faire, c'est d'avoir nos propres médias.
Soutenez-nous en achetant ce journal Pieds-Noirs. Merci d'avance.

Fred ARTZ.

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LES   NOUVELLES   D'ANTAN
LA SEYBOUSE
JOURNAL DE BÔNE
Samedi 13 Juillet 1861 - N° 828
Envoyé par Pierre LATKOWSKI

EXTRAITS du Journal
Par Dagand

CHRONIQUE LOCALE.

        - Quand on ouvre la porte aux réclamations, il en arrive de tous côtés. - Ce qui prouve que personne n'est parfait.
        Samedi dernier, à la demande de divers colons, nous reprochions à l'administration militaire de se montrer trop rigoureuse dans la réception des fourrages. Aujourd'hui, nouvelle réclamation. Celui qui s'adresse à nous s'étonne que toutes les pesées de fourrage faites à la bascule administrative ne produisent que des chiffres ronds, sans que jamais il soit question de fractions.
        C'est facile à expliquer : c'est que l'administration, toujours généreuse, complète les chiffres fractionnaires dans l'intérêt des livranciers. - Ainsi tel apporte une voiture de fourrage qui pèse 19 quintaux 50 kilogrammes, on lui porte 20 quintaux. - C'est clair comme le jour. - Mais il y a des esprits malfaits qui ne voient jamais les choses par le bon côté.

        - La guerre continue entre nos confrères de Constantine et de Philippeville.
        L'Africain a-t-il ou n'a-t-il pas illuminé lors du passage du prince Napoléon ?
        Voilà la question - elle est grave.
        Nous en faisons l'objet de nos méditations.
        Le plus modéré et le plus amusant des champions en lice, c'est le Cauchemar. Nous le recommandons à nos lecteurs.

        - Les opérations de la caisse d'épargne seront présidées demain dimanche, 14 du courant, par M. Pisani, administrateur de service.
        Pour la chronique locale : DAGAND.

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Consulat d'Italie à Bône..

        La municipalité, de Turin, sure d'ailleurs que sa douleur a fait écho dans l'Europe entière, a résolu, en témoignage de l'estime générale, d'élever dans sa propre ville un monument à la mémoire de l'illustre homme d'état, comte de Cavour, qui a tant fait pour l'Italie, sa patrie, et qui s'est acquis des droits immenses à la reconnaissance européenne.
        Elle a donc ouvert des listes de souscriptions, afin de recueillir les offrandes des Italiens et de ceux des étrangers qui voudraient prendre part à cet acte.
        En conséquence de ce qui précède et sur l'autorisation de M. le ministre des affaires étrangères à Turin, le consul de S. M. le roi d'Italie, à Bône, a ouvert de nouvelles listes, et il s'empresse d'informer le public qu'elles ont été déposées chez MM. Dagand, Bosson, Balzamo, Ciampolini et Santoni.
        Les noms des souscripteurs seront publiés dans les divers journaux du royaume d'Italie destinés à cet effet.

Le consul d'Italie,
Cher Paul BENSAMONI.

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        Les produits les plus chers en parfumerie sont rarement les meilleurs et ont l'inconvénient de ne pouvoir être employés que par le petit nombre des personnes opulentes. M. Chalmin a eu le bon esprit de mettre à un excessif bon marché ses compositions supérieures, aussi a-t-il admirablement réussi à les populariser dans toutes les classes de la société, en France et à l'étranger. Son Eau tonique, sa Pommade des Châtelaines, ses Pommade impératrice et Baume ducal à la violette de Nice et de Parme, parfum réel et unique, son Vinaigre anglais, son essence dite Eau de Cologne du grand monde, ses Eaux de toilette et ses Savons figurent partout aujourd'hui sur les plus modestes comme sur les plus riches tables de toilette et même sur celles des souverains. - On peut se procurer ces produits chez M. Calmon, coiffeur, place d'Armes, à Bône.

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Étude de Me A. PAILHES, avocat-avoué à Bône (Algérie).

VENTE
PAR SUITE DE SURENCHÈRE, SUR SAISIE IMMOBILIÈRE EN UN SEUL LOT
D'UNE MAISON
située à Bône, rue Tabarca
JOIGNANT LA RUE BELLONE
Canton et arrondissement département de Constantine.

Adjudication le 24 juillet 1861.

        On fait savoir à tous ceux qu'il appartiendra, qu'aux requête, poursuites et diligence du sieur Broni Yso, négociant , demeurant à Bône, ayant pour avoué constitué sur cette poursuite Me Pailhès, exerçant en cette qualité près le tribunal civil de Bône, y demeurant, il sera procédé, le vingt-?quatre juillet 1861, à l'issue de l'audience commerciale qui s'ouvre à midi, en l'audience des criées du tribunal civil de première instance de Bône, au palais de justice, à l'adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur de l'immeuble dont suit la désignation.
        Désignation de l'immeuble telle qu'elle est insérée dans le procès-verbal de saisie.
        Une maison sise à Bône, rue Tabarca, joignant la rue Bellone, commune, canton et arrondissement de Bône, département de Constantine.
        Cette maison portant le N°15 est élevée d'un premier étage au-dessus du rez-de-chaussée, couverte en terrasse avec garde-fous en fer, et a sa façade principale sur la rue Tabarca, sur laquelle elle prend jour et entrée par, 1° au rez-de-chaussée, une grande porte d'entrée fermant à clef, pour pénétrer à l'intérieur de la maison ; une deuxième donnant ouverture à un magasin, une fenêtre avec persiennes et barreaux en fer peints en vert, d'une grande dimension ; une autre plus petite également avec persiennes, de la même teinte et sans barreaux.
        2° Au premier étage, trois fenêtres avec persiennes teintes en couleur verte.
        Cette maison est édifiée sur un terrain d'une contenance superficielle de cent dix-huit mètres et confronte, d'un côté, une maison appartenant aux domaines; d'un autre, à la maison Badenco, ancien avocat à Bône; enfin, par derrière, à celle de M. Costa ; elle est occupée par les époux Fourniol.

        La mise à prix initiale est de six mille cinq cent vingt-cinq francs, outre les charges; mais une surenchère du sixième a été formée par le sieur Broni Yso, négociant, demeurant à Bône, suivant acte du greffe, en date du huit juillet mil huit cent soixante et un, enregistré et dénoncé par acte d'avoué à avoué, en date du neuf dudit mois de juillet :
        1° A Me Pailhès, avoué desdits Acqui et Tabet, adjudicataires ,
        2° Audit Me Pailhès, avoué dudit sieur Simon Busidan, poursuivant.
        Mise à prix.
        Outre les charges, clauses et conditions du cahier des charges, l'adjudication de l'immeuble sus-désigné aura lieu sur la mise à prix de sept mille six cent vingt-cinq francs, montant de l'adjudication primitive et de la surenchère qui en a été la suite
        ci……………..7,625 fr.
        Déclarant que tous ceux du chef desquels il pourrait être pris inscription pour raison d'hypothèques légales devront requérir cette inscription avant la transcription du jugement d'adjudication.
        S'adresser, pour prendre connaissance du cahier des charges et pour tous renseignements,
        1° AU greffe du tribunal civil de Bône;
        2° A Me, Pailhès, avoué poursuivant.
        Fait et rédigé à Bône le dix juillet mil huit cent soixante et un. A. PAILHES.
        Enregistré à Bône le dix juillet, mil huit cent soixante et un, F° 103,. Reçu cinquante centimes. - Signé VERNIER

=================

Étude de Me MATHIEU , huissier à Bône.

Vente par autorité de justice.


        Le samedi vingt juillet mil huit cent soixante un, à neuf heures du matin , sur la place publique du marché de Mondovi, il sera procédé à la vente de quatre bœufs de labour, douze veaux d'environ deux ans, seize mulets, mules , chevaux ou juments.
        Expressément au comptant. MATHIEU

        Entre les soussignés Ali-ben-Ali, d'une part, et le sieur Omar-ben-Gui, d'autre part., tous deux marchands de tabac, associés pour les établissements de Bône et Constantine,
        Il a été convenu ce qui suit.
        1° Ladite société cesse d'exister entre eux deux, à partir de ce vingt-Huit juin mil huit, cent soixante et un ;
        2° Le sieur Ali-ben-Ali se trouve également libéré de tous engagements ou dettes envers le sieur Omar-ben-Gui;
        3° Le sieur Omar-ben-Gui se trouve également libéré de tous engagements ou dettes envers ledit sieur Ali-Ben-Ali;
        4° Ledit sieur Omar-ben-Gui reconnaît et accepte devoir rembourser son échéance, au sieur Ali-ben-Ali un billet qui a été souscrit à Philippeville par Augustin frères audit sieur Ali-ben-Ali.
        Les deux associés ont signé de bonne foi et reconnu l'écriture ci-dessus.
        Fait à Bône le vingt-huit juin huit cent soixante et un.
        ALI-BEN-ALI                                            OMAR-BEN-GUI.


NOSTALGIE
par M. Emile Vella
Bulletin ABCT N°25

Bône, la coquette
Je ne pense qu'à toi
Je perds entièrement la tête
Je rêve, ma foi, c'est bête
Que je ferais à nouveau ta conquête

Je m'imagine déambulant
Ma passion débordante
Sous ton orgueil ardent
Revoir constamment

Mes êtres et amours d'antan
Restés gravés dans mon cœur souffrant
Les retrouvant comme avant
Du levant au soleil couchant

Revivant heureux,
Non pas comme Crésus,
Mais avec de l'amour en plus,
Comme toujours, généreux.

De la Ménadia à Joanonville,
Du pont blanc à la place d'armes,
Du lever de l'aurore à Chapuis,
D'Hippone au cours Bertagna,

Tous ces lieux qui avaient leur noblesse,
M'incitent à revenir, retrouver avec tendresse,
Des millions de souvenir restés dans la détresse,
Et qui reviennent en ma mémoire, sans cesse.

Je sais que, ce n'est qu'un rêve,
Et qu'en réalité dès que le songe s'achève
Je ne pourrais jamais te reconquérir..
Cela aurait été mon plus grand désir.

Je ne te reverrais plus, comme je t'ai connu
Ma belle ville où je suis né,
Alors, n'en parlons plus...
Bône, tu resteras, toujours ma bien-aimée,
Cela pour l'éternité.


BÔNE..  TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI
                envoyé par M. Roger SABATON --                     N° 1
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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PREFACE

        Mon propos n'est pas de raconter des histoires bônoises, pourtant si savoureuses. Il n'est pas non plus d'écrire l'Histoire de Bône ; il nous aurait fallu revivre ensemble les événements douloureux qui marquèrent nos dernières années de vie commune.
        Je n'ai fait oeuvre ni de conteur, ni d'historien.
        Je me suis plutôt efforcé, me remémorant les agréables moments vécus dans cette splendide cité de 160 000 habitants, de choisir, au hasard, sans trop respecter la chronologie, quelques uns des faits et des personnages qui firent de Bône une ville pas comme les autres ; des faits parfois insolites, des personnages souvent hors série.
        Puis, les ayant choisis et triés, j'ai retenu ceux qui nous ramenaient le mieux, à dix ou vingt ans en arrière, dans le particularisme local.
        Journaliste durant une bonne vingtaine d'années, j'ai vu vivre Bône ; j'ai senti battre son pouls à travers les mille péripéties du quotidien. J'ai participé ainsi, plus en observateur qu'en acteur, à son existence.
        Pourtant dois-je l'avouer ? Avec le recul du temps, je n'ai pas conservé le souvenir exact du film extraordinaire qui passa sous mes yeux ; de sorte que j'ai parcouru ce passé un peu à tort et à travers.
        Mais ce que j'ai gardé toujours présent à l'esprit, c'est la bonhomie des gens qui furent nos concitoyens, leur humour qui tournait parfois à la grivoiserie ; et aussi la truculence de certains faits et de beaucoup de gestes.
        En les maintenant dans le contexte bônois, j'ai fait revivre êtres et choses, en leur laissant, pour toile de fond, leur pittoresque, leur jovialité, leur frivolité et leur couleur locale.
        J'ai vu la politique à travers les réunions de l'Ecole Vacaro ; la religion derrière la soutane du Père Mizzi ; l'économie sous la férule tabacoopiste ; la bonne humeur par le truchement de joyeux drilles ; la gastronomie dans la fumée des merguez ; le patriotisme aux banquets des A.C. ; le sport dans la turbulence des tribunes du stade.
        Pour ce faire, quelques uns de nos concitoyens les plus originaux ont été placés en exergue, avec leur excentricité, leur bizarrerie et leurs particularités. Mais jamais mon intention n'a été malveillantes.
        Qu'on me pardonne si, à mon insu, ma plume a parfois trahi ma pensée.
        En somme je crois avoir écrit un livre gai.

Jean PERONI

DE LA COLONNE AU COURS BERTAGNA

        Il importait peu aux gens de la Colonne d'avoir des origines très anciennes. Que Bône ait été autrefois l'illustre Hippo Regius ou qu'elle se fût appelée Annaba sous l'hégémonie turque, c'était pour eux vieilles histoires. Ils ne tiraient même pas gloriole de la naissance du Maréchal Juin, leur concitoyen. La colonne tronquée de la Place Alexis Lambert avait beau résister au temps, elle n'arrivait pas à évoquer dans leur esprit le départ des troupes de Randon vers Bugeaud.
        A la Colonne on vivait au présent, dans la fumée des brochettes grillées sur le feu de bois des marchands indigènes, dans la douce euphorie que donne le Pastis blanc au fond des mominettes, tandis qu'on exprimait ses sentiments, ses impressions, ses colères et ses joies dans ce truculent patois colonnois, ignorant la synthaxe et soutenu à force de grands gestes.
        Ce langage savoureux ne s'embarrassait pas de convenances ni de salamalecs ; et s'il était parfois obscène, toujours grivois, c'était sans intentions malveillantes. D'ailleurs comment donner un sens à la conversation si l'on ne la soutenait pas d'un sonore "vache de sa mère" ou d'un truculent "mort de tes os". Ces expressions faisaient partie du vocabulaire courant, et mal intentionné eût été celui qui ne les admettait pas.
        Et puis pouvait-on dire ce qu'on avait à dire avec la bouche seule ? Gestes des mains, gestes de bras, c'était une ponctuation qui confirmait la solidité des arguments et plus facile à comprendre.
        Finalement ce folklore verbal avait été admis un peu partout dans Bône, et si la gentry faisait mine de s'en offusquer en public, elle s'en régalait dans les parties fines quand le champagne mettait les esprits en appétit de grivoiserie.
        De telle sorte que le tempérament de la Colonne était sorti petit à petit de son cadre faubourien pour s'installer au coeur de la Cité sans même qu'on y prît garde.
        De toute façon, Bône n'y avait rien perdu, bien au contraire ; comme Alger avec Bal-el-Oued, elle avait inscrit à son propre crédit la renommée colonnoise.
        Et puis, n'était-ce pas avec l'appui de la Colonne que se faisaient les élections ? Fut-on richissisme agriculteur, commerçant bien nanti ou fonctionnaire ambitieux, pour réussir dans la politique, l'accord de la Colonne était indispensable.
        Un accord efficace ? Sans doute. Sincère, c'était moins sûr.
        Les élections profitaient pécuniairement aux uns si elles coûtaient cher aux autres: hormis les convaincus et les honnêtes gens, les autres ne votaient qu'après avoir vu la couleur de l'argent des candidats ;ils étaient, ceux-là, des gagne-petit, persuadés qu'un député ou un autre, c'était du pareil au même. La République se fichait bien de leur misère. Mieux valait profiter de la bonne occasion qu'offrait la campagne électorale.
        Lorsque Thomson fut sur le déclin, un pauvre bougre de la Colonne déclara avec franchise : "Je voterai pour lui parce qu'il est vieux ; avant pas longtemps il y aura de nouvelles élections et de la sorte j'aurai doublé mon gain."
        Donc en prélude à la campagne électorale, surgissaient de la Colonne ceux qu'on appelait les Carabiniers. Un seul but : prendre des sous ; à combien allait-on monnayer leurs suffrages ?
        Discussions, palabres, conciliabules, tractations ; si l'on ne tombait pas d'accord avec celui-ci, on allait proposer ses services à l'adversaire . La concurrence battait son plein.
        Alors pourvus de leur viatique, les Carabiniers commençaient la campagne. Elle s'installait aux carrefours, sur les places, dans les bistrots. A grands coups d'anisette, on palabrait, on discutait, on se querellait même si le besoin s'en faisait sentir. Et puis on participait aux réunions "publiques et contradictoires" avec une double mission, applaudir le candidat qui avait payé, empêcher l'adversaire de se faire entendre.
        Quarante huit heures avant le vote, les Carabiniers commençaient à distribuer l'argent qu'on leur avait confié à cet effet ; mais comme charité bien ordonnée..., la plus grosse partie du pécule restait dans leur escarcelle. On se souvient de ce notaire néophyte, postulant un mandat de conseiller général ; pour les 400 000 francs de l'époque qu'il avait versés à "ses souteneurs", il ne compta dans l'urne que 40 bulletins favorables.
        Pourtant, quoi qu'on en dise et quoi qu'on leur donnât, les Carabiniers avaient leurs convictions politiques. Ils se seraient fait pendre pour Pantaloni : c'était leur Dieu. Lorsque, après avoir été soutenu pendant des décennies par ses amis colonnois, Giovaccini rompit les lances avec le député ? maire de Grenoble, il se retrouva nu comme Job, sans amis et sans mandat.
        Eh oui, la Colonne avait du tempérament. Ses filles, par exemple, malgré les outrances de langage, n'étaient pas plus ni moins délurées que leurs soeurs de la ville. Elles savaient le prix de la virginité. C'était leur dot, n'ayant rien d'autre à mettre dans leur corbeille de mariage. Oui, la virginité, c'était sacré. Gare à celui qui aurait voulu y toucher sans être passé à la maison. Comme elles disaient, il fallait d'abord "fréquenter" avec l'autorisation paternelle. Pour le reste, bas les pattes.
        Les garçons, eux, après le travail, se retrouvaient pour la pétanque ou la belotte, ou tout simplement pour trinquer. Certes, il était long le chemin qui mène à la maison. Etait-ce leur faute si les bistrots se côtoyaient ? Aller boire chez Titin sans aller boire chez Agu, non, vous n'y pensez pas ! Comme tous les patrons de café étaient des potes, la tournée de l'amitié s'éternisait jusqu'à la nuit tombée. Les femmes étaient obligées de faire réchauffer la soupe en attendant la fin du "chemin de croix", comme elles le disaient.
        Par les soirées d'été, la Colonne continuait à vivre jusqu'au milieu de la nuit. On sortait les chaises sur le trottoir, ou bien l'on s'asseyait en bordure de la rigole. Et l'on parlait. De quoi ? Des autres pardi ; du commérage bon enfant qui, somme toute, ne faisait de mal à personne ; parce que tout le mal qu'on avait dit le soir de la voisine était vite oublié au réveil. Et puis, comme disait Madame Augu, "si on parle pas des autres, de quoi voulez-vous qu'on parle ?
        A côté de ces bavardages nocturnes, les poubelles béaient comme pour engloutir des chats trop gourmands ; au bistrot d'à côté, Tino Rossi avait les honneurs du pick-up.
        Un peu de brise finissait par descendre de Bugeaud ; on rentrait les chaises, on allait se coucher. Les chambres qui donnaient de plain pied dans la rue gardaient leur fenêtre ouverte ; tant pis pour le curieux. De toute façon ils n'en auraient pas perdu la vue.
        Le dimanche, on allait à la messe. Car malgré les "Diocane", une expression typiquement colonnoise, la Colonne était foncièrement catholique. Oh, on ne cherchait pas le comment et le pourquoi de l'existence divine. On croyait en Dieu parce que c'était comme ça, depuis toujours. Et on n'avait pas envie de penser autrement. Et puis, la messe, c'était quand même l'occasion de mettre la belle robe des dimanches, les souliers à talons, les bijoux de pacotille.
        Après la messe, on se promenait sur le Cours Bertagna. Car le Cours Bertagna exerçait une extraordinaire attirance sur la vie bônoise.
        Entre la cathédrale et le port, il servait de creuset à tous les potins, à tous les projets, à toutes les combinaisons ; rendez-vous des affaires sérieuses ou des amours ébauchées, de la dolce vita des retraités ou des kermesses tapageuses, le Cours remplissait sa mission de forum public dont ont si grand besoin les villes méditerranéennes. Forum public ou cour de récréation, comme vous voudrez, coincé entre ses deux monuments de bronze, celui de Jérôme Bertagna conviant les pêcheurs à meilleure marée, celui de Monsieur Thiers inspectant les navires à l'ancre.
        Avec Jérôme Bertagna, le statuaire avait fait preuve de gigantisme, peut-être dans un louable but, Bertagna ayant eu la prémonition des destins maritimes de la ville.
        Pour Monsieur Thiers, c'était une autre histoire, une statue que la commune avait achetée quelque part sans intention artistique, plutôt pour prouver son indéfectible républicanisme. Le sculpteur était-il un plaisantin ? Le fait est qu'en se plaçant sous un certain angle, on voyait l'index du Président se profilerà hauteur du bas-ventre, tant et si bien que, l'hiver durant, par les jours d'abondantes pluies, Monsieur Thiers sans plus se gêner affichait son incontinence d'urine.
        Le Cours Bertagna était également dôté d'un kiosque à musique, peu fréquenté il est vrai par les Muses, mais qui permettait aux petits yaouleds de sacrifier à Vespasien.Il était unique en son genre, ce Cours Bertagna. Il débouchait au sud en plein sur l'arrière port ; de telle sorte qu'attablé aux terrasses des brasseries, on jouissait de l'interminable spectacle des cargos aux amarres, des chalutiers au repos, des grues en mouvement, et du va et vient incessant des lourds camions et des wagons de chemin de fer, film toujours nouveau d'une cité maritime en constante expansion.
        Bien sûr, le Cours Bertagna, ce n'était pas la Canebière ; mais les Bônois en étaient fiers, et ils avaient raison de l'être, presque autant que le cimetière "si beau qu'envie de mourir il te donne".

SAINT AUGUSTIN et SAINT COUFFIN

        Il était gros, il était gras, grand et ventripotent, et portait opulente barbe noire. Il n'avait rien d'un ascète, aimant bien boire et bien manger. Et pourtant c'était un saint homme, le Père Mizzi, un de ces gens d'Eglise qui vous attire à la prière ; peut?être parce qu'ils ne cachent pas leur désir de profiter des richesses terrestres mises à leur disposition par le Créateur.
        Malgré le ventre qui gonflait la soutane, il était vif, alerte, solide, proche de la soixantaine, il vieillissait allègrement sur sa colline d'Hippone, dans sa Basilique.
        Sa colline, sa Basilique ? Bien sûr. N'y était-il pas le maître après Dieu. Maltais, venu de la Valette, il s'était vu confier par l'ordre des Augustiniens la garde de la Sainte Relique, le cubitus droit du premier évêque d'Hippone, Saint Augustin : on ne pouvait trouver sentinelle plus vigilante.
        La Basilique était un fier monument contruit en marbre et en porphyre, dans une architecture mitigée de byzantin et de mauresque. Elle dominait la plaine de Bône et ses riches vignobles. Pour y parvenir, les voitures grimpaient une petite route en lacets, poussiéreuse en été, pétrie d'ornières boueuses en hiver. Les piétons s'étaient tracé un cheminement plus pratique et plus rapide. Une antique traction avant suffisait au Père Mizzi pour ses courses en ville et la visite de ses ouailles. Il l'usa jusqu'à la trame et consentit à la changer lorsque lui échut d'un oncle d'Amérique un providentiel héritage.
        Avec l'aide d'un autre Augustinien, le Père Mizzi cultivait un petit jardin attenant à son presbytère. Mais les maraîchers d'alentour lui fournissaient viande, légumes, volaille et vin : qui donne au prêtre donne à Dieu. Même dans les temps de disette consécutive à la guerre et à l'occupation, il pouvait ainsi continuer à faire bonne chère. Pour les visiteurs amis, il gardait une bonne vieille bouteille de Chartreuse, des pralines fourrées et des cigarettes américaines.
        A vrai dire le Père Mizzi vivait à longueur d'année dansl'attente des Fêtes Liturgiques de Saint Augustin; elles se situaient dans la dernière semaine d'août.
        Pendant huit jours la Basilique d'Hippone devenait le Haut-Lieu de la Chrétienté. Toute la hiérarchie méditerranéenne était présente à ce rendez?vous aoûtien. Son Excellence l'Archevèque de Carthage, Primat d'Afrique, s'y trouvait en noble compagnie, l'Archevèque d'Alger, les évêques de Constantine et d'Oran, le Père Supérieur du Sahara, et d'autres éminences portant parfois le chapeau cardinalice ; et puis des archiprêtres, des chanoines, des curés, des abbés qui, tout en honorant Saint Augustin, essayaient de faire leur cours à leurs supérieurs.
        La vieille traction avant respectueusement cédait son garage à la confortable limousine du Primat d'Afrique. Le père Borg et toute sa smala, quittant leur restaurant des Allées Guynemer, prenaient possession des cuisines du presbytère et, pour quelques jours les Saintes Huiles avaient une odeur de boeuf rôti et de dinde farcie.
        Le Père Mizzi, la soutane plus couleur de poussière que jamais, s'affairait au milieu de ses hôtes pour leur éviter les mille ennuis d'un logis trop exigu. Monseigneur par-ci, Monseigneur par-là, il était partout à la fois, dedans, dehors, factotum prêt à toutes les corvées, surveillant les cuisines, les chambres, la basilique, l'arrivée des voitures, s'inquiétant du repos des prélats, de la disposition du service d'ordre, de l'installation de la sonorisation, courant barbe au vent, de la cure à la basilique, oubliant même la genuflexion devant le Sacré-Coeur, butant contre un évèque, bousculant une bonne soeur, et pourtant gardant la tête froide, car c'était lui le responsable de tout l'ordonnancement de la fête.
        Pendant ces moments-là, il débordait de joie, de fierté et, que Jésus lui pardonne, une bouffée d'orgueil lui montait à la tête. Il avait fini par croire, le bon Père Mizzi,que la Saint Augustin, c'était sa fête à lui.
        Certes, durant cette semaine liturgique, il y avait le temps de la prière, du recueillement, des oraisons et des prônes. Mais il y avait aussi les moments qu'on passait à table : par la grâce des maltais du voisinage et d'ailleurs, la chère était fine, les vins capiteux et le champagne pétillant. Et comme les convives n'étaient pas pressés par le temps entre Grand'Messe et Vêpres, on dégustait lentement et précieusement ; et comme le vin était d'abondance, on oubliait au dessert protocole et hiérarchie. Et si les petits curés n'allaient pas jusqu'à taper sur le ventre de leur chanoine, ils ne se gênaient pas pour partir en grands éclats de rire et raconter quelques bonnes histoires qui n'avaient rien d'ecclésiastique.
        Il arriva que le vénérable Monseigneur Liénaud, fatigué par le long voyage qui sépare Tunis et Hippone, entrât en douce somnolence. Mais seuls les avertis savaient qu'il dormait : ses sourcils broussailleux, sa barbe de nonagénaire enfouissaient dans leur blanche toison sa sieste d'après midi. Mais irrespectueux, les petits abbés continuaient sans baisser le ton, à honorer Dieu pour ses bontés culinaires.
        Les cérémonies liturgiques atteignaient leur sommet la journée du dimanche. Monsieur François, chanoine du Sacré Coeur de Constantine, en était le grand ordinateur, connaissant son programme sur le bout des doigts. Si Saint Augustin pouvait lui faire reproche de ne prier que du bout des lèvres pendant ces journées, il devait par contre lui être reconnaissant de régler magistralement tous les détails du protocole.
        Le matin étaient conviés à la Grand' Messe ceux qu'on englobe dans le terme pratique d'autorités civiles et militaires, le préfet, le maire, les officiers de la garnison. Pour l'occasion M. Marec, administrateur général de l'Inscription Maritime en retraite revêtait son costume d'amiral et arrivait à Hippone dans la voiture prêtée par l'Amirauté, marin-chauffeur compris.
        Le Bachagha Chérif i Chérif, cravate de commandeur de la Légion d'Honneur apparente, se faisait un devoir d'assister à cette messe solennelle. La barbe mise à part, il ressemblait comme un frère au Père Mizzi, même corpulence, même démarche. L'Augustinien accueillait le musulman sur le parvis ; ils se prenaient à bras le corps pour le plus sincère baiser de l'amitié - et c'était un spectacle émouvant que cette masse bicolore, burnous rouge et soutane noire, pétrifiée par l'accolade fraternelle devant la Maison de Dieu.
        Les pèlerins arrivaient de Bône et de sa région naturellement, mais aussi du Constantinois, de l'Algérois, parfois même de l'Oranais et de la Tunisie ; la plupart en voiture, d'autres en plus modeste équipage, cariole tractée par un mulet, charette tirée par un cheval ; et le reste à pied. Il n'y avait pas de parking à Hippone. Les premiers venus rangeaient leur véhicule le long de la route. Après quoi les gardiens de la paix interdisaient l'accès motorisé. C'était alors l'interminable défilé des piétons à la queue-leu-leu dans le sentier grimpant.
        Ils étaient venus de loin pour rassasier leur âme d'une cure de jouvence augustinienne ; aurait-il été décent d'abandonner son ventre à des crampes récalcitrantes ? On avait donc apporter les couffins pleins de victuailles. De toute façon les marchands de sandwiches et de boissons gazeuses n'auraient pas suffi à alimenter à cette foule innombrable, mise en appétit par le voyage et le changement d'air. On s'installait pour le piquenique de midi comme on pouvait, à l'endroit qu'on trouvait encore libre, dans la chaleur, dans la poussière, l'odeur d'essence et le parfum du crottin.
        Pour s'asseoir, on cherchait quelque part un gros caillou, un vieux cageot, une caisse bancale, ou bien l'on sortait les coussins des voitures, les bancs des carrioles ; de toute façon, comme on se plaçait en profitant de la pente, on gardait le derrière plus haut que les pieds. L'appétit allait bon train, les parlottes aussi. Après quoi, s'il restait un bout de temps, l'olivier voisin prêtait son ombre pour un brin de sieste.
        Le carillon joyeux de la Basilique sur le coup de 3 h. tirait tous ces gens affalés de leur reposante torpeur : c'était l'heure des Vêpres.
        Du presbytère sortaient les Prélats en tenue d'apparat. Tout juste cinquante mètres séparaient la cure de la cathédrale. Mais ce court chemin était parcouru lentement, ce qui donnait le loisir à la foule de se placer en double haie. Une nuée d'Enfants de Choeur faisaient escorte aux prêtres. Le Primat d'Afrique, mitré d'ors, ouvrait la marche, frappant les pavés de sa crosse, tel un tambour major qui marque la cadence. Tout autour, la foule se bousculait par le rituel baiser à la bague.
        L'Abbé Mizzi accueillait son monde sur le parvis. Abbé ? Non, pas en ce Saint Jour. Par ordonnance spéciale, l'Archevèque de Carthage lui avait décerné le titre de Monseigneur ; mais le Père Mizzi n'avait droit à la mitre qu'en présence de son parrain ; ou alors dans ses voyages en Tunisie. Au grand dam, soit dit en passant, de l'évèque de Constantine.
        Les fêtes liturgiques s'achevaient en apothéose dans l'après midi du dimanche par la traditionnelle procession. Elle se formait tout en bas de la colline, près de la statue de Sainte Monique serrant dans ses bras son amour de chérubin. Cent mètres plus haut était érigé un reposoir sur le socle même d'un gigantesque Saint Augustin de pierre : un hectomètre tout juste suffisait au vénéré Saint pour passer de la prime enfance à l'âge adulte.
        Tandis que la procession cheminait dans la côte, les "Ave Maria" succédaient aux "Credo" et les "Notre Père" aux "Je vous salue, Marie", soutenus puissamment par les haut-parleurs. Monseigneur Mizzi, plus suant que jamais, allait, venait, d'un bout à l'autre de cet interminable défilé, chef d'orchestre mobile de cette formidable chorale. Parfois, Mon Dieu, pardonnez?lui, il interrompait le chant liturgique d'un tonitruant "Allez, allez, plus vite".
        Le lendemain de ces fastes journées, lorsque son dernier hôte avait quitté Hippone, le Père Mizzi rangeait sa mitre. Mais pendant quelques jours encore sa barbe cachait mal le sourire d'un homme heureux ; sans doute, du haut du ciel, Saint Augustin lui adressait un grand merci.

La suite au prochain Numéro,

BUGEAUD                           
                 En 1958/1959
par M. Marius Longo et Ginette Gentou                 N° 5

La vie municipale

       Les démissions au sein du Conseil Municipal.
       La mise en place du nouveau conseil municipal.
       Le passage des consignes morales.
       Demande de réparations et d'entretiens.
        Grâce à la bonne "Presse" bien pensante et anti-française, la France ne pouvait ou ne voulait pas savoir le travail de fond qui était réalisé auprés des populations !!!

Ci-dessous les lettres.

LETTRE N° 1

Lieutenant GENTOU J. Louis
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

à     Monsieur le Préfet               
de BONE                                     

       J'ai l'honneur de vous faire parvenir les demandes de démission adressées au Commandant d'armes par les membres de l'ancienne Délégation Spéciale.
       Les deux musulmans, messieurs BELAMRI Mohamed et HAMEL MOUSSA représentaient AIN BARBAR. En réalité, ils étaient repliés à BONE et ne sont jamais revenus à BUGEAUD de puis quelques années.
       Monsieur SANTMAN, âgé de 81 ans, paralysé à 90%, devait être porté par 4 personnes aux réunions.
       Monsieur STOHL avait quitté l'EDOUGH pour une situation en métropole.
       Quant'à Monsieur ALOI, maire de BUGEAUD, son état de santé l'empêchait de quitter son appartement de BONE pour venir à BUGEAUD.
       En réalité, la délégation était représentée par Monsieur RACHEDI Gilbert, qui, en qualité de délégué du maire, avait en général la procuration de vote pour 50% des membres de la Commission.

       Je vous prie d'agréer, monsieur le Préfet………….

Lieutenant J.L GENTOU      
  

LETTRE N° 2

Capitaine GENTOU J. Louis,                                                                       
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

BUGEAUD le 24 avril 1959  

       Ouverture de la séance extraordinaire
       Mettant en place le nouveau Conseil municipal de BUGEAUD
       Et mettant fin à la Délégation Spéciale.

       Après le déroulement des formules réglementaires, le Capitaine GENTOU prend la parole pour remercier au nom de la délégation Spéciale qu'il a eu l'honneur de présider jusqu'à ce jour : Monsieur le Préfet (Général), Monsieur le Sous-Préfet (colonel Commandant le Secteur) de tous les efforts portés sur BUGEAUD.
       Il souligne tous les pardons accordés aux égarés, il parle des libérations nombreuses des mois derniers.
       S'adressant aux musulmans en particulier, il leur demande de faire confiance au nouveau Conseil Municipal et parlant des délégués Spéciaux, il les remercie d'avoir eu le courage de travailler avec lui :

       " Sans vous, je n'aurai pu rien faire ! Nous avons bien travaillé. Nous nous sommes penchés sur des problèmes sociaux inconnus jusqu'à ce jour à BUGEAUD. Nous avons eu la confiance des uns et des autres. 400 femmes ont voté. Nous pouvons être fiers. "

       Avant de céder sa place au doyen d'âge du Conseil Municipal entrant, le Président de la Délégation Spéciale exalte tous les conseillers municipaux à s'unir, à oublier les vieilles querelles du village, à faire abstraction des préjugés, à faire travailler leur tête, à faire parler leur cœur.
       Il lance un dernier appel à l'union de tous et s'excuse de retenir leur attention quelques minutes encore, pour leur lire ce qu'il appelle "son passage de consignes morales " ci-joint :

Lieutenant J.L GENTOU      
     

LETTRE N° 3

Avril 1959            

à     Monsieur le Maire de BUGEAUD  

       Passage des consignes morales
       du Capitaine J.L. GENTOU

       Suite au brillant succès de la liste présentée et après étude pratique de la marche de la Mairie, il m'appartient de présenter très respectueusement à monsieur le maire des idées personnelles sur la marche future de la dite Municipalité, compte tenu des moyens et des loisirs de chacun :
       Monsieur BAYLET :
       Son éloignement qui pourrait paraître à première vue un inconvénient, ne peut que représenter des avantages.
       Les affaires techniques se traitent à BONE (sur le papier). Les projets de route, d'habitation et tous les travaux possibles et inimaginables pourront être établis à l'échelle sur n'importe quel bureau de M. l'ingénieur.
       Monsieur ALOI :
       Il ne m'appartient pas et je ne peux me le permettre d'ébaucher ici son rôle en ce qui concerne les interventions dues à des influences politiques. Monsieur le Conseiller général sait mieux que quiconque ce qui lui reste à faire.
       Monsieur GIRAULT :
       Il pourrait s'occuper du personnel, contresigner les permissions du secrétaire général, superviser les heures d'ouverture des bureaux etc…
       Eau :
       Le problème de l'eau est assurément le plus gros problème de BUGEAUD. Malgré l'apport d'un réservoir très important qui vient doubler le premier, il appartiendra à M. l'ingénieur de se pencher tout particulièrement sur ce grave problème.
       Fontainier :
       Elément important, doué de ses doigts et du pouvoir de disparaître des journées entières dans les canalisations des rues de BUGEAUD.
       Service social :
       Il appartient à un musulman du conseil municipal de se pencher profondément sur le problème social des pauvres familles Bugeaudoises, tels que : soupe populaire, lait, pain etc…etc…
       Organisation de la mairie :
       Malgré de nombreuses critiques de gens bien intentionnés et sûrement jaloux des employés municipaux, il m'est agréable de pouvoir dire aujourd'hui que dans l'ensemble, le personnel a très bien fait son travail.
       Les 3 premiers mois, j'ai demandé un effort "style Légionnaire " : j'ai eu des résultats et je peux remarquer beaucoup de bonne volonté des uns et des autres.

       Secrétariat général :
       Monsieur ?, stagiaire, se rode tous les jours à son travail et donne les résultats escomptés.
       Madame PAYSANT le remplace dans ses fonctions et peut le cas échéant remplacer l'un ou l'autre membre du bureau.
       Monsieur DAMICO est vraiment à sa place dans ses fonctions de trésorier et devra être maintenu dans cet emploi.
       Mademoiselle SANTMANN se forme. Je l'ai autorisée à suivre des cours, je demande qu'elle continue à l'avenir.
       Monsieur CAMEL reste le musulman distingué et accueillant qui doit continuer à s'appliquer à l'Etat Civil.
       Les 2 gardes champêtres sont 2 vieux serviteurs dévoués, il leur appartient de le rester.

       AIN BARBAR :
       AIN BARBAR a été négligé jusqu'à ce jour, il vous appartient de déléguer les pouvoirs de M. le Maire à M. PAYEN. Il faut impérativement que toutes les liaisons conduisent à A.B. un membre du bureau ou du conseil municipal.
       Ils sont plus pauvres que nous et ils sont bien seuls. Il ne faut pas les perdre. Ils veulent se détacher de nous.
       Réfléchissez bien !
       Plan religieux :
       Si le repli des zones interdites a créé de réelles difficultés aux autorités civiles et militaires, il a permis cependant des horizons nouveaux et pratiques sur le plan religieux.
       La grande chance de BUGEAUD a été le repli du chef religieux BOUKACHABIA, Grand Marabout.
       Non content d'éclairer de ses lumières tous les chefs de passage, il a réussi à réunir unanimement tous les gens autour de lui, quel que soit leur religion ou leur origine de race, de couleur ou de tempérament. Tous, les uns et les autres, nous l'avons un jour vénéré comme tous les bons musulmans de BUGEAUD.
       Au cours de nos discussions intimes et multiples, je me suis engagé au nom des européens et musulmans de la Délégation Spéciale de ne pas partir sans faire un pas vers leur religion de manière à former un seul bloc.
       Aussi, le nouveau bâtiment qui relie la Mairie à l'école devra être dans les mois à venir la mosquée provisoire qui sera le trait d'union définitif des uns et autres, des mauvais et des bons. Plus tard, les mauvais d'aujourd'hui pourront venir prier sur les erreurs commises. Ils pourront se rappeler que si l'argent a été donné par les autorités françaises, ce travail n'a pu être effectué qu'avec l'aide de ces gens venus de partout, étrangers anonymes, qui donnent leur peine et leur sang pour devenir français.

Capitaine J.L GENTOU      


LETTRE N° 4

Capitaine GENTOU Jean Louis,                                                         
Cdt la Compagnie de Base du 4ème REI
       BUGEAUD


Juillet 1959                        

à   Monsieur BAYLET                        
Maire                                                 
BUGEAUD                                        

           

        J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que le 27 juin 1957 l'Hôtel du Rocher était occupé par la Compagnie de base du 4è REI.
       Cette occupation faisait suite à une réquisition du capitaine POULAT commandant la CRI de BONE. D'après mon enquête personnelle et à titre indicatif, il ressort que l'Hôtel avant l'occupation du 4ème Etranger avait été occupé par les U.T. et diverses unités.
       Depuis le 1er jour de l'occupation, de légers harcèlements mensuels ont dégradé la façade et certaines canalisations de l'Hôtel.
       Le 25 mars 1959, un harcèlement beaucoup plus violent accompagné de tirs au bazooka a lézardé la façade nord-est, crevant la canalisation avec un gros impact de 60 cm2 et 30 cm de profondeur.
       Ces harcèlements accumulés ont créé des suintements à l'intérieur de l'Hôtel. Les infiltrations ont décollé tout le plâtre qui entourait les poutres maîtresses du rez-de-chaussée. La terrasse suinte. Le réseau électrique crée des pertes de courant qui sont à l'origine de mes démêlés avec l'EGA. Si une révision générale de l'hôtel n'est pas envisagée avant le début de l'hiver, je vais être obligé d'abandonner le 2° étage pour n'occuper que le 1er et le rez-de-chaussée.
       Malgré toute la bonne volonté de mon équipe de casernement, le 2è étage reste sans eau.
       Les égouts d'évacuation ne remplissent plus leur rôle et des odeurs malsaines envahissent l'Hôtel à toutes les heures de la journée.
       Vu les faits relatés ci-dessus, j'ai l'honneur de vous demander, Monsieur le Maire, les réparations qui s'imposent dans ce bâtiment communal.
       Dans l'espoir d'une étude approfondie et bienveillante de tous ces travaux, veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'expression de ma haute considération.

Capitaine J.L GENTOU      


JEU des ROSEAUX

Avec une pensée profonde et un clin d'œil pour Roger Sabaton, je vous livre l'apprentissage du jeux de roseaux de mes petits enfants ANOUK et BORIS (çà fait très Bônois.
Il est bien entendu que le grand père s'est conduit en Maître.
C'est un petit jeu, simple, sain et qui leur a fait passer des moments très agréables.
Photo M. Marius Longo
Photo M. Marius Longo

Photo M. Marius Longo

Jeu à peu près identique au jeu des 5 pierres.
5 roseaux coupés en longueur avec le creux et le bombé. Les jeter un peu en l'air et les récupérer sur le dessus de la main. Retourner le dessus de la main avec les roseaux de façon à ce qu'il y est le plus de roseaux creusés ou bombés. La personne qui en a retourné le plus a gagné.


LE MAÎTRE MOT
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut

A Ma Mère,.

Au milieu des appels, et des cris, et des mots
Partout sous tous les cieux il en est UN, le même,
Parole de l'amour plus forte qu'un blasphème,
Gazouillis des bébés, murmure des marmots.

Cri de l'Etre meurtri luttant contre ses maux,
Pure invocation de qui souffre, vit, aime,
Pitoyable refrain des chansons dont le thème
Est La Douleur, la Mort, le titre : Ecce homo.

Couronne du martyr sur le front de la femme,
Infini de douceur débordant de son âme,
Contre tous les malheurs sublime talisman.

Grand Verbe tout puissant, musique, hymne et prière,
Berce à ton rythme doux l'espèce humaine entière.
Mère, O Mère : Maman ! Maman ! Maman !



QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°3

Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs dont le tirage est épuisé. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il peut être réédité et vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi), à condition qu'il y ait une demande.
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine

1880

      Voila déjà 20 ans que les ANTOINE sont en terre d'Afrique. 50 ans que les Français ont débarqué sur les plages de SIDI-FERRUCH. Les affrontements entre Arabes et Français ont pris fin vers 1857. Il subsiste quelques peuplades touaregs insoumises mais, dans un pays grand comme 5 fois la France, cela reste très localisé.
      La Paix règne et, pour la famille ANTOINE, le bilan est positif.
      Les privations des premières heures sont oubliées, la dure vie de pionniers du début de leur aventure a fait place à un certain confort.
      Ce que l'on redoute le plus est la Malaria. Celle-ci régresse car les conceptions sanitaires ont évolué, des égouts sont construits et l'on surveille avec beaucoup d'attention la salubrité de l'eau.
      Louis et Clara possèdent une grande maison sur la place du village avec cour intérieure et nombreuses dépendances. Il faut de la place pour les caves, les chevaux, le matériel agricole.
      Le vin se vend bien en France et le savoir-faire se peaufine.
      Louis a agrandi son patrimoine et cette année il vient d'acquérir diverses parcelles complantées en vigne.
      Il est maintenant propriétaire d'une vingtaine d'hectares de bonnes terres proches du village. Âgé de 62 ans, il est devenu le père d'une famille aisée qui regarde l'avenir avec sérénité.
      Louis, le fils de Louis, que tout le monde appelle Prosper (et pour plus de facilité nous ferons de même ) a maintenant 7 ans et sa grande soeur 11 ans. Tous deux vont à l'école de STAOUELI qui jouxte la maison paternelle. Le village a pris des airs qui parviennent jusqu'à nous, certes un peu modifiés, mais on y retrouve ce passé récent et si lointain.
      La colonisation entraîne interrogations et problèmes qu'il faut résoudre. Différents pays ont trouvé des solutions, la nôtre fut un échec quant à la possession du territoire. Je suis persuadé qu'un historien de bonne foi trouvera, dans l'Empire colonial de la France, une oeuvre civilisatrice d'importance. Dans tous les pays neufs, et l'Algérie en fut un, les nouveaux venus ne se tracassent pas du passé ; eux, ils créent. La génération suivante a du respect pour les anciens les autres générations ont besoin qu'on leur raconte, et peut être qu'on idéalise; c'est en tous cas ce qu'ont fait les Américains pour le grand public. En France ce fut l'inverse.

Photo de M. Robert Antoine
Maison Familliale des Antoines

      L'oeuvre des colons fut passée sous silence. Les réalisations grandioses de petites gens n'intéressent personne et ne provoquent que jalousie.
      L'idéalisme, le romanesque sont réservés à des individus, souvent militaires. Des exemples: Bugeaud, Lyautey, le père de Foucault....
      Puisque vous ouvrez la polémique, me direz? vous comment réagit la population indigène? Quels rapports entretenez ?vous, entre vous, les colonisateurs, et eux, les colonisés?
      L'expression "faire suer le burnous" est-elle justifiée, faut-il la "sous" ou la surévaluer?
      Pourquoi ces deux communautés ne se mélangent-elles pas, ne s'intègrent-elles pas? Etes-vous raciste?
      Ces questions-là, c'est le pain quotidien des Pieds-Noirs, avant l'indépendance et surtout après l'Indépendance de l'Algérie.
      Pour moi qui y ai vécu, répondre à vos questions n'est nullement embarrassant. Mais cela dénote de votre part une incompréhension totale de la situation et une approche trop stéréotypée.
      Les médias d'aujourd'hui sont si forts qu'il est difficile d'avoir une idée juste si l'on n'est pas allé y voir soi-même. Sur la question du racisme, il est très difficile à un pied-noir d'être raciste par essence même. Nous sommes un conglomérat de races allant du Teuton au Juif en passant par Malte et l'Espagne, et j'en oublie.
      Raciste ! En Algérie, avant l'indépendance, je n'avais jamais entendu ce mot. En France beaucoup trop souvent. Certes les indigènes nous traitaient de "sales Roumis" et nous répondions par "sales bicots", mais nous avions d'autres adjectifs qui s'appliquaient aux autres communautés avec plus ou moins de bonheur.
      Cela ce n'est pas du racisme, c'est l'expression d'une exaspération, d'une colère et, à dire vrai, surtout réservée aux gamins. Espagnols, Italiens, Français, Allemands ou Juifs, se mariaient et ont fait de bons Français aux noms de Martinez, Goethe, Moretti ou Hellerich....
      N'en déplaise à certains, les rapports entre Européens et Indigènes étaient bons.
      Il faut se rappeler que le "fellah" du coin, ne connaissait rien de la vie agricole que la fin de ce XIXème siècle avait introduite en Algérie et particulièrement à STAOUELI. Le peuple quasiment pastoral, soumis au Dey et aux janissaires, était très pauvre," donc était peu préssurable" et considéré comme quantité négligeable par le potentat en place.
      La colonisation va changer du tout au tout la façon de vivre de la population indigène.
      De nomades, ils deviennent sédentaires, d'éleveurs, ils s'intègrent dans le processus agricole et viticole de la région.
      Dans nos campagnes, il est vrai, la main d'oeuvre abonde. La payait ?on trop peu?
      Je n'ai pas de chiffres à opposer entre le salaire d'un ouvrier agricole Français en France et un ouvrier indigène en Algérie avant 1962.Ce que je puis dire, c'est que souvent les ouvriers indigènes, préféraient travailler chez un patron européen que chez un arabe. La raison c'est que l'ouvrier était sûr de recevoir son salaire.
      Que les colons soient tous des saints, ce n'est pas ce calendrier que je prendrai, mais j'ai souvent remarqué une relation de confiance réciproque entre les communautés.
      Un bémol, toutefois, dans cette constatation: les Indigènes des champs et les indigènes des deux grandes villes d'Algérie (Alger& Oran), n'avaient pas ce même :Esprit.
      Idem, les européens des villes et ceux des champs. C'est une évidence que l'on rencontre encore à l'heure qu'il est.
      Il reste une dernière question à évoquer, c'est la plus importante car elle sera la cause profonde de notre départ de l'Algérie: La NON INTÉGRATION.
      Pourquoi ces deux communautés, qui vivent côte à côte, se sont? elles ignorées en dehors du travail ?
      La cause: L'Islam et le Christianisme.
      L'Islam est une religion simple, bien comprise par tous les pratiquants. Il règle le mode de vie , les jours, les heures de chaque croyant et l'appel du muezzin est bien plus efficace que celui de nos cloches.
      Réduit à sa plus simple expression, inculqué à une population par trop simple et peu instruite, il peut générer du fanatisme voire des assassins.
      Cette religion monothéiste, relativement proche de la nôtre, est un lien puissant unissant les Arabes entre eux contre l'infidèle c'est à dire" l'autre" celui qui n'a pas la même religion...
      La femme musulmane, ayant un statut de quasi-esclavage, ne peut que supporter la loi religieuse des hommes. Ces derniers sont soumis aux regards des autres hommes et ils ne peuvent faillir. Ainsi l'unité musulmane est constituée.
      Le laxisme de nos religions, la laïcité de nos institutions, l'athéisme qui fut à la mode à la fin de ce XIXème siècle ne permettent pas de lutter sérieusement contre ce bloc monolithique qu'est l'Islam.
      En l'an 2000 les mêmes problèmes sont encore d'actualité. On remarquera quand même quelques brèches, quelques fissures provoquées par les femmes musulmanes qui supportent de moins en moins le joug pesant des usages de cette religion.
      Au nom de la liberté de culte, la République a laissé faire des actes qu'elle réprouve, et que nos coutumes condamnent, telle la bigamie etc....
      Le courage que montrent certaines femmes musulmanes aujourd'hui est admirable. Suffira t-il à changer l'état d'esprit de tout un peuple?
      Peut être au 21ème siècle.
      Le futur des pays musulmans, et plus particulièrement ceux du Maghreb, est lié à l'émancipation de la femme musulmane. Nous ne l'avons pas compris en 1830 ni en 1962, et là je ne parle que de l'Algérie.
      Ami lecteur, je ne veux t'imposer aucun point de vue. Mes affirmations n'engagent que moi et je n'aurai pour juge que l'Avenir. Puisque l'on parle religion, je citerai deux noms prestigieux, s'il en fut, de ce côté de la Méditerranée.
      Le Cardinal LAVIGERIE, Archevêque d'Alger en 1867, et le Père de FOUCAULT déjà cité, mais sur qui nous reviendrons.
      Le Cardinal LAVIGERIE fonda les fameux "Pères Blancs" si présents en Algérie ainsi que l'ordre des soeurs missionnaires d'Afrique.
      Arrêtons ici la polémique et revenons à notre famille pour rouvrir le livre des souvenirs de l'année 1893.

Photo de M. Robert Antoine

1893

      Pourquoi avoir choisi cette année là ?

      Y-a-t-il un événement particulier qui intéresse la famille ANTOINE?
      Certainement! Lejeune Prosper a 20 ans!. Il est conscrit, bon pour le service qui dure deux ans mais il ne se fait pas trop de soucis.
      En effet sa période sous les drapeaux sera écourtée car fils unique de septuagénaire.

      Son rêve : se marier, fonder une famille, une fois son service terminé. Louis, son père, a partagé ses biens entre lui et sa soeur. A 20 ans, il est propriétaire et un des plus beaux partis du village. C'est donc le 14 novembre 1894 que Prosper, le coeur léger, franchit la porte de la caserne d'Orléans, pour rejoindre son affectation au 1er égiment de zouaves.

Photo de M. Robert Antoine

      Son circuit d'incorporation passe par le médecin, le magasin d'habillage où il percevra la fameuse "chéchia" des zouaves. Sur son livret militaire on peut lire: yeux: gris ; cheveux: châtains front: haut ; taille: 1 m 60 (de la toise d'Alger)
      La vie militaire du 2éme classe ANTOINE s'écoule sans heurts et, le 15 octobre 1895, il est renvoyé dans ses foyers avec un certificat de bonne conduite. Pièce unique dans la famille. Ce même jour, jetant la "chéchia" aux orties, le zouaves reprend ses habits de colon avec un certain plaisir. Mais l'Histoire et surtout la Guerre, reprennent ce cultivateur pour en faire à nouveau un guerrier.
      Le 1er Novembre 1895 il repart à Tunis au 3éme régiment de zouaves puis à Bizerte, enfin il est libéré en 1907. Pendant qu'il ferraillait en Tunisie, son père, Louis, est décédé.
      Le vrai pionnier de la famille nous a quittés, laissant derrière lui les regrets de ses proches et un bien être plus que suffisant pour sa famille. Qu'il en soit remercié.
      Il repose toujours en terre d'Afrique mais, à l'heure où j'écris, il m'est impossible d'aller lui rendre un dernier hommage.
      Quand Prosper rentre de Tunisie, sa mère l'attend dans une maison trop grande pour elle seule. En effet Louise, sa fille, s'est mariée avec Michel DENCAUSSE, un jeune ingénieur agronome et de leur union est né Georges qui, en cette année 1907, va fêter ses 5 ans.
      Prosper a 34 ans et il est heureux de retrouver ses activités civiles et de soulager sa mère et son beau frère de la gestion et du travail des propriétés.
      Mais il est temps pour lui de fonder un foyer et ses voeux se portent sur une demoiselle REINE, qui ne les refuse pas. Hélène, Marie, Augustine REINE est une jolie petite blonde d'un mètre 52, aux yeux bleus. Elle est la fille d'un propriétaire de DOUÉRA, une petite localité près d'Alger. Hélène est issue de parents qui ont dû défricher pour fertiliser cette terre.
      Le mariage a lieu à Alger en 1909.
      Le jeune couple habitera à STAOUELI dans la maison familiale des ANTOINE. Clara demeurera dans un appartement de la place BUGEAUD, à Alger où la vie est plus agréable que dans la trop grande maison du village. Elle viendra de temps en temps, en visite, voir sa fille et son fils à STAOUELI. Adepte du train, qui continue à - transporter des passagers, elle deviendra une des curiosités de STAOUELI.
      En effet, pour les habitants du village, voir passer Clara chapeautée, gantée, sac à main bien serré sur sa longue robe foncée, signifiait que le train STAOUELI -Alger partirait dans exactement dans 2 heures.
      2 heures! eh oui.!!!
      Debout sur le quai de la gare, impassible, elle attendait que le Chef de gare l'invite à monter, toujours à la même place, dans le dernier wagon.
      Elle avait peur que la locomotive ne déraille et se sentait plus en sûreté en queue de train.
      Le ciel politique s'assombrit et l'orage éclate le 2 août 1914.

Photo de M. Robert Antoine

MOBILISATION GÉNÉRALE !!!

      Repassant les grilles d'entrée de la caserne d'Orléans avec beaucoup moins de sérénité que la première fois Prosper fait triste mine.
      Il laisse derrière lui sa mère, sa femme et son jeune fils Robert qui n'a que 3 ans.
Photo de M. Robert Antoine
Louis Prosper "dit PROSPER"

      Si d'autres partent la fleur au fusil, le zouave de 2éme classe Louis, Prosper ANTOINE va faire la guerre aux Turcs du côté des Dardanelles.
      Encore une sale guerre, disent ceux qui en reviennent.
      Dans le récit de leurs souvenirs ils ont des évocations de bravoure et de bêtises, assez inimaginables.
      La campagne d'Orient est bien désastreuse en particulier pour les zouaves.
      Prosper foulera pendant près de 6 mois le sol turc avant d'être rapatrié. Il sera nommé Zouave de 1ère classe le 21 janvier 1915 et caporal le 1er février 1915! ça c'est de l'avancement!
      De retour des Dardanelles, en 1916, il obtient une permission de détente d'une quinzaine de jours.
      Il ira embrasser sa femme et son fils ainsi que sa famille.
      De retour à la caserne d'Orléans Prosper apprend qu'il est paludéen.

      Il sera détaché au Service des Vins et libéré définitivement le 1er juillet 1918. Prosper aura fait 17 ans dans la peau d'un zouave!
      A son retour des Dardanelles, le village a grandi, de nouvelles maisons se sont construites, de nouveaux venus se sont installés et les Trappistes sont partis.
      Le domaine sera racheté par M. Lucien BORGEAUD.
      Avant de partir de leur trappe, ils avaient demandé une promesse au nouveau propriétaire, celle de ne pas toucher à leur petit cimetière. Promesse tenue tant que les BORGEAUD furent là. Je me souviens, gamin avoir eu le privilège de visiter ce lieu envahi par les herbes et quelques ronces.
      Des noms gravés sur des pierres blanches, à l'ombre d'un bâtiment qui fut peut être un cloître, le tout dans un abandon total. Je crois que c'est dans cet endroit que j'ai compris que l'éternité sur terre est une fable.
      C'est un souvenir émouvant pour moi.
      Je ne sais pas si mes émotions étaient très partagées par les gosses de mon âge.
      Un peu moins sentimental mais toujours dans la série des félicitations méritées, il en est une que je ne dois pas oublier: c'est le rôle des femmes pendant les périodes de Guerre.
      Je les trouve admirables bien que les bouleversements qu'engendrent une période guerrière fassent avancer les moeurs, la société, la science à pas de géant, parfois trop vite à mon goût.
      Bravo donc à celles qui, au pied levé, avec un pouvoir d'adaptation extraordinaire, ont su garder et faire fructifier le patrimoine laissé par les hommes. Pour Prosper ce fut le cas. Hélène et Clara ont su être mère et grand 'mère, tout en gérant au mieux les intérêts de la famille .
      Revenu au pays, Prosper retrouvera son plein rôle de chef de famille (encore en vigueur à cette époque) et de propriétaire..
      Il consacrera une partie de son temps a une passion qui s'est transmise de génération en génération. La Mer. La Méditerranée plus précisément.
      Je crois que nous sommes attirés par l'espace et la mer nous comble. Prosper, mon père, moi, mes enfants peut être, ne rêvent pas de compétitions sur les flots, ni d'aventures marines à vaincre les vents et les déferlantes; Non, nous aimons la Mer comme un paysan s'unit à sa terre. La Mer est plaisir, la mer est vivante.
      Il nous faut la palper, la sentir, connaître ses intentions, sachant qu'elle est la plus forte et que vous devez l'amadouer pour la chevaucher.
      Le monde maritime est plein d'énigmes et de splendeurs mais toujours changeant, une vague ne ressemble jamais à une autre.
      il faut connaître les éléments, avoir une bonne technique, être sûr de son matériel, pour rapporter une belle pêche sur la plage. De belles pêches, Prosper en a ramenées. Le plaisir de son fils était de ranger le poisson dans des casiers devant tous les baigneurs admiratifs.
      Prosper, en homme simple, n'appréciait pas cet étalage mais il laissait faire car c'était la récompense pour ce gamin qui s'était levé à 5 heures du matin.
      Pour combler cette passion Prosper fit construire un cabanon sur la plage de SIDI-FÉRRUCH. Un vrai cabanon, les pieds dans l'eau si bien que, lors des grandes tempêtes, l'eau rentrait dans l'écurie qui fut plus tard transformée en garage.
      Au premier, se trouvaient trois chambres, une cuisine et un séjour agrandi par un balcon terrasse. De là on pouvait voir le bateau, un palangrier de 7 mètres à clains avec un mat et une voile latine. Il y a bien un moteur mais Prosper préfère la voile et les rames. Pendant l'été le même cérémonial se produisait. Vers les 4 heures du matin,
      Prosper réveillait son fils.
      - "Robert c'est l'heure".
      Robert ne bougeait pas. Il entendait sa mère dire "Mais laisse-le dormir ce petit!" La grosse voix reprenait" Robert c'est l'heure" et là il fallait se lever; sans ça, pas de troisième rappel et alors, adieu les parties de pêche, les relevés des filets ou des lignes de fond.
      Souvent le cousin de Robert, Georges DENCAUSSE, faisait partie de l'expédition mais, à l'arrivée, quand la barque touchait le sable de la plage, Robert ne laissait à personne le soin de ranger le poisson dans les casiers.
      Quand il y avait trop de poissons on en donnait aux voisins; si c'était une belle pièce, on la mettait dans le vivier, une vieille barque percée, à moitié ensablée, recouverte d'un grillage, en pleine mer. Ainsi disposait-on de poissons toujours vivants pour les invités.
      Les après-midi, après la sacro-sainte sieste, on sortait les fauteuils de plage et les voisins venaient prendre le thé pour les dames, l'anisette pour les hommes.
      Prosper était très lié avec son beau frère Charles de Roussillon ainsi qu'avec Henri BACONNIER un grand libraire d'Alger.'
      Dés que Prosper avait pris dans ses lignes une très belle pièce, un très beau mérou par exemple, il battait le rappel.
      Les trois compères et leur petite famille se retrouvaient avec plaisir pour de joyeuses agapes dans un restaurant de SIDI-FÉRRUCH, l'hôtel BREJAR.
      Je rajouterai ici une anecdote humoristique sur Prosper ANTOINE. Prosper possédait un porcelet qui vivait dans la cour intérieure de la maison. Tout rose, propre comme un sou neuf car lavé chaque jour, il suivait son maître comme l'aurait fait un petit chien. ANTOINE et son cochon, c'était presque une image sainte.
      Hélas, au bout de trois ans, la bête était devenue importante et, si sa fidélité à Prosper était intacte, quelques chiens avaient souffert de son tempérament. Il fallut bien se résoudre à le faire abattre.
      Le jour venu, ANTOINE et son cochon s'en allèrent à pieds vers l'abattoir, tout près du cimetière. Le maître revint seul, triste d'avoir perdu un animal fidèle. Les commérages et les mauvaises plaisanteries cessèrent peu à peu, car cette brave bête n'eut pas de remplaçant.... Il nous reste une belle Histoire de bon goût.
      Il est dans la vie des actes que l'on ne fait qu'une fois, car tant que l'on ne s'y est pas investi, on garde toujours un regret de ne pas avoir été invité aux distributions des honneurs, des gloires, des récompenses....
      "Vanité des vanités!."
      La politique, grande ou petite, est un de ces plats qui font envie quand on les regarde mais que l'on trouve beaucoup trop amers quand ils sont servis et que l'on doit les avaler. (Foi d'honnête homme)
      Prosper se laissa inviter à ce banquet que l'on nomme Conseil municipal. Le 2ème Conseil Municipal de la nouvelle commune de STAOUELI et ce, en 1905.
      On y trouve des noms connus, des enfants des premiers pionniers, mêlés à de nouveaux venus. On y trouve les BROCK, L'HERETE, COFFINET ......
      Le mandat dura 7 ans.
      A partir de 1912, vous ne verrez plus le nom d'ANTOINE dans une liste électorale, il préférera jouer les rôles d'expert en agriculture quand un litige s'élèvera entre colons.
      L'Histoire se rapproche de nous et devient uniforme.
      Le village de STAOUELI vit dans une douce tranquillité, subissant l'actualité, mais sans grands remous, sans grands bouleversements.

      Le temps des pionniers est passé; le Xxème siècle est déjà bien entamé. La vie au village est loin d'être monotone, elle est jalonnée par des points fixes: vacances d'été à SIDI FÉRRUCH, Noël chez CIara.
      Clara est maintenant vieillissante mais elle tient à recevoir ses enfants et petits enfants dans son appartement de la place BUGEAUD à Alger.
      A cette réunion de famille assistent les DENCAUSSE, les de ROUSSILLON et les ANTOINE.
      Pendant que les parents courent les magasins de la rue d'Isly, les trois cousins, Georges, Marcel et Robert, doivent passer deux épreuves.
      La première, la plus aisée, est de toute évidence, celle du jeu de dames avec la grand mère.
      Pour eux, il n'était pas question de gagner, Clara ne l'aurait jamais accepté mais ils devaient savoir perdre intelligemment sans que l'aieule s'en rende compte et cet exercice était beaucoup plus difficile.
Photo de M. Robert Antoine
REINE épouse ANTOINE

      La seconde épreuve était celle du piano.
      Après la bûche et le champagne, il fallait s'exécuter et montrer les progrès faits dans l'année.
      Très à l'aise, Marcel fait courir ses petits doigts sur le clavier et les sons qui sortaient de l'instrument étaient très proches de l'Harmonie. Georges, moins âgé, ne se débrouille pas mal et ne recevra pas de réflexions désobligeantes. Robert, lui, est au supplice ; il supporte mal les réflexions acides faites par sa grand mère. (Mon père n' a jamais voulu que j'apprenne le piano et je l'en remercie).
      C'est dans les années 20/30 du nouveau siècle, les années folles dit-on, que la famille ANTOINE put profiter des fruits du labeur précédent.
      Une image du "colon" commence à s'esquisser en Métropole; elle ressemble à une caricature. Ce cousin au parler fort, à l'accent pour le moins curieux, avec des idées par trop modernes, et surtout beaucoup d'argent, irritait, déplaisait à la famille métropolitaine.
      Il faut reconnaître que le portrait du "colon nouveau riche" n'est pas complètement faux et ce type d'individu a existé dans ces années là, certes quelque peu déformé par la jalousie et le manque de communication vraie et sincère; ainsi va la nature humaine.
      Prosper ne va pas à Vichy, le rendez vous des coloniaux aux foies fragiles. Trop occupé par ses terres, ses vignes, son cabanon, il a trouvé le "bonheur du chat" une vie simple, facile, sans envolée philosophique ni préoccupations métaphysiques; il résout, au jour le jour, ses problèmes personnels. La santé de Prosper va bien moins que ses affaires et il devra quitter ce monde après une longue maladie ramenée de Turquie. Il s'éteint le 22 août 1928. La malaria a encore gagné.
      La mort de Prosper laisse un grand vide. Hélène est une mère très douce, au caractère trop faible, Robert, son fils, n'a que 17 ans et il est le seul héritier.
      La jeunesse a toujours eu des exigences mais celle des années 30 a beaucoup de désirs, de nouveaux besoins, des plaisirs coûteux et, quand l'argent ne manque pas, rien n'est plus agréable que de les assouvir.
Photo de M. Robert Antoine
Louise ANTOINE épouse DENCAUSSE

      Robert ne s'en prive pas et c'est Hélène qui doit diriger les propriétés. Son fils fait la fête avec ses amis; sa mère pleure dans les bras de sa belle-soeur Louise DENCAUSSE qui vient de perdre son mari dans un accident.
      Louise aura eu deux enfants de cette union , Georges l'aîné, et Claire. Clara vient aussi de s'éteindre dans sa demeure Algéroise. Elle aura vécu une vie d'aventures heureuses, conforme à son caractère, avec la satisfaction d'avoir concrétisé avec son mari les idées les plus folles, mais aussi d'en avoir payé le prix. Le décès de son fils fut pour elle une dure épreuve, la dernière.
      Elle repose au cimetière de St EUGENE juste au pied de la basilique de Notre Dame d'AFRIQUE.

Photo de M. Robert Antoine

FIN DU 3éme EPISODE
LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°2
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
AU BACHOT

     A l'oral du Bac, certains candidats arrivaient devant l'examinateur, paralysés par le trac, répondant souvent de façon aussi stupide qu'inattendue aux questions posées.
     La terreur des candidats était un examinateur d'Histoire et Géographie qui, suivant les cessions était à Alger, Oran, Constantine et Tunis.
     Il avait une tête énorme, les cheveux coupés à la " Bressan ", d'épais sourcils broussailleux et un regard glacial.
     Un mien ami se présente tout tremblant devant lui.
     " Parlez-moi des Causses, demande le Prof "
     Hésitant, bafouillant, le candidat énonce les principales ressources de ce pays très pauvre dit-il, recouvert de maigres pâturages où paissent quelques troupeaux épars.
     " Que donne le, mouton demande l'examinateur ? "
     De la laine répond le candidat.
     Et la femelle du mouton ?
     Du lait M'sieur
     Et quel fromage célèbre fait-on avec ce lait ?
     Et là, une réponse à laquelle personne ne s'attendait...
     - Du fromage de chèvre, M'sieur.

AU BACHOT, DEUXIÈME PARTIE EN HISTOIRE

     Le professeur : Parlez-moi de la conquête de l'Algérie, les causes ?
     L'élève timide et apeurée ; C'est le Dey d'Alger, qui a donné un coup d'éventail au représentant de la France.
     Le Prof s'approchant de l'élève et à mi-voix " Pour quelle raison ? "
     Le candidat chuchotant : Affaire personnelle
     Le prof, entrant dans le jeu et toujours sur un ton confidentiel, affaire de femme ?
     Oui, M'sieur répond celui-ci
     " Vous aurez trois sur vingt car dit l'examinateur, vous nous avez bien fait rire. "

DEVINETTE

     Quel est le Cours le plus long! du monde ?
     - C'est le Cours Bertagna à Bône, parce qu'il a un Thiers de plus que les autres.

CURIEUX VOLATILE

     Dans une narration sur la Retraite de Russie, un élève avait écrit " Çà et là, des cadavres de chevaux, que les corbeaux se disputaient à belles dents... "

ABREVIATION

     Au Collège, qui plus tard devint le Lycée Saint-Augustin, le professeur d'anglais, Monsieur Chrétien, pas plus haut que trois figues de barbarie, était très " chahuté ".
     Souvent, sa classe voulant sans doute louer les vertus du Seigneur et Maître, entonnait le cantique célèbre : " Je suis Chrétien voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien. " L'apparition de Monsieur Bourdieu, surveillant général, mettait fin à ce concert " A Cappella ".
     Lorsque le professeur faisait son cours, il était interrompu par les cris de " Asba, asba " (mot grossier en arabe).
     - Mais enfin, que veut donc dire ce mot asba
     Et un petit plaisantin de répondre :
     - Mais M'sieur, asba c'est tout simplement l'abréviation de l'Association Sportive bônoise Automobile "

UN OEIL TERRIBLE

     En seconde, nous avions comme professeur de lettres, Monsieur VIALARD, homme d'une distinction rare et d'une haute culture. Il aimait par dessus tout le chant et la déclamation.
     A la composition de récitation, mon tour arrive, je déclamais la " Conscience " de Victor Hugo. Dissimulant avec succès mon accent et surtout mon intonation bônoise, j'arrivais au dernier vers et au lieu de dire : " L'Œil était dans la tombe et regardait Caïn ", je crus bon de terminer dans une superbe envolée lyrique : " L'Œil était dans la tombe et agitait la main. "
     J'eus mon succès personnel auprès des copains, mais par contre mon professeur n'appréciant guère ce genre d'humour, me mit en retenue le jeudi suivant.

MON AMI BINGUECHE

     Qui ne connaissait pas Binguèche à Bône ?
     Sa silhouette nous était familière. Toujours mal rasé, un feutre rond sur la tête, il était vêtu l'hiver d'une vieille redingote ou d'un pardessus élimé et l'été d'un cache-poussière rapiécé. Il déambulait dès l'aube à travers la ville, ne rentrant chez lui qu'au coucher du soleil. Rarement on le rencontrait la nuit, sauf dans des cas exceptionnels (manifestations sportives ou artistiques).
     Ce n'était pas un clochard, car il ne mendiait pas et vivait au jour le jour, sans souci du lendemain. Abordant une connaissance, il lui disait " 0 Touriste (c'était son mot favori), tu m'offres le café ? " Et le touriste " s'exécutait volontiers. Il achetait un pain et passant ensuite devant une épicerie, " 0 Touriste t'y as pas un bout de fromage pour manger ac mon pain ? " et le commerçant cédait de bonne grâce à sa demande. Fromage et pain à la main, il se rendait alors à une cave rue Perrégaux : " 0 Touriste, t'y as pas un peu de vin pour accompagner mon casse-croûte ? " Et le marchant de vin bon enfant, lui offrait une bouteille de rouge. il s'installait alors au " P'tit jardin " de la Mairie sous un gros arbre ou sur un banc du cours Bertagna et dégustait lentement son frugal repas. Le lendemain il opérait de la même façon et variant son menu, mais il s'adressait à d'autres commerçants.
     Excellent nageur jusqu'à cinquante ans, il lui arrivait de traverser le Port en caleçon de bain, ses vêtements attachés sur la tête. Il a sauvé beaucoup d'enfants de la noyade. Certains esprits mesquins l'accusaient de précipiter du haut du quai les gosses et de les secourir ensuite.
     Binguèche était un brave bougre foncièrement honnête, incapable de faire du mal, ne méritant pas le qualificatif de " Voleur de poules ".
     Pendant la guerre de 14-18, selon Ies dires d'un vieil ami de mon père Jean-Baptiste POMA, Binguèche était, volontaire pour toutes les missions dangereuses, faisant partie d'une batterie de 75, il avait comme compagnon fidèle, un chat devenu par la suite la mascotte de l'unité. La batterie avait reçu la croix de guerre. Titulaire d'une permission bien méritée, Binguèche débarque à Bône avec son chat tenu en laisse et au cou duquel il avait accroché la croix de guerre. Inutile de vous dire que le facétieux artilleur, eut des ennuis avec l'autorité militaire. " Mais, disait-il, il n'y pas de raison que mon chat ne soit pas à l'honneur, lui qui a longtemps été à la peine "...
     Notre héros flânait ce jour là, sur le cours Bertagna. Apercevant le substitut du Procureur en conversation avec le commissaire de police, subrepticement, il s'approcha de ces deux fonctionnaires de la justice, prêtant une oreille discrète à ce qui se disait, il était question d'un cadavre trouvé pendu au Ruisseau d'Or... Peu après les deux hommes grimpaient dans une calèche. L'ami Bing, lui, s'installa sur la barre arrière de la voiture sans être vu du cocher. Arrivé à destination, tout notre monde mit pied à terre. Le pendu se balançait à la branche supérieure d'un gros olivier. Un cordon de police maintenait les curieux à distance respectable. Mais il fallait détacher le pendu et il n'y avait aucun volontaire pour effectuer cette macabre opération, car la croyance populaire disait que cela portait malheur. C'est alors, que Binguèche très décontracté offrit ses bons offices au commissaire, à condition toutefois d'avoir la corde en récompense. Le commissaire, bon enfant, comme dans la chanson, accepta. Notre ami, sa besogne accomplie s'en alla avec sa corde longue de deux mètres environ.
     Très vite le bruit courut en ville, Binguèche était en possession d'une corde de pendu, laquelle dit-on porte chance. Moyennant quelques francs, il débitait à la façon d'un saucisson des morceaux de corde ; celle-ci diminuait à une allure record. C'est alors que notre vendeur occasionnel eut une idée de génie. Il alla chez Saint-Frères, rue Thiers, acheta deux mètres supplémentaires de corde, qu'il vendait sur le marché, comme " corde de pendu ". " Appellation contrôlée disait-il malicieusement... " Sacré Binguèche, tu nous auras bien fait rire...

ET VIVE LA MUSIQUE!

     Bône était une ville de musiciens et de mélomanes. Le samedi ou le dimanche sur le Kiosque l'Harmonie, les Enfants de Bône ou la Bônoise déversaient leurs flôts d'harmonie devant un parterre des plus enthousiastes. Les Pauvres faisaient cercle autour de ce kiosque tandis que les riches se prélassaient dans les fauteuils des cafés environnants.
     Ce jour-là, l'Harmonie donnait un concert très éclectique. Il y avait notamment au programme, une fantaisie d'un Opéra très connu avec un solo de clarinette. Le solo était très long très difficile et écouté avec beaucoup d'attention par le public, lorsque tout à coup un auditeur cria à son copain : 0h ! regarde, comme il suce bien l'os à moëlle ". Le charme était rompu et le récital se termina dans un rire général.
     L'ami Tee-Tee était un bon vivant. Restaurateur très connu à Saint-Cloud, c'était aussi un excellent musicien : lui-même m'a raconté la mésaventure suivante.
     " Comme tu le sais, me dit-il, je joue d'un instrument qui n'est pas commun, le saxophone basse, très encombrant, il est d'un entretien difficile et pour l'astiquer il me faut utiliser un litre de Faineuf.. au moins.
     A l'occasion de la Sainte-Cécile, les musiciens de Guelma m'avaient payé le déplacement pour jouer dans leur formation. Arrivé à destination, je laisse mon volumineux instrument sur le kiosque à musique pour aller boire un verre avec les copains. Le concert commence et peu après le moment tant attendu pour moi arrive.
     Le Chef me fait signe et j'attaque. " Mamamia ! des drôles de sons très lointains sortent de mon engin. Rouge comme une rascasse de fond, de honte et de confusion, j'arrête le massacre. Le Chef m'adresse un regard furibond... Le concert achevé, penaud, je rentre à mon hôtel. J'inspecte de près mon saxo, plonge le bras au fond de ce dernier et j'arrive finalement après maints efforts à retirer une grosse serviette éponge qui bouchait l'instrument. Inutile de te dire, que l'on ne m'a plus jamais sollicité pour aller jouer à Guelma.

UN MARIAGE INSOLITE

     L'été arrivant, les brasseries : La Paix, le Maxeville, l'Orient, faisaient appel à des orchestres très réputés.
     De nombreux mélomanes prenaient d'assaut chaises et guéridons sous les ficus du Cours Bertagna. Une corde séparait les spectateurs payants, des " Aoufistes " debout.
     Les oeuvres musicales étaient écoutées dans un calme religieux et des applaudissements nourris, saluaient les artistes après l'exécution du morceau. Parmi les non payants se trouvait un joyeux drille, qui me dit brusquement :
     " Tu vois là-bas ces deux, on va se les marier ". Du doigt, il me désignait une femme d'une forte corpulence, commerçante de la rue Saint-Augustin, très connue pour son langage fleuri, mais passionnée de belle musique. A ses côtés un arabe de la montagne, coiffé du " nid de cigogne " et vêtu d'une gandourah, tenant dans sa main " le Debbous " traditionnel. Le copain sort de sa poche une aiguille et du fil, s'approche sur la pointe des pieds du couple disparate et coud la manche de la robe avec un pan de la gandourah de l'arabe. Il s'éclipse et aussitôt, on entend des cris : " Lâche-moi espèce d'abruti "... Ci pas moi M'dame, ci pas moi...
     Finalement tout rentre dans l'ordre, les deux antagonistes s'étant aperçus mais un peu tard, qu'ils avaient été les victimes d'un mauvais plaisant.

POISSON D'AVRIL

     De passage à Alger un 1er Avril, il me vint l'idée de marquer ce jour par une blague. Après avoir consulté l'annuaire, je téléphone avec l'accent " patouètte "
     " Allô, le médecin des chevals ? "
     Ici le vétérinaire, à votre service Monsieur
     Eh ben oilà ! j'a le cheval qu'il a le ventre tout gonfle et dur, et par respect pour vot' fugure y peut pas pisser.
     - Très bien, veuillez me donner votre nom et votre adresse.
     - Duc d'Aumale, place du Gouvernement Alger, Allez Tchao !

AU FOOTBALL

     J'ai débuté au foot, sous les couleurs du Gallia, petit club modeste que nous avions formé nous même. Notre tenue était sensationnelle, maillot bleu avec coq en écusson, culotte blanche et bas rouges. L'équipe de France, modèle réduit. Nos réunions avaient lieu dans une imprimerie Place Thérence. Le maître de céans était aussi notre Président. Dynamique, le regard malicieux, portant barbiche à la " Mazarin ", coiffé d'un éternel petit melon, Marcel PROUST nous accompagnait dans tous nos déplacements. Il emportait en guise de bagages des cages d'osier, renfermant des pigeons voyageurs qu'il lâchait en cours de route. Sans être très brillant dans le championnat de promotion, le club avait acquis néanmoins une certaine notoriété parmi les " sans grade " et les villages réclamaient notre concours, pour rehausser leurs manifestations sportives.

UN DROLE DE PENALTY

     A l'occasion de la fête patronale de Duzerville, le comité des fêtes avait fait appel à nos services, pour disputer un match contre une entente Mondovi-Duzerville.
     Dans cette équipe, Joseph Di Giacomo brillait déjà d'un éclat particulier (il devait faire plus tard, les beaux jours de l'A.S.B.). Effectuant le voyage par le train, il nous fallait nous mettre en tenue durant le trajet, car à l'arrivée, musique en tête, nous devions défiler à travers les rues du village en liesse. Les musiciens étaient aussi du voyage. Comme prévu, précédés par la fanfare qui jouait un pas redoublé, nous nous mettons en route au pas cadencé, bombant le torse, le regard fixe. Un plaisantin nous avait indiqué un mauvais chemin et c'est devant le cimetière que nous nous retrouvâmes. Fort heureusement, un villageois compatissant nous remis sur la bonne voie pour le stade, le marché aux bestiaux en l'occurrence. Le terrain, plus ou moins bien tracé à la chaux, était bosselé et parsemé de bouses de vaches de première fraîcheur, car le marché avait eu lieu la veille. Seuls les bois étaient réglementaires.
     Jouant garde-but, je fis mon petit ménage dans la surface que je devais défendre. Le match était ardent et indécis jusqu'à la mi-temps. A dix minutes de la fin, le rythme était toujours soutenu, mais aucun but n'était marqué. Puis ce fut le coup de théâtre, le tournant du match. L'avant-centre adverse avait déjà mis dans le vent deux collègues et s'apprêtait à dribbler mon arrière lorsque ce dernier souleva de la pointe du pied une " belle fougasse " toute fraîche de vache et la lui envoya en pleine figure.
     Le pauvre type s'arrêta pile, les yeux complètement fermés par cette drôle de tarte à la crème, l'arbitre expulsa l'arrière, et accorda un penalty, qui fut aussitôt transformé. Nous perdîmes le match, mais pas la face.

L'A.S.B.

     Après avoir débuté en réserve, j'ai pu enfin réaliser mon rêve et jouer en première équipe. Que de souvenirs ! ...
     Une certaine saison à Bougie, les quelques mordus Bônois qui avaient effectué ce long et pénible déplacement, croyaient que j'étais devenu jobasse. En effet, sans avoir le ballon, ils me voyaient, dans mes buts exécuter des petits sauts de gazelle, me toucher brusquement les bras, les cuisses et même le postérieur. L'explication était pourtant fort simple... les petits yaouleds, massés derrière mes bois et armés de tire-boulettes (le taouatte) me bombardaient de leurs projectiles.

A.S.B. - J.B.A.C.

     C'était le clou de la saison, le derby local tant attendu. On en parlait longtemps à l'avance, sur le cours, dans les bars et brasseries : Le Bristol (fief de la J.B.A.C.), le Gambrius (A.S.B.) et plus tard le Saint-Hélène.
     Le match le plus homérique fut sans conteste, celui qui se disputa au stade Garrigues. Bien avant l'heure prévue, une foule innombrable se pressait dans les tribunes de bois et sur les pelouses. C'était à la fois un match sportif et politique, J.B.A.C.-A.S.B., mais aussi POPAUL PANTALONI contre la TABACOOP.
     La J.B.A.C. à cette époque avait de talentueux joueurs, Takache, Chareyon, Bronzi, Hezzina et surtout Lenner, International Tchèque.
     L'A.S.B. était dominée et j'avais toutes les peines du monde à protéger mes buts du flot envahisseur. J'encaissais un but et peu après deux joueurs en vinrent aux mains. Cette bagarre provoqua l'envahissement du terrain ; Bientôt toute la foule se trouva mêlée aux joueurs. Les hommes politiques, eux aussi étaient descendus dans l'arène. Agents de police et gendarmes à cheval fonçaient dans le tas. Mon arrière Delgatto, " Ouistiti ", comme je l'appelais, vu sa petite taille, s'était pendu à la queue d'un cheval pour l'empêcher de ruer, car certaines montures étaient dressées pour ce genre d'exercice. Je revois aussi le copain, le gros Ignace poursuivi par un pandore à cheval, traverser le terrain à toutes jambes plonger littéralement sous les tribunes pour y trouver un abri salutaire. Le match fut donc arrêté, la ligue le lit rejouer. L'A.S.B. n'en attendait pas tant.

UN DRÔLE DE GOOL

     Un nouveau Président, un de plus, et qui par surcroît ne connaissait pas grand chose en sport, est nommé à la J.B.A.C.
     A l'occasion du derby local, on lui avait demandé d'aller dire quelques mots d'encouragement à ses protégés. Il se rend aux vestiaires où les joueurs en tenue attendaient le signal pour entrer sur le terrain.
     - " Ies Enfants dit-il, il faut gagner ce match à tout prix " et apercevant le garde-but Amar, qui seul arborait un superbe maillot vert, il ajouta " Et toi petit, attention, je compte sur toi pour marquer trois buts. "

AU RUGBY

     Le Rugby à Bône était traité en parent pauvre. Seuls quelques mordus de l'ovale suivaient les rencontres le dimanche matin. Ce même président assistait à un entraînement. Il ne disait mot, se contentant de hocher la tête, puis brusquement, il tire son portefeuille, en sort un gros billet et le tend au dirigeant qui était à ses côtés : " Tiens... vas leur acheter un ballon potable, celui-là est tordu et il bombe à côté.

UNE COURSE PAS COMME LES AUTRES

     A l'occasion de la fête du village et du traditionnel apéritif qui groupait les notabilités et tous les villageois, le Maire se lève sous les applaudissements de la foule. Il souhaite la bienvenue à tous et annonce le programme de la journée.
     " Hier, dit-il, vous avez eu une course de chevaux, aujourd'hui il y aura un grand concours de boules suivi d'une course pédéraste ". Son adjoint discrètement lui souffle " Non, M'sieur le Maire, pédestre " ça ne fait rien, dit-il, ils ont compris quand même.

GAZ NOCIF

     Le pronostic d'un supporter Bônois : " Les Guelmois aujourd'hui y perdent, pourquoi y z'ont pas l'habitude du terrain gazeux. "

Le Département de Constantine en 1908
Par M. Paul JOANNE
Envoyé par Roger Sabaton                        N°2

      Avant qu'elle ne fût nommée comme Préfecture du Département de Bône, bône notre commune fut Sous-Préfecture du Département de Constantine.
      Donc avant que dans des prochains numéros, nous fassions connaissance avec les guides de Bône, nous allons nous "instructionner" sur l'ancien Département de Constantine au travers du Guide de M. JOANNE.
      J.P.B.
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LE DÉPARTEMENT
DE CONSTANTINE

III - Littoral, Cours d'eau.

      Le Littoral
      La limite ouest du département est déterminée sur le littoral, par l'embouchure de l'Oued-Kérouli, entre le cap Corbelin et le cap Sigli. Entre ces deux caps, la côte est bordée d'une longue plage de sable; elle incline ensuite légèrement au sud jusqu'au cap Carbon, au nord-ouest duquel on voit l'île Pisan, rocher de 500 mètres de long, et de 50 mètres de haut, qui peut offrir un abri pour les balancelles. Le cap Carbon, grande masse de rochers presque nus, se rattache au mont Gouraya (660 mètres).
      À partir du cap Carbon, la côte tourne au sud jusqu'à la pointe escarpée du cap Bouak, puis, forme la baie de Bougie, comprise entre le cap Carbon et le cap Cavallo. Cette baie régulière, moitié d'ellipse, regarde vers le nord et a 42 kilomètres d'ouverture. La rade, située dans la région occidentale de la baie, n'est tourmentée que par la houle du nord-est qui n'est jamais assez forte pour compromettre un navire mouillé sur de bonnes amarres. Le mouillage des vaisseaux est dans la région nord-est de la rade, par des profondeurs d'eau de 10 à 20 mètres, sur fond de vase d'une excellente tenue. Il est assez sûr pour que des bâtiments de guerre puissent y stationner sans danger pendant l'hiver, assez vaste pour contenir une escadre. Des travaux commencés en 1898, non encore achevés, transformeront une petite partie de cette rade en un excellent port; les navires y disposeront bientôt de 26 hectares, dont 11 ayant 7 mètres d'eau en basse mer et 17 ayant 7m,70, avec 940 mètres de quais et plus de 6 hectares de terre-pleins.

      
      À partir de ce point, la côte s'incline régulièrement vers le sud, puis vers l'est-sud-est, remonte à l'est-nord-est jusqu'au cap Cavallo, en décrivant une grande courbe harmonieusement régulière.
      Le cap Cavallo, terre assez élevée, terminé par une pointe aiguë, est voisin des îles Cavallo, qui ne sont que des rochers. L'île Cavallo, proprement dite, à 800 mètres de la côte, a 360 mètres sur 80.

      Plus loin monte le cap Afia, roche isolée, d'un rouge de feu, au N-E. de laquelle sont quelques rochers noirs qu'entourent des fonds madréporiques : on y trouve du corail rouge. Entre le cap Afia et Djidjelli s'échancrent deux criques où se réfugient quelquefois les caboteurs. Celle de l'est, dite la Salamandre, est la meilleure : après quoi la côte est formée jusqu'à Djidjelli par un cordon de roches basses.
      Djidjelli est bâtie sur une belle plage qui, en se courbant forme l'enceinte d'un port protégé contre la mer, au nord, par une ligne de récifs longue de 900 mètres, en partie reliés entre eux par une jetée; abrité des vents d'ouest, mais exposé aux vents du nord-est, il est, en somme, dangereux; et l'on travaille à l'améliorer, en tant qu'indispensable à l'exportation des produits forestiers de la contrée.
      De Djidjelli à l'embouchure de I'Oued-el-Kébir, la, côte suit à Peu près l'est-nord-est presque en ligne droite; un peu plus loin, elle se courbe vers le nord et forme la baie de Mers-el-Zeïtouni (le Port des Olives), bien abritée des vents d'est, mais ouverte intérieurement aux vents d'ouest. Ici se dresse le premier des sept caps dont le cap Bougarone est composé. Ce cap, point le plus septentrional de la côte algérienne, occupe de l'est à l'ouest une étendue de 50 kil. à vol d'oiseau. Il se rattache au mont Goufi (1183 mètres). Il est bordé de falaises et découpé par des haies peu profondes. Aucune de ces baies n'offre aux bateaux un abri sûr, si ce n'est celle de Collo, rade foraine, d'où l'on peut appareiller par tous les vents et qui est praticable en toutes saisons, même, avec les mauvais temps. Les grands navires y jettent l'ancre par 25 brasses d'eau sur un fond de sable vasard. L'anse qui sert de port, abrité de tous les vents dangereux, offre aux navires un abri sûr. A peu de distance du rivage s'élève l'île de Collo, rocher de 60 mètres de haut. Puis la côte se déroule en façades, roches énormes qui forment l'îlot Tarsa et l'île de Srigina; elle est sinueuse, escarpée jusqu'à la courbure de l'anse de Stora.

      L'anse de Stora occupe le fond d'un golfe d'où il est difficile de sortir par les vents du large. Elle présente au sud-ouest une très belle plage, mais n'offre un bon abri contre la mer que par les vents d'ouest et de sud-ouest. En hiver, les bâtiments jettent l'ancre en dehors de l'anse, par 16 à 18 brasses d'eau; mais ce mouillage extérieur, qui est battu en plein par la grosse mer, est lui-même fort dangereux.
      A 4 kil. environ au sud-est de Stora se trouve le bon port de Philippeville, très fréquenté. à l'abri d'une jetée de 1625 mètres ; il comprend un avant-port de 51 ha 80 ares et une darse de 18 ha 95 ares ayant des fonds de 6 à 11 m.
      La côte, entrecoupée de petites plages, suit la direction de l'est jusqu'au cap Skikda, haut de 190 mètres, abrupt avec quelques rochers. 11 kilomètres d'une plage droite le séparent du cap Filfila, au-delà duquel le littoral remonte vers le nord, puis vers l'ouest jusqu'au cap de Fer.
      Le cap de Fer, qui termine à l'est le golfe évasé qu'on a pris l'habitude de nommer golfe de Stora, est fait de rochers gris entièrement nus; son extrémité ouest, encore plus dentelée que le reste, le Ras-Tchekidich, abrite une petite baie assez profonde où les corailleurs viennent s'approvisionner d'eau.
      À 12 kilomètres est du cap de Fer, on trouve la petite baie de Sidi-Akkach, que domine la Kouba du même nom et où les caboteurs peuvent relâcher; après quoi on rencontre le cap Tàkouch, peu éloigné de l'île Tàkouch, rocher roux peu élevé : M est le petit port de pèche d'Herbillon, que rien ne garantit des vents d'est.
      Du cap Toukouch au cap de Garde, sur un parcours de 57 kilomètres, la direction générale de la côte est le sud-est. On rencontre d'abord le Ras ou cap Arxin, montagne arrondie du côté de la mer. A 4 km de là, une koubba domine un mamelon avancé. Le cap de Garde, éperon d'une crête de montagnes qui part du mont Edough, est d'une désolante aridité.
      À l'est de ce cap, la côte tourne brusquement vers le sud, et la mer s'y précipite pour former le profond golfe de Bône, où l'on trouve d'abord le mouillage du fort Génois, port de refuge, puis celui des Caroubiers, puis le Ras?el?Hamam (ou cap des Pigeons) : celui-ci a devant lui un roc de 17 mètres de haut nommé cap du Lion.

      Le golfe de Bône s'étend du cap de Garde au cap Rosa; à Bône, de grands travaux en cours d'exécution assureront à cette ville un avant-port de 47 hectares; une darse extérieure de 70 hectares; une darse intérieure de 10 hectares ; en tous 127 hectares avec profondeur de 7 m. 50.
      La plage qui borde la ville tourne au sud jusqu'à l'embouchure de la Seybouse ; à partir de cette rivière, elle se courbe peu à peu vers le sud-est, puis vers l'est et enfin remonte à l'est-nord-est, pour aller à 224 kilomètres de distance rejoindre le cap Rosa, qui a 90 mètres de haut.
      Du cap Rosa, la côte descend vers le sud-est pendant 8 kilomètres, remonte ensuite vers l'est-nord-est, jusqu'au Bastion de France (ancien établissement de la compagnie d'Afrique), puis tourne à l'est et vient former le cap Gros.
      À 4 kilomètres environ de ce dernier cap, sur une petite baie abritée du nord et du nord-est par une presqu'île, est La Galle, port fréquenté par les corailleurs et par quelques navires qui viennent y chercher les minerais de Kef-Oum-Téboul. Le mouillage est passable au dehors, mais le port est dangereux pour les bâtiments qui ne peuvent se héler à terre.
      A partir de La Calle, la côte remonte insensiblement vers le nord-est jusqu'au cap Roux. A 11 km de La Calle on rencontre la plage de Mésida, oÙ l'on embarque les produits métallurgiques de Kef-oum-Téboul. Le cap Roux, situé à 38 kilomètres de La Calle, est escarpé de tous les côtés : c'est le point extrême de notre frontière, mais seulement en apparence depuis l'établissement de notre protectorat sur la Tunisie.

      Rivières.
      L'Oued-Sahel prend sa source dans le Djebel-Dira, au sud d'Aumale, passe à Aumale, à Bouira et à Béni-Mansour, longe au sud puis à l'est la haute crête du Djurdjura, reçoit l'Oued-Mahrir, qui a traversé les Bibans ou Portes-de-fer, et la rivière de Sétif, le Bou-Sellam, plus longue, plus forte que lui, et toutes en sinuosités dans de hautes montagnes peuplées de Kabyles. L'Oued-Sahel, prenant le nom de Soummam, se perd en mer près de Bougie. Cours 175 kilomètres. Étiage 900 litres par seconde; débit d'hiver considérable. On se propose de le barrer près du confluent de l'Oued?Sebkha, en aval d'El-Adjiba, pour arroser en partie le superbe bassin de Béni-Mansour.
      L'Oued-Agrioun, qui descend du Djebel-Mégris, au nord-ouest de Sétif, traverse dans les monts Babors, les fameuses gorges du Chabet-el-Akhra et se jette dans le golfe de Bougie à 55 kilomètres est de cette ville. Étiage considérable : malgré la brièveté de son cours, le peu d'étendue de son bassin, c'est une des meilleures rivières
      L'Oued-Djindjen, qui descend des montagnes du Babor, coule d'abord de l'ouest à l'est, puis descend vers le nord et se jette dans la mer à 12 kilomètres est de Djidjelli. Étiage, 500 litres par seconde.
      L'Oued-el-Kébir, qui est formé de l'Oued-Boumel, grossi du Bou-Merzoug. L'Oued-el-Kéhir descend des montagnes qui sont à l'est de Sétif et, sous le nom de Roumel, coule de l'ouest à l'est jusqu'à Constantine, qu'il entoure sur les deux tiers de son périmètre, après avoir reçu le Bou-Merzoug au sud de cette ville; il descend ensuite vers le nord, boit le superbe ruisseau des sources chaudes du Hainîna (800 litres par seconde), prend le nom d'Oued-el-Kébir au confluent de l'Oued-Endja qui vient de l'ouest, et tombe dans la mer à 52 kilomètres est de Djidjelli. Cours, 225 kilomètres. Étiage de plus d'un mètre cube par seconde. Crues très violentes.
      Il doit remplir un grand réservoir projeté dans la gorge de l'Oued-Atménia derrière une levée de 50 mètres: ce réservoir aura 45 millions de mètres cubes; il fera marcher des usines, nettoiera le ravin de Constantine et irriguera des terres au-dessous de cette ville, grâce à son débit de plus d'un mètre cube par seconde.
      Le Bou-Merzoug a pour origine une des grandes sources de l'Algérie, au pied du mont Fortas : elle donne de 300 à 600 ou 900 lit. par seconde et donnerait plus encore si l'on en abaissait le seuil. Aussi le Bou-Merzoug est-il précieux pour les irrigations.
      L'Oued-Zhour, petite rivière dont l'embouchure est située à quelques kil. au S. de Mers-Ez-Zeïtoun, et qui mérite une mention spéciale en raison de ce que c'est, de toutes les rivières de l'Algérie, la seule qui nourrisse la truite.
      L'Oued-El-Guébli, qui se jette à la mer à peu de distance au S.-E. de Collo.
      Le Saf-Saf (90 kil.) descend du Djebel-Thaya, au N.-O. de Guelma, coule du S. au N., et arrose la banlieue de Philippeville. Le barrage proposé chez les Zardézas, à Kalaat-el-Haïdj, emmagasinerait 22 millions de mètres cubes pour l'irrigation de 4,000 hect.
      L'Oued-Senhadja (95 kil.) descend également du Djebel-Thaya, sous le nom de Fendek, serpente dans le pays de Jemmapes et se jette dans le golfe de Stora, au sud-est du cap de Fer.
      La Seybouse (220 kil.) qui, dans son cours supérieur, a le nom d'Oued-Cherf, descend des plateaux des Oued-Kanfeur, coule du S. ait N., jusqu'à Medjez-Hamar, où elle reçoit sur sa g. l'Oued-bou-Hamdan ou Oued-Zenati, baigne le beau bassin de Guelma et se jette dans la rade de Bône. Son étiage est presque nul, mais de l'entrée de la saison des pluies jusqu'au mois de juin elle donne 5 m. cubes par seconde.
      La Mafrag (95 kil.) se jette dans le golfe de Bône. Elle reçoit, à dr., près de son embouchure, un Oued-Kébir qui descend des crêtes de la frontière tunisienne.
      Il est question de barrer cette rivière pour la jeter dans le lac Oubéira, la plus grande des trois nappes d'eau voisines de La Calle (il a, dans son plein, entre rives marécageuses, 2,500 ha, à 52 m. d'alt.). On constituerait de la sorte une réserve d'environ 50 millions de m. cubes pour l'irrigation des immenses plaines du Tarf et des Béni-Amar : soit 10,000 à 12,000 litres, sinon 15,000. D'après un autre projet, on dessécherait, au contraire, ce lac, et l'on kbtiendrait d'excellentes terres. Les deux autres lacs de La Calle sont le Guerra El?Houp, ou encore Tonga ou Tonègue (1,800 ha), qu'une petite rivière qnit à la Méditerranée, et le Guerra El -Melah (800 ht.) ou lac Salé, qui, de niveau avec la Méditerranéa, et tout près d'elle, a en effet des eaux amères.
      La Medjerda n'a que son ckurs supérieur en Algérie : née à Khamissa, elle va passer à quelques kilomètres de Souk-Ahras, et s'achemine vers la Tunisie par des gorges très fraîches et fort pittoresques, tantôt suivies, tantôt coupées par le chemin de fer de Tunis; ehle quitte l'Algérie après un cours de 100 kilomètres à peine, sur 565 de longueur totala - 485 de son eibouchure au nord des collines dm Carthage à la source de son grand affluent l'Oued-Mellègue, venu des monts de Tébessa.
      Toutes ces rivières arrosent le territoire dq Tell.
      Au nombre des cours d'eau qui appartiennent à(la région saharienne, nkus citerons seulement :
      L'Oued-Djédi, qui prend sa source dajs le Djebèl-Amour et, sous le nom d'Oued-Mzi, passe à Laghouat (prov. d'Alger).(Dans la province de Constantine, il reçoit l'Ouad-Biskra, et, après un parcours de 500 kilomètres, va sa perdre dans le chott Mélrir. Il est le plus ordinairement à sec.
      L'Oued-Biskra (170 kilomètres) descend des monts Aqrès par les gorges fameuses d'El-Kantara; de même l'Oued-Abdi (100 kilomètres), son affluent, dont les défilés ne sont pas moins beaux.
      L'Ouad-el-Abiod (150 kilomètres) et l'Oued-el-Arab (150 kilomètres) courent également en cascades dans de superbes fissures; ce n'est que dans les très grandes crues qu'ils arrivenp jusqu'au chott Melrir.

      Lacs et Chotts.
      Dans le département `e Constantine, les lacs, qu'on `ésigne aussi sous le nom de guerra, et les chotps sont en plus crand noibre que dans les deux autres départements. Les principaux sont :
      Le lac Fetzara, à 20 kil. Sud-ouest de Bône : lagune saumâtre dont la superficie couvre, suivant la pluviosité des saisons, de 4,000 à 9,000, même 14,000 hmctares. Aucune des tentatives faites jusqu'à ce jour pour le dessécher n'a réussi.
      Les lacs de la Galle. (V. ci-des{us, à l'article(de la rivière Mafrag, pages 156 et 158.)
      Le chott El-Beïda, situé à 44 kilomètres sud-est de Sétif, à l'altitude de 887 m Ures (5,000 hectares)
      Le chott Mzouri, à 50 kilomètres sud de Constantine (5,008 hectares) ;
      L'Ank-Djemel-el)Kébir, à 712 kilomètres sud-sud-est de Constantine, à 832 m. d'altitude (5,000 ha) ;
      Le guerra El-Guallif, à l'est et tout près du précédent 1(5,000 hectares) ;
      Le Tarf,(à 820 ni. d'altitude, à 92 kil. Sud-est de Constantine, au S.-O. d'Aïn-Beïda (20,000 hectares);
      Le Hodna, à 400 m. d'altituda, à 50 kilomètras nord-mst de Bou-Saâda (75,000(hectares) : entre autres rivièras, il rmçoit des monts de Bordj-bou-Arréridj l'Oued-Ksab (155 km), facile à barrer, dans la défilé du Kef-Matrak, par une digue de 25 mètres de(haut permettant de réserver 20 millions de mètres cubes d'eau pkur l'irrigation des environs de Msila et des plaines Hodnéennes;
      Le petit chktt du Hodna, à l'est du précédent. et dont l'ex|rémité orientala est à 66 kilomètres nord-ouest de Biskra (8,508 hectarms);
      Enfin, le Chott Ielrir, situé dans la région saharienne, à 70 kilomètres sud de Biskra (:40,000 hectares environ). Son lit communique à l'est avec celui du Chotp Sellem. Du Chott Sellem au golfe de Gabès, sitqé à 320 kilomètres à l'mst, on trouve uje série de bas-bonds semblables, parmi hesquels les plus importants sonp les Chotts Rarsa et El Djerid. Le bord(orientah de ce dernier n'est distant de la Médixerranée que d'environ 18 kilomètres. Ro}daire a~ait conçu le hardi, mais chimérique projet de réunir tous ces chotts en un seul lac, qui aurait constitué une mar intérieure; malgré l'intervention de M. de Lesseps, il fallut renoncer à cette utopie.
      On a constaté sur les bords du chott Melrir des variations d'altitude très notables. C'est ainsi que certains points sont de 4, 9, 18, 20 et même 50 mètres au-dessous du niveau de la mer, tandis que certains autres dépassent ce niveau de 6, 10, 24, 26 et même 36 mètres.

IV. - Climat.

      Le climat du département de Constantine est sensiblement le même que celui des deux autres départements : mêmes divisions climatologiques, mêmes influences exercées sur l'économie par les variations de l'atmosphère.
      Dans la zone maritime, le thermomètre ne descend nulle part à zéro, mais il atteint quelquefois 48 degrés (maximum absolu).
      Dans les villes du littoral, les températures moyennes sont les suivantes. Bougie et Djidjelli,18°; Philippeville, 18°,5, Bône, 18°,5; La Calle 18°.
      Dans la zone montagneuse littorale, la température la plus basse est de 4 degrés au-dessous de zéro, et la plus haute atteint 46 degrés. Températures moyennes : Sétif, 15°; Constantine, 16°,7 ; Guelma, 17°.
      Dans la région mixte, le thermomètre descend jusqu'à 8 degrés, souvent plus, au-dessous de zéro et dépasse 38 degrés. Températures moyennes : Batna, 16°,2 ; Tébessa, 17°.
      Dans le Sahara, où le thermomètre marque parfois 50 degrés, 200; on a pour températures moyennes : à Biskra 20°, a Touggourt, 22° ; en hiver le climat de Biskra ne diffère pas beaucoup de celui du littoral.
      La neige est assez rare dans la zone maritime, ainsi que dans le Sahara; mais elle tombe chaque hiver en quantité notable dans la région montagneuse et sur les Hauts-Plateaux.
      On évalue ainsi qu'il suit la quantité annuelle d'eaux pluviales : la moyenne est de 1,000 à 1,100 millimètres sur les bords du golfe de Bougie et à Djidjelli ; elle est de 850 millimètres dans la partie comprise entre Djidjelli et La Calle.
      Dans l'intérieur du Tell, la moyenne est de 400 millimètres à Sétif et à Batna, de 600 millimètres à Constantine et Guelma.
      À Biskra, la quantité d'eau qui tombe chaque année, principalement pendant les mois d'avril et d'octobre, est évaluée par le docteur Sériziat à 280 millimètres. L'aridité du climat de Biskra est donc beaucoup moins grande qu'on ne le croit généralement.

V. - Curiosités naturelles.

      Parmi les curiosités naturelles de cette belle province, nous signalerons avant tout les gorges du Chabet-el-Akhra, qu'emprunte la route de Bougie à Sétif, pendant 7 kilomètres, jusqu'au village de Kerrata, entre deux montagnes à pic de hauteurs vertigineuses, le long de l'Oued-Agrioum, brisé de cascades;
- les gorges et les cascades du Roumel, autour et au pied du fameux rocher de Constantine, haut de 100 à 200 mètres : le Roumel y coule au fond de l'abîme, passe sous un pont de 125 mètres de hauteur et sous trois grandes voûtes naturelles, puis tombe de 67 mètres de haut par une triple cascade;
- les tortueuses gorges du Bou-Sellam inférieur;
- les Bibans ou Portes-de-Fer, plus arides que belles; les gorges de la Medjerda entre Souk-Ahras et la frontière de Tunisie;
- les gorges d'El-Kantara, si justement célèbres, sur la route de Batna à Biskra, près de l'entrée du Sahara;
- celles de l'Oued-Abdi, de l'Oued-el-Abiod, de l'Oued-el-Arab et, en général, toutes les gorges du massif des Babors ou Petite-Kabylie, pays éminemment pittoresque ;
- et surtout celles du versant méridional de l'Aurès, très profondes, très sauvages, avec d'immenses roches et de curieux villages berbères accrochés au flanc des précipices.
      Parmi les sources, les plus puissantes sont celles du Hamma, thermales, donnant environ 800 litres par seconde;
- puis viennent les sources du Bou-Nerzoug, donnant de 300 à 900 litres par seconde suivant les saisons et suivant les années;
- les sources de Khollekhol dans la plaine de Tifech;
- les admirables sources thermales et les cônes de dépôt d'Hammam-Meskhoutine qui sont une merveille de la nature;
- Hammam-Salahhin, 46°, à 8 k. N.-O. de Biskra.
      Un grand nombre d'entre elles donnent naissance à de véritables rivières thermales : telles, dans les Zibans, les sources de Mélili. Nombreuses cascades ou plutôt cascatelles ;
- grottes d'Aïn-Taya dans les montagnes;
- lac souterrain à Hammam-Meskhoutine; autre lac souterrain dans le bloc même du rocher de Constantine.

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 6 JUIN 2004
Communiqué de l'A.B.C.T
RETENEZ BIEN CETTE DATE 6 JUIN 2004 ET RESERVEZ-LA
Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie

Cher(e) Compatriote et Ami(e) de l'Est Algérien

     J'ai le grand plaisir de vous annoncer, que pour la 37ème année, l'Amicale des Bônois, Constantinois et Anciens de Tunisie, du Gard, organise le grand rendez-vous national d'UZES. C'est donc le:

dimanche 6 juin qu'aura lieu la traditionnelle journée champêtre

     Comme les années précédentes, c'est dans le cadre verdoyant du camping municipal d'UZES , mis à notre disposition par la Municipalité de cette ville, que nous vous accuelikrons.

Le programme est le suivant:
8 heures 30 :Entrée libre et accueil des participants.
10 heures 30 : Grand-messe en plein air avec la statue de Saint Augustin : Evêque d'Hippone.
11 heures 30 :Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des amicales de rapatriés de toute la région.
12 heures :Repas tiré du sac.
15 heures 19 heures: Animations diverses
17 heures : Tirage de la tombola. 10 lots de grande valeur (prix du billet 1 Euro 50)

Vous trouverez sur place .: Boissons, merguez et pâtisseries orientales et café.
Pains, Boissons, merguez, pâtisseries orientales et café.
La recette des différents stands, nous permet de couvrir les frais de cette organisation (assurances ? animation?sécurité, agencements etc.) Nous comptons sur vous pour les faire " tourner ".

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.
Qu'on se le dise ! ! ! de bouche à oreilles ou par Tam-Tam....

Merci d'avance de votre participation
Le Président, J.P. ROZIER

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.

Cette journée nationale, Campagnarde et conviviale, se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette",
sa petite table et chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour l'Anisette (se délecter avec modération)


CHANSONS D'ENFANCE
Envoyé par M. Marcel CUTAJAR

      Dans les années 40, comme beaucoup de mes jeunes compatriotes d'alors, j'usais mes fonds de culotte sur les bancs de l'école primaire. Pour ma part, il s'agissait de ceux de l'école du Boulevard Victor Hugo, alors dirigée par le sévère monsieur DURAND, mais qu'on continuait à appeler communément " école MATTERA ", en raison de la présence, à sa tête, durant de très nombreuses années, d'un directeur qui portait ce nom et qui avait fini par y laisser son empreinte.

      Les chansons qu'on nous enseignait étaient, ô combien, patriotiques.

      Hors, le bon vieux " FLOTTE PETIT DRAPEAU ", qui traversa sans dommage, cette période, d'autres au contraire, chantées avec enthousiasme dans les années 40 à 42, furent par la suite, radicalement proscrites.

      Telle, celle à la gloire du Maréchal : on la chantait sur tous les tons. Les répétitions se faisaient dans la cour de l'école, autour du gros " caoutchoutier1 " qui trônait, impassible, en son centre. Le chœur des élèves se répartissait en deux groupes, l'un faisant échos à l'autre.

      En prévision des grandes occasions nous la chantions à tout bout de champ.

      Le samedi après-midi par exemple, au retour de notre sortie à " la Fontaine Romaine2 " , qui était notre séance de " plein air ", nos maîtres - nous étions toujours deux ou trois classes à sortir ensemble -, nous faisaient arrêter et mettre en rang au sommet de la côte du Pont de la Tranchée3, avant d'entreprendre la descente jusqu'à l'école.

      Au signal convenu, nous démarrions, au pas, au son de l'auguste chanson.

      Dans la poussière que nous nous complaisions à soulever, nous avancions, torse bombé, allure martiale, en chantant à tue-tète, vers le portail d'entrée de l'école où nous scrutait l'œil bleu d'acier du directeur et où nous attendaient, attendris, nos parents.

Photo Marcel Cutajar

      Des grandes occasions évoquées plus haut, il y en eut une dont je me souviens, celle de la visite, le premier mai 1941, de Monsieur BOROTRA, Ministre de la Jeunesse et des Sports. Ce jour-là, les enfants de toutes les écoles de la ville furent réunis sur la pelouse du stade-vélodrome, parmi une foule immense. Et l'on entonna dans un silence impressionnant, la chanson-culte de l'époque.

      Puis les temps changèrent ; les Alliés débarquèrent à BÔNE en novembre 42. S'en suivit une période où il n'y eut plus d'école pour cause de bombardements. Les cours ne reprirent que vers mai-juin 43...

      Et avec eux d'autres chansons…

      La " MARSEILLAISE " revint en force, mais aussi d'autres hymnes, encore plus guerriers, tels " LE CHANT DU DEPART " ou encore, " EN PASSANT PAR LA LORRAINE… ".

      Nos répétitions continuaient d'avoir lieu, avec tout autant de conviction, à l'ombre du vénérable " caoutchoutier " qui devait frémir sous sa ramure, témoin qu'il était de la relativité des choses et de la versatilité des idées, en ce bas-monde… Mais trêve de philosophie…

      Vers la fin de la guerre, nous frissonnions, en entonnant, très graves, " LE CHANT DES PARTISANS ".

      Puis ce fut " L'HYMNE A LA JOIE ", de BEETHOVEN ( décidément de toutes les époques ), qu'on nous enseigna sur des paroles de circonstance : La France venait d'être libérée et il convenait d'en faire des louanges ; je me souviens que les paroles de ce chant débutaient par " O CHARMANT JARDIN DE FRANCE "…Dans nos jeunes têtes, dont nombreuses étaient celles qui n'avaient jamais franchi la Méditerranée, nous nous imaginions la France, verte et fleurie : un Eden ,quoi ! Notre Mère-Patrie n'avait jamais été aussi proche de nos cœurs. Quelle délicieuse émotion !

      Enfin, il y eut " LE CHANT DES AFRICAINS ". Celui-là eut un destin pathétique. Il fut encore entonné, bien plus tard, en des jours tourmentés4

      Il l'est encore aujourd'hui, mais seulement par ceux qui continuent de croire (naïvement ?), à une certaine idée de la France…

Marcel CUTAJAR

1) Nom " local " du ficus.
2) Vieille fontaine d'origine non établie qu'on appelait communément " romaine " ; elle se situait à proximité d'un petit terrain de jeux, à l'ombre d'un bois d'eucalyptus.
3) Pont qui enjambait à une vingtaine de mètres de haut, une large route qui conduisait au port ; ce pont reliait la vieille ville à la route des Caroubiers, qui elle, conduisait aux plages.
4) Période qui précéda et qui suivit l'Indépendance de l'Algérie


C'est ce qu'on vous a dit,
c'est ce qu'on vous a raconté…

      Dimanche de Pentecôte. 30 mai. C'est l'anniversaire de ma mère. Quatre-vingt cinq ans.
      Déjà, la moitié de sa vie, passée ici. Je ne dis pas en France.
      Bab-el-Oued. L'avenue de la Bouzaréah. Le marché couvert. Les Bains Maures. Les Trois Horloges. La Bassetta. Les parties de six-mora dans les bars. La Kémia autour de l'anisette. Les bains à Padovani. Les cours de dactylographie. Les longues promenades à vélo pour aller voir son fiancé à Mahelma, au camp de Jeunesse. Drapeaux tricolores de la France, hauts et fiers. Mon père. Le Baptême, la Communion, le Mariage à Saint-Joseph. Le Front-Populaire, et les défilés du Premier Mai, le point tendu. Les guerres. Drapeaux Tricolores de la France, hauts et fiers. Mon grand-père qui revient gazé, mon oncle qui revient blessé. Un autre oncle Mort en 1915, pour la France. L'Occupation. Drapeaux tricolores de la France, hauts et fiers. Les défilés en chantant : " Maréchal, nous voilà !... ". L'après-guerre difficile. Ma naissance. Celle de ma sœur. Le froid piquant de Bouzaréah, l'hiver, quand il faut préparer la nourriture des poules ou aller couper de l'herbe pour les lapins. Les étés brûlants avec le peu d'eau de pluie de la citerne pour boire et se laver. Les Fêtes de l'Armistice, de la Victoire, du 14 Juillet, Drapeaux Tricolores de la France, Hauts et Fiers. La prise en gérance de la boulangerie du Grand-père. Les attentats. Les assassinats. Les enlèvements. Les viols. Et l'Espoir d'un mois de mai. Les défilés, les rassemblements populaires. Toujours les Drapeaux Tricolores de la France, plus Hauts et encore plus Fiers. L'espoir trahi. Mais toujours les Drapeaux Tricolores de la France Hauts et Fiers. Une résistance pour regarder et garder toujours, le Drapeau Tricolore de la France, Haut et Fier. Un mois de Mars. Un mois de Juillet. Notre abandon. Notre accueil. Est-ce que le mot " Désaccueil " existe ? Il serait plus adéquat. Le refus de nous accepter dans tel lycée, dans telle école. L'interdiction de nous installer à Marseille. Les insultes, les calomnies. Les mensonges sur notre compte. La falsification de l'Histoire. Pas uniquement la nôtre. Celle de la France, celle des drapeaux tricolores, Hauts et Fiers.

      Mamie est gâtée. Elle lit en pleurant les cartes que nous lui avons tous écrites. Elle ouvre ses cadeaux et nous embrasse tous. Le repas se passe dans la bonne humeur. Nous nous régalons. Cuisine française. Vins français. Nous sommes trois pieds-Noirs. Trois " nouss-nouss " - ma nièce et mes enfants. Ma femme, mon beau-frère, sa sœur et sa mère sont du Nord de la France, mais dans le midi depuis presque toujours. Mon beau-fils est de Marseille. Le beau-frère de ma sœur est un pur Niçois. Deux invités-surprise. Deux niçois des beaux quartiers, les parents du mari de ma nièce. Le mari prof d'histoire, l'épouse prof de math. Ma sœur est toute fière de nous montrer l'acte de décès de notre Grand-Oncle Pascal mort pour la France. Celle du Drapeau tricolore, Haut et Fier.
      La prof de math, s'adressant à moi :
      - Mon Grand-Oncle. Tué en 1915 par l'aviation Allemande.
      - Vous êtes Français ?

      Ma surprise frôle la colère. Je me contiens.

      - Oui, je pense bien !
      - Vous en êtes sur ?
      - Comme mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents !
      - C'est ce qu'on vous a dit !
      - Nous sommes français. Nés sur une terre française.
      - C'est ce qu'on vous a raconté. Vous êtes nés en Afrique.
      - Non. En Algérie. L'Algérie était Française. Découpée en départements français, comme en France.
      - C'est ce qu'on vous a fait croire.
      - Non, c'est de l'Histoire. L'Histoire de la France.
      - C'est ce que l'on vous a dit…

      J'ai descendu mon drapeau Tricolore. Celui qui claquait au vent, sur sa hampe, Haut et Fier.

      Ce n'est plus mon drapeau. C'est celui du Mensonge organisé. De la lâcheté. De l'abandon. Des grèves à répétition. Des privilèges. Des donneurs de leçons. Du reniement. De la perte de son honneur, de ses valeurs. De la disparition de sa langue, de son identité. De l'oubli de ses frontières, de la honte…

      Non, vraiment, ce n'est plus mon drapeau.

      Et cela, on ne me l'a pas dit, on ne me l'a pas raconté.

      Jean-pierre Ferrer-Cerdan. 100% de sang espagnol. Le 31 Mai 2004. Quelque part dans un pays qui n'est plus le mien. Et, ça, c'est moi qui vous l'affirme.


FR et la Désinformation
Qui sont les Racistes ?


     Le 11 avril au soir, nous recevions le message outré et justifié de notre compatriote Jean Pierre Ferrer.

     Bonsoir, tous
     Je viens de regarder le journal Télé de FR3 ce dimanche de Pâques 11/4/2004 19h50.
     Le journaliste relatait les conditions de vie des Harkis dans le camp de réfugiés (ancienne caserne désaffectée) jusqu'en 1977, à BIAS (Lot et Garonne).
     Camp fermé à clé. Pas d'eau courante, ni toilettes, couvre-feu depuis 1962 tous les soirs, illettrisme...

"CE CAMP ETAIT GERE PAR DES PIEDS-NOIRS DE LA MEME FAÇON QU'ILS GERAIENT L'ALGERIE COLONIALE..."

     Je vous saurais gré, à tous de me dire si NOUS, Pieds-Noirs, avons géré ce camp et dans les conditions décrites par FR3.
     Si c'est un mensonge éhonté, s'il vous plait, réagissez.
     Je vous remercie par avance. Merci de le faire suivre
     Jean Pierre Ferrer

     Un autre message de Jean Paul Selles le tout nouveau Président de l'UNFAN, suivait et apportait une 1ère réponse.

     Sois pleinement rassuré après cette énième émission télévisée de désinformation ! Ce camp ouvert en 1962, a été dirigé dés 1963 par un ancien capitaine de SAS, métropolitain, originaire vraisemblablement de Charente.
     Les employés Pieds-Noirs qui ont travaillé sous ses ordres, parlaient l'arabe pour la plupart (raison de leur embauche..)
     Sur 5 instituteurs, il y avait 3 Pieds-Noirs et 2 métropolitains.
     Il y avait 2 docteurs: Dr DOULAF, breton et Dr JAMMES métropolitain aussi..
     Quelques Pieds-Noirs dans les bureaux, la cuisine, et 1 garde-champêtre métropolitain. Il n'y a rien à dire sur le comportement des Pieds-Noirs travaillant dans ce camp, sous les ordres d'un métropolitain.

     Un second message, de Jean Claude Lahiner, arrivait avec des précisions sur l'intox et la désinformation.

     Cette affaire n'est pas nouvelle. Elle se situe dans la continuité d'une campagne initiée en 2001.
     Depuis déjà quelques temps "le problème des Harkis" tente d'être utilisé par la vieille alliance gaullo-communiste.
     Il s'agit pour eux d'utiliser la population Harkie:
     1) à des fins électorales.
     2) comme nouveau facteur de culpabilisation des français.
     Il fallait pour cela commencer par faire le distingo entre les Harkis (après des décennies de silence sur le sujet) et les Pieds-Noirs. La constitution du Haut Conseil des Rapatriés en deux sections bien distinctes en est un révélateur.
     Ensuite il fallait que les Harkis soit "à la mode". On leur consacre soudainement des émissions de télévision, des pages dans les magasines, le Président de la République décide de leur consacrer une journée d'Hommage etc.
     Parmi les ouvrages de référence, celui de Dalila Kerchouche (journaliste au bien pensant L'Express), "Mon père ce Harki", à reçu un accueil médiatique inégalé. Pourquoi celui-ci parmi les nombreux livres écrits depuis des décennies? Tout simplement parce le ton y est très différent.
     Dalila Kerchouche est en fait une fille de Harki née en métropole, honteuse et culpabilisée: "A l'école mes copines, des filles d'immigrés, se pavanaient devant moi, si fières de leurs pères moudjahidines que je mourrais de honte de parler du mien. D'un côté les héros, de l'autre les traîtres..." (Page 24)
     L'histoire de la guerre d'Algérie ce n'est pas de ses parents, restés silencieux sur cette période, qu'elle l'a apprise; c'est de l'Éducation Nationale. Alors, elle écrit l'histoire de son père et des camps de Harkis de façon à ce qu'elle cadre bien avec l'Histoire officielle.
     "...cette peur que j'ai prise pour de la faiblesse tire ces origines de la violence exercée par certains soldats à l'encontre des Harkis. La même violence que les colons, en Algérie, utilisaient pour 'faire suer le burnous' des fellahs." (Page 61)
     " Chaque matin, les agriculteurs Pieds-Noirs réinstallés dans la région garent leurs camions devant le portail du camp et recrutent les Harkis pour leurs travaux agricoles...Au fond rien à changé depuis l'Algérie Coloniale..." (Page 64)
     " Qui sont ces fonctionnaires qui ont "gérés" les Harkis? Mes parents ont souvent eu affaire à des Pieds-Noirs. Pourquoi? Je l'ignore. Ont-ils conscience, pour certains, du mal qu'ils ont pu commettre? Ont-ils des remords?..." (Page 99)
     "Nommés à ces postes pour leur"profonde connaissance de la mentalité musulmane", les fonctionnaires et les travailleurs sociaux appliquent l'adage colonial: un arabe ne comprend que la force." (Page 151)

     En fait le malheur des Harkis dans les camps en France est essentiellement dû aux Pieds-Noirs.
     Puis D.K. décide d'aller en Algérie retrouver ses racines/
     "Où est-elle mon histoire? Dans ces rues d'Alger que j'emprunte en ce matin lumineux avec Ahmed, dans ces avenues qui portent toutes des noms de Héros de la révolution? Avenues Larbi-ben-Midhi, Didouche-Mourad, Krim Belkacem... je me sens un peu mal à l'aise devant ces hommages; chaque pancarte ravive mon sentiment de culpabilité et me renvoie au choix de mon père..."
     Et puis D.K. imagine la vie de Harki de son père. Il n'a tué personne, quant il tirait sur les ennemies il faisait semblant de viser et tirait à côté...Il est écœuré de voir les soldats français achever les prisonniers. Il s'interpose pour protéger les civils des soldats français. Il protège les maquisards. Il n'a jamais participé à la torture ou aux corvées de bois, lui, contrairement aux autres.
     Et puis, révélation oh combien soulageante, son oncle lui raconte que son père travaillait pour le FLN. Il jouait double jeu...Il volait les munitions de la caserne et les apportait au FLN.
     La boucle est bouclée. La famille de D.K. exploitée en Algérie par les colons, l'a été en France, dans les camps, par les Pieds-Noirs. Son père, Harki enrôlé par l'armée française n'a toutefois pas été un traître à la révolution et a même aidé le FLN dans son combat contre les colonialistes. Dalila Kerchouche, soulagée, est enfin fière de son père.
     La presse, les médias peuvent maintenant reprendre et développer cette histoire des harkis manipulés par l'armée française et les Pieds-Noirs.
     Le crime contre les Harkis peut maintenant s'additionner aux méfaits du colonialisme, les tortures de l'armées, l'égoïsme de Pieds-Noirs etc.
     Les français ont une nouvelle raison de culpabiliser.
     La conscience du peuple français ne pourra pas s'éveiller devant le danger de l'immigration Nord-Africaine. Ses fautes sont si lourdes qu'il abandonnera l'idée de défendre son identité face à l'invasion souhaitée et programmée par l'anti-France.
     J.C. Lahiner

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     L'intox et la désinfo sont encore là pour nous salir.
     L'éducation nationale a fait son sale boulot et certains enfants de PN ont honte de leur parents, comme certains enfants de Harkis...
     Il faut que la communauté PN réagisse et demande un droit de réponse à FR3.

     Suite à cela, une femme Pieds-Noirs, Josseline Revel-Mouroz n'a pas attendu que la communauté toute entière se réveille, elle a de suite envoyé deux lettres (ci-dessous) : une au procureur de la république à Nice et une autre au président du CSA. (Sans réponse à ce jour).
     Ensuite elle a demandé un droit de réponse à FR3. La réponse ci-dessous.
     Elle ne s'est pas arreté en si bon chemin, elle a interpellé par lettre (ci-dessous) la LICRA et le MRAP toujours si prompts à défendre la veuve et l'orphelin, sauf Pieds-Noirs. Une réponse de la LICRA
     J'ai appris par la suite, que M. Yves Sainsot, président de l'ANFANOMA, a aussi envoyé un courrier à FR3. Je n'ai pas ce courrier.

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CENTRE D'ETUDES PIED-NOIR                                                  Nice, le 13 avril 2004
C.E.P.N.
Josseline Revel-Mouroz
                                                            Monsieur le Procureur de la République
                                                            Tribunal de Grande Instance
                                                            3, place du Palais
                                                            06300 Nice

     Monsieur le Procureur de la République,

     Le 11 avril, au cours du journal 19-20 de FR3, un journaliste indiquait qu'une délégation de Harkis avait remis une lettre de revendications au Président de la République, à l'occasion de son séjour au Fort de Brégançon.
     Après avoir montré un reportage sur les conditions de vie des Harkis au camp de Bias, de 1962 à 1977, conditions terribles tant sur le plan matériel que sur le plan moral, le commentateur s'est permis de dire : "Ce camp était géré par des Pieds-Noirs de la même façon qu'ils géraient l'Algérie coloniale."
     Cette généralisation destinée à jeter l'opprobre sur toute une communauté de citoyens français et sur l'œuvre de la France dans les départements français d'Algérie constitue une atteinte intolérable à l'honneur de nos parents et grands-parents qui ont payé un tribut particulièrement lourd, au cours des deux guerres mondiales, en défendant le territoire français.
     L'offense est d'autant plus grave que, contrairement à un cas récent, sanctionné par la justice, l'auteur n'est pas un humoriste, mais un journaliste, ou supposé tel, qui s'exprimait au cours d'une émission dite "d'information".
     J'estime que la communauté des Européens d'Algérie a droit à autant de considération et de justice que d'autres citoyens de la république française, comme les Corses ou les homosexuels.
     Par conséquent, je porte plainte contre le journaliste, contre le rédacteur en chef de FR3 et contre le Président de France Télévision pour diffamation et injure publique à caractère raciste.
     Je vous prie de croire, monsieur le Procureur de la République, à ma haute considération.

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CENTRE D'ETUDES PIED-NOIR                                                  Nice, le 14 avril 2004
C.E.P.N.
Josseline Revel-Mouroz
                                                            Tour Mirabeau
                                                            39-43, quai André-Citroën
                                                            75739 Paris Cedex 15

     Monsieur le Président,

     Au mois d'août 2002, au cours de l'émission Faites entrer l'accusé, maître Vergès avait déclaré : "A Nice, il n'y a que des Pieds-Noirs et des gens d'extrême droite", laissant entendre que son client Omar Raddad n'aurait aucune chance dans une ville exclusivement composée de racistes.
     Madame Geneviève Guicheney, au nom du Président de France Télévisions s'était engagée formellement à me faire parvenir une réponse à la lettre que j'avais envoyée. Je l'attends toujours.
     Je vous avais également écrit et vous m'aviez répondu que le CSA "ne dispose d'aucune prérogative en matière de mise en œuvre du droit de réponse", sans, pour autant, rappeler à la chaîne du service public, France 2, que tous les citoyens avaient droit à un traitement équitable, même s'ils ne font pas partie des célébrités médiatiques.
     Or, vous êtes intervenu récemment, dans le cadre de ce que l'on appelle "l'affaire Dieudonné", en adressant une ferme mise en garde à la direction du groupe France Télévisions et en souhaitant l'entendre "pour connaître les dispositifs qu'il compte mettre en œuvre pour assurer à l'avenir une réelle maîtrise de l'antenne et un meilleur respect du public."
     Il semblerait que cette mise en garde soit restée lettre morte puisque, le 11 avril, au cours du journal 19-20, sur FR3, un journaliste s'est permis de dire, en parlant du camp de Bias, où furent parqués les Harkis de 1962 à 1977 : "Ce camp était géré par des Pieds-Noirs de la même façon qu'ils géraient l'Algérie coloniale."
     J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que je porte plainte auprès du Procureur de la République de Nice pour diffamation et injure publique à caractère raciste contre ce journaliste, le rédacteur en chef de FR3 et le président de France Télévisions.
     Je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées.

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CENTRE D'ETUDES PIED-NOIR                                                  Nice, le 17 mai 2004
C.E.P.N.
Josseline Revel-Mouroz
                                                            LICRA
                                                            42, rue du Louvre
                                                            75001 Paris >     Monsieur le Président,

     Le 11 avril, au cours du 19-20 de France 3, était diffusé un reportage sur le camp de Bias, qui avait "accueilli" des Harkis pendant une dizaine d'années, dans des conditions indignes. Après ce reportage, une journaliste a déclaré que ce camp était géré par des Pieds-Noirs, comme ils géraient l'Algérie coloniale..
     J'ai demandé un enregistrement de cette émission et il m'a été répondu que je n'y avais pas droit puisque je ne faisais pas partie des personnes interviewées. La médiatrice de France 3, madame Marie-Laure Augry, tout en reconnaissant que ces propos étaient choquants, ne nous a pas proposé de droit de réponse.
     Or, tout d'abord, ces propos sont mensongers, puisque le camp de Bias n'était pas géré par des Pied-Noirs, mais par un militaire, qui est prêt à témoigner. Ensuite, il s'agit d'une provocation à la haine contre un groupe de personnes en raison de leurs origines, d'une injure publique à caractère raciste et d'une diffamation.
     Je vous serais donc très obligée de bien vouloir me faire savoir si vous avez l'intention de poursuivre les journalistes concernés. Il est, en effet, insupportable, pour notre communauté, d'être insultés, d'une manière ou d'une autre, sans que nous puissions nous défendre, alors que nous avons les mêmes doits que les homosexuels ou les Corses.
     Avec mes remerciements anticipés, je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées.

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De : Josseline Revel-Mouroz
lundi 10 mai 2004 19:07
A : MediateurInfo.France3@exchange.france3.fr
Re: Votre courrier du 03/05/2004 - Camp de Bias

     Madame,

     Je regrette que le droit de réponse qui me semble s'imposer ne nous soit pas accordé, car la journaliste Jennifer Alberts a diffamé toute une communauté et a, de plus, diffusé une fausse nouvelle, puisque le camp de Bias n'était PAS dirigé par des Pieds-Noirs, MAIS PAR UN MILITAIRE, dont j'ai le nom et l'adresse et qui a beaucoup à dire sur le sujet.
     D'autre part "l'Algérie coloniale" n'était pas gérée pas les Pieds-Noirs, mais par un gouvernement français, installé à Paris. Vous signalerez à votre "journaliste" que mon grand-père a fait la guerre de 14 et qu'il a été démobilisé en 1916, à la naissance de ma mère, son 6e enfant. Et, lorsqu'il est mort quelques années plus tard, ma grand-mère s'est retrouvée sans ressources, avec ses six enfants qu'elle a élevés toute seule. Quant à mon oncle, il a "fait" Cassino, avec des milliers d'autres Pieds-Noirs, qui ont permis de libérer la France. C'est grâce à eux, ente autres, que Mme Alberts peut s'exprimer librement aujourd'hui. Ce qui n'est malheureusement pas notre cas.
     Je vous prie d'agréer, madame, mes salutations distinguées.
     J. Revel-Mouroz

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De : juridique@licra.org
lundi 24 mai 2004 09:53
A : Josseline Revel-Mouroz
réponse à votre courrier

     Bonjour,

     J'ai bien reçu votre courrier que j'ai attentivement étudié.
     Plusieurs remarques sont nécessaires.
     D'une part, juridiquement, il ne s'agit pas d'une injure raciste. Il peut s'agir d'une diffamation raciste. Il est à noter qu'il est impossible que ces deux infractions soient poursuivies pour le même fait.
     D'autre part, je ne suis pas certaine qu'il faille dans un premier temps envisager une action juridique, je ne saurai que vous conseiller de prendre attache avec les auteurs de ce reportage pour évoquer avec eux l'inexactitude de leur commentaire et les éventuelles solutions qui sont envisageables, pour répondre aux gens qui ont été blessés par celui-ci.
     Je reste à votre entière disposition pour que nous nous entretenions de cette affaire,
     Bien cordialement,

Service juridique
LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme)
42 rue du Louvre, 75001 Paris, 01 45 08 08 08

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VOILA, CHERS AMIS,
COMMENT SONT TRAITES LES PIEDS-NOIRS.
LE RACISME QUE NOUS SUBISSONS N'INTERESSE PERSONNE, PAS MÊME LES ORGANISMES QUI SE VANTENT DE LUTTER CONTRE LE RACISME. C'EST DEUX FOIS PLUS GRAVE ET OFFENSANT QUE NOS PERES ET GRANDS-PERES SE SONT FAIT CASSER LA GUEULE POUR EUX.
UNE LEÇON DE PLUS A RETENIR

BOUKRAA
Histoires et traditions de la " légère "
Par le Capitaine (H.) Francis JOSSE

Le Spahi de 1ère Classe BOUKRAA était un homme discret. Personne ne se souviendrait de lui sans ces anecdotes le concernant :

Ancien harki, BOUKRAA avait été incorporé chez les Spahis à l’époque, et sous d’autres cieux, où l’on n’était pas trop regardant sur la toise. En vérité, BOUKRAA était encore plus petit que le « T’iot » Michel SCHOLLAERT ! Un record.

Le Maréchal des Logis KARTOUCHE disait malicieusement de lui :

« lorsqu’il mettait l’arme à la bretelle, la crosse du fusil traînait par terre »

Il aurait pu tracer les sillons pour les semis de printemps !

Il fallait encore retailler les plus petits treillis (taille 11), les poches du pantalon lui arrivaient sous les genoux, quant aux poches de chemise, elles lui arrivaient à la ceinture !

« pour cracher par terre, il sautait en l’air ! »

On se souviendra aussi du Spahi CHOUTEAU, barman au Cercle des Sous-Officiers (la bête noire de LANDELLE !), pour lequel il avait fallu réaliser une rehausse spéciale de plancher. Avec lui d’un côté du bar et BOUKRAA de l’autre, on ne voyait que les mains par-dessus le comptoir. Ils correspondaient par signes ! Enfin, ils s’y retrouvaient, entre modèles réduits !

BOUKRAA quitta le service actif mais resta au Quartier Martin comme Personnel Civil du B.A.L. Passé sous les ordres du sympathique Monsieur HELBIG, il fut affecté à la conduite des chaudières. La chaufferie était située sous le bloc des cuisines / salles à manger. Il enfournait bravement des pelletées de coke dans la gueule béante des fours. Il était content.

Toujours souriant, sobre et déférent, BOUKRAA avait une « marotte ». Comme beaucoup de ses coreligionnaires, je pense surtout à DIAF et à AÏT-BARA, il aimait jouer, certainement gros. Le Totto-Lotto avait sa préférence. Pas besoin de se déplacer pour encaisser, la Deutsche Post se chargeait des petits paiements à domicile.

On vit un jour un étrange spectacle. BOUKRAA dansait de joie au milieu de la cour, il avait jeté la pelle, la fourche à coke, la brouette. Il venait d’apprendre qu’il était l’heureux gagnant de 400.000 marks ! Une fortune pour l’époque. HELBIG ne put le ramener au travail. BOUKRAA fila au Bureau de Garnison pour demander son compte.

BOUKRAA devint le propriétaire d’un « café arabe » à LUDWIGSHAFEN. Il ne remit jamais les pieds au Quartier.


        
Capitaine (H.) Francis JOSSE

LA MEDITERRANEE
par M. Marc Rozier
Bulletin ABCT N°25

La Méditerranée, ma Maîtresse Eternelle
A Toi la Grande Bleue

Elle fût, elle l'est et le sera encore et toujours
Jusqu'au jour, où j'irai rejoindre les miens qui m'attendent
Quelque part sur un nuage de l'Eternité ;
Où, avec eux, je retrouverais mes racines.

Mer de notre destin, nous les Exilés,
Comment ne pas " clicher ", qu'une de ses vagues,
N'eusse-t-elle pas été naissante, sur l'autre rivage, celui du sud
Pour venir ourler la grève Languedocienne.

Ô toi Dune, ma Dune, mon Aimante

Tant ardente, chaleureuse, attirante et coquine,
Depuis combien d'années en Elle, je m'y folâtre.
Coquine, car comme en son sable, en qui elle est,
Sait glisser entre mes doigts, sans espoir de le retenir.
Ici
Le Biou, force naturelle, bravoure, fidélité
Fier d'être ce qu'il est,
Sait respecter les Eaux de la Camargue son univers.
La pensée en ces moments de vide, approche l'évasion
Ne manque que mon Univers privé
" l'Olivier "
En ma terre de Là-bas, sur l'autre rive,
De la Grande Bleue, la Méditerranée, ma Maîtresse,
Les dunes d'oléastres en étaient recouvertes.
Patrie d'un sol tant et tant Aimé.
Sol d'un bonheur, alors ignoré,
Est-ce que c'est pour cela, que nous avons été par la suite
" Si malheureux "
Sevrés de notre Terre de LÀ-BAS,


VOYAGE EN ORANIE


Compte rendu de voyage en Algérie du 2 au 9 Mai 2004

      Je me suis rendu en Oranie dans le cadre d'un voyage organisé conjointement par une agence de Marseille, et par un groupe de pieds noirs de cette région. Etant basé à Paris je me suis occupé seul de l'obtention du visa au Consulat d'Algérie dans le 19° arrondissement. Nous étions finalement 60 oranais à un titre ou à un autre désireux de retrouver des sites et des images qui nous rappelleraient notre passé, 42 ans après notre départ précipité de l'été 1962. Moyenne d'age 60 ans avec des « jeunes » de 40 ans et des anciens de 75 ans.
      Le voyage vers Oran s'effectue par ligne régulière d'Air Algérie et dure 1 heure 30 minutes. Nous sommes partis vers 12 heures de Marignane sur un vieux Boeing 737 hors d'age, dont le niveau sonore est élevé. En Algérie on avance d'une heure en cette période. 12 heures en France c'est 11 heures à Oran.
      L'aéroport de Es Sénia ressemble à celui d'Agadir 20 ans auparavant. Il a du être acheté clés en main dans les années 1970 et rien n'a bougé depuis. Il est sale et délabré. A l'arrivée les formalités sont assez longues et nous nous retrouvons à charger nos bagages dans un car qui a au moins 30 ans d'age. Une ambiance bon enfant est de mise.
      Nous démarrons précédés et suivis par 2 véhicules de gendarmerie sirènes hurlantes vers notre hôtel à Ain el Turck, à l'ouest sur la côte oranaise. On se croirait dans Starsky et Hutch. Partout des immeubles et une forêt de paraboles.

      Nous traversons Oran sans coup férir et nous nous dirigeons par la corniche vers notre but en traversant Mers el Kébir. Rien n'a changé du paysage avec l'Ile Plane au loin, le tunnel et la Dent de la Vieille. La côte est toujours superbe. Nous plongeons depuis la route côtière vers l'hôtel en contrebas.
      Il y a des constructions partout et surtout en bord de plage. Elles sont très souvent précaires et inachevées probablement par manque de moyens immédiats.
      L'hôtel est de niveau très moyen, avec des chambres simples sans téléphone et équipées de 2 prises de courant seulement, et un restaurant pour le petit déjeuner et le dîner. Il n'y a que 2 lignes téléphoniques dont l'une depuis une cabine à pièces située dans le hall.
      Nous sommes gardés par des policiers plus les gendarmes qui nous ont escortés. D'emblée on nous met en garde contre le risque qui existe de s'aventurer seuls sur la plage en contrebas. Nous sommes invités en ville par une connaissance du gérant et c'est toujours escorté des 2 voitures de gendarmerie, que nous nous rendons dans Oran.
      Vers 20 heures tout le monde est à l'hôtel pour le souper et il est hors de question de sortir ensuite.
      Les policiers qui couchent à l'hôtel sont responsables de la sécurité du groupe pendant son séjour.

      Premier jour : le lundi matin nous changeons de l'argent à l'hôtel (1 euro = 100 dinars) et nous partons vers 9h30 vers le cimetière de Tamaschouet à Oran, destination plébiscitée par le groupe. Il y a des policiers et gendarmes supplémentaires qui nous attendent car l'endroit est connu pour être dangereux à cause de son étendue connue des voleurs de touristes qui s'y sont déjà manifestés. Chacun se précipite vers l'emplacement des tombes connues ou estimées. L'aspect est celui d'un lieu non entretenu mais non profané. Il faut d'abord repérer les carrés, marcher dans les herbes à écarter pour lire les noms, les tombes sont affaissées naturellement, des croix de bronze manquent.
      Les chapelles sont debout mais à l'abandon. La recherche dure et les résultats sont variables. Jusqu'au moment où le gardien nous signale qu'il dispose des relevés manuels par année des décès, par année et mois dans des cahiers 21x27 d'époque. Il est très serviable et on repart de sa loge avec des renseignements précis. Je retrouve en 5 minutes par ses indications la tombe du grand père presque intacte. Je me demande pourquoi ces cahiers périssables n'ont pas encore été numérisés et saisis sur des tableurs pour permettre des recherches par tris. Voilà un beau sujet de travail de numérisation pour une équipe motivée. Après 3 heures sur place le signal du départ est donné. Beaucoup n'ont rien trouvé et projettent déjà d'y revenir.
      Un groupe de 30 personnes décide alors de visiter Carteaux, Gambetta, St Eugène etc. à pied et part encadrés de policiers. Il vont faire 20 kms à pied en s'arrêtant partout où un membre veut voir quelque chose. C'est la mauvaise méthode. Pour ma part je choisis de déjeuner avec le reste du convoi du côté de la rue d'Arzew. On nous descend en car à la mairie et la troupe se rend dans un snack très propre avec le reste des policiers qui nous surveillent constamment. Prix du repas 500 dinars. Nous commandons un taxi à 3 qui arrive après 30 minutes. Les policiers discutent avec le chauffeur et nous enjoignent de revenir place d'Armes avant 18 h où le car attend pour reformer l'escorte vers Ain el Türck. Nous passons l'après midi à St Eugène et Victor Hugo. Je retrouve tous les lieux que je voulais visiter.
      A chaque fois le scénario est le même. Vous frappez à la porte, vous expliquez qui vous êtes en français ou en arabe via le chauffeur du taxi et on vous ouvre la porte pour que vous visitiez l'intérieur. On fraternise très vite, on s'embrasse, on raconte notre histoire à des jeunes éberlués, on boit le café, on veut nous inviter à manger. Dés que l'on rencontre un ancien on retrouve des souvenirs communs et la conversation se poursuit en espagnol. C'est la buena vida. Des locutions hispaniques reviennent : à voir si (a ver si), il se croit trop (se lo cree mucho) lache lui du fil (déjale hilo) elle lui donne à la patte (lo que gusta darle a la patta) celui là c'est un pignol, les tchancla, plus boloso que lui, je suis tchalé, la calentica caliente, l'estropajo, quitte toi la veste, mets toi le manteau, awah , leche et compagnie . Il n'y a pas la moindre trace d'agressivité ou de rancœur parmi les gens rencontrés.
      Ce qui gène les recherches ce sont ces constructions nouvelles partout. Victor Hugo et le petit lac qui étaient le bout du monde en 1960 sont complètement urbanisés. Détour par l'hippodrome et nous voilà à St Eugène, sa place, son kiosque, ses 3 cinémas tous disparus. Je passe rue Danton voir l'atelier et la maison du grand père paternel. Je saute du taxi presque en marche et je me précipite mais à la place au n° 7 il y a un garage. Le propriétaire a connu tout le quartier et c'est parti pour la tchatche. Je remonte dans le taxi secoué par la rencontre. Le chauffeur stoppe dés que vous voulez revoir quelque chose. On s'arrête à l'église de Saint Eugène, toujours en activité.Nous sommes reçus par une sœur. Il y a là la tombe de l'évêque d'Oran assassiné en 1996. Nous apprenons que si la communauté catholique est réduite (une centaine), les protestants sont plus nombreux (700) en Oranie.
      Quelques conversions de musulmans qui se déroulent en secret. Après 3 heures de balade et d'émotions, on redescend vers la mairie. Coût : 1500 dinars. Une misère. Nous laissons le double au chauffeur. Dans Oran partout des jeunes désoeuvrés dans les rues. Une circulation intense sur les artères du centre : avenue de Saint Eugène, rue de Mostaganem, rue d'Arzew, boulevard du Front de Mer.

      Deuxième jour : visite impromptue de la mairie où le maire, alerté par le bruit dans le hall nous ouvre les portes des salles. Visite à pied à 4 et seuls cette fois-ci de la Marine avec la Calère, l'ancienne préfecture, la rue d'Orléans et la rue de l'Arsenal qui est coupée à moitié car un glissement de terrain a tout emporté.
      Tout est très sale, des détritus partout, des façades décrépies, aucun entretien des parties communes des immeubles. Par contre à l'intérieur des appartements tout est nickel. Visite de l'église de Saint Louis devenue bibliothèque coranique. Des barbus sont là. Discussion Aucun problème d'accès. Déjeuner à la pêcherie : petits rougets frits, calmars, soles. Un festin pour 600 dinars. Partout des discussions avec les gens qui nous saluent des balcons.
      L'après midi quadrillage en taxi et à 4 de Gambetta, et du centre. Arrêts, visites d'appartements, pleurs, émotions diverses, les occupants qui nous retiennent. Je retrouve mon école Berthelot sur le Plateau Saint Michel prés de Boulevard Fulton.

      Troisième jour : en taxi de la Mairie vers Saint Cloud rebaptisé de son nom d'origine : Gdyel. Il y a l'autoroute vers Arzew. Tous les 5 à 10 Kms barrage filtrant de gendarmes. Arrivée à Saint Cloud je repère en 20 minutes la maison du grand père. Toujours le même accueil. Je photographie tout et surtout les carrelages qui du dire de tout le monde, sont le déclencheur de la mémoire enfouie.
      Ensuite visite du cimetière et là c'est le choc. Au bout d'un chemin qui n'est plus fréquenté un spectacle d'horreur : toutes les tombes ont été visités depuis longtemps, les chapelles debout ne contiennent plus rien, les autres sont écroulées, le marbre en petites plaques, les bronzes, les cercueils ont disparu. Tout a été vandalisé ou récupéré. Il ne reste que les grosses dalles intransportables. Partout des débris, des arbres qui sont tombés sur les tombes qui ne sont plus identifiables. Il ne reste plus rien de la notre. Certains noms sont encore lisibles car gravés dans la pierre : Leslin, Jaeger, Perrand. Le choc. Au fond la tombe des Boussommier est dans le même état et méconnaissable. Les 4 arbres qui la bordaient ont disparu. Je rentre abattu à l'hôtel. 2 personnes qui ont visité Fleurus sont dans le même état.

      Quatrième jour : le matin Santa Cruz l'incontournable, avec montée en car vers la basilique gardée par l'armée.
      Visite de la Vierge de Santa Cruz, la véritable. La crypte est gardée. Dépose de cierges trouvés sur place. Grosse émotion. Vue magnifique sur la rade et Oran. Ensuite visite d'Oran en long et en large en taxi. Le chauffeur connaît toutes les rues en version française.
      On repart vers Arzew à la demande d'un membre de notre équipe de 4 personnes. Déjeuner chez Germaine qui est restée sur place en 1962. Coût 1000 dinars pour des plats de poissons. Ballade et notre ami du cru est ovationné car on l'a reconnu. Retour vers 18 heures à la Mairie. Les autres ont visité Bel Abbès.
      De retour à l'hôtel je discute avec un groupe d'ouvriers qui couche aussi sur place, et ne parlent pas l'arabe du coin, le français et à peine l'anglais. Ce sont des syriens de Damas venus comme ouvriers pour peindre les constructions locales. Alors que le taux de chômage des jeunes est très fort localement. On m'explique : manque de formation professionnelle. Ailleurs ce sont des chinois qui construisent des groupes qui rappellent nos cités des années 1960.

      Cinquième jour : vendredi tout est fermé : jour de la prière. En car vers Mostaganem par Arzew, Damesme et son complexe pétrochimique, la Macta, Port aux Poules, les Sablettes. paella sur place et visite de la ville toujours escortés de gendarmes et policiers.
      Toute la vigne de la plaine de St Cloud a été arrachée et on voit de timides tentatives de transplants. Partout dans les champs des chardons bleus en pleine forme, des oueds à sec, des bergers en burnous avec leurs troupeaux de moutons faméliques, des figuiers de Barbarie.
      Sur les places des villages des ficus, la mairie et l'église devenue mosquée avec des cigognes dans leur nid. Rien n'a changé. Et partout des nuées d'oiseaux avec une densité disparu en France : chardonnerets, verdiers, linottes, alouettes, tourterelles, s'ébattent en bord de route.
      Visite de Bouisville, les Andalouses, Bou Sfer. La côte est pleine de constructions très prés de la mer. Au loin les Habibas. Je retrouve la villa de mon oncle intacte sur la plage. Passage devant un hôtel 5 étoiles qui vient d'ouvrir. La grande majorité de l'hôtellerie est encore privée en Oranie. L'été il faut réserver longtemps à l'avance pour trouver de la place. Il y a une classe sociale très aisée en Algérie.

      Sixième jour : visite du quartier Saint Pierre et retour à Saint Cloud pour voir le Maire qui m'autorise en 5 minutes à consulter quand je le souhaite les archives d'état civil qui sont stockées là depuis 1848. Il ne connaît pas l'historique de la ville depuis octobre 1848. Moi si. Je me promets de revenir dépouiller l'état civil avec mon appareil photo numérique et un disque dur de stockage ou mon PC portable. Voilà une 2° mission que pourraient se fixer quelques Saint Cloudiens généalogistes pour aller plus vite. Appel à candidature.
      Ensuite visites de cimetières de Kléber , Sainte-Léonie, Renan, berceaux de la famille paternelle. Partout le même spectacle qu'à St Cloud. A Renan (Hassi Mefsoukh), je retrouve la tombe de mon oncle intacte (pourquoi ?) de l'autre côté de l'autoroute vers Arzew. A Kléber (Sidi Ben Yabka) le maire a fait couler du béton pour sceller les ouvertures des caveaux visités. Le Christ en bronze est toujours là bien en évidence au milieu du terrain. A Ste Léonie je surprend un natif qui fait ses besoins dans une chapelle. Des épitaphes de 1870 en pierre blanche et en forme de borne gisent çà et là.
      Les cimetières ne sont repérables qu'aux cyprès de
      l'entrée et nous avons mis 2 heures à les trouver en taxi. Partout autour une forte urbanisation les cache. Ensuite route vers Kristel, sa plage, sa crique, sa source, le balcon de Canastel tous lieux intacts à part les constructions. Le coin est toujours aussi sauvage et comme les fusils de chasse ont été confisqués suite aux événements de la décennie écoulée, la région est pleine de gibier dont des hordes de sangliers qui dévastent tout.
      La beauté naturelle de cette route côtière est équivalente aux abords de l'Esterel ou à celle de Marseille à Cassis. Retour vers la Mairie par le boulevard du Front de Mer et la cueva del agua. Passage devant le nouveau Sheraton en construction. Certains ont passé la journée au stade du FCO avec des anciens de leur équipe. A l'arrivée méchoui et ambiance survoltée.

      Septième jour : lever à l'aube et décollage à 8 heures locales vers Marignane. En sortant de l'aéroport on se croit en Suisse tant les abords sont propres par rapport à Oran.
      C'est l'heure de résumer le séjour. Oui, j'ai bien fait d'y retourner, j'ai retrouvé mes racines enfouies par le temps et des sensations oubliées comme les odeurs, les couleurs et les formes.
      J'ai recadré le passé idéalisé avec la réalité du présent. Certains moments ont été durs, souvent des larmes retenues, toujours des émotions qui tiennent en haleine, mais je ne garde aucune trace de nostalgie.
      Je suis en phase avec moi-même. Je reviendrai comme dirait Mac Arthur.

Conseils :

1) Attention aux caméscopes et appareils photos numériques. Préférer les appareils photos jetables.
Pas de PC portable pour décharger le numérique. Des cartes mémoires à ramener pleines.

2) Circuler à 3 ou 4 seuls, à moins avec un policier, pas de bijoux voyants, ou en taxi sans problème si le chauffeur est « agrée » par la police.

3) Coins chauds car « pleins de racaille » dixit les policiers : quartier Saint Pierre, la rue d'Arzew, la place de la Bastille, les arcades, la Poste, Relizane, les marchés en plein air, le cimetière d'Oran, le village nègre.

4) Ne changer que 20 euros par jour ce qui suffit pour la journée.

5) Faire développer les pellicules et tirer les photos sur place. Coût 17 euros pour 5X24 poses. En France 17 euros pour 24 poses. 5 fois plus cher.

6) Presque pas de possibilité de payer en carte bleue. Il faut aller à l'agence de sa banque à Oran retirer la somme requise. Arriver avec du liquide en billets de 10 et 20 euros.

7) Ne pas s'attendre à retrouver tel quel ce que l'on a laissé.
L'urbanisation est galopante.

8) Se procurer un plan d'Oran version 1953 et travailler ses itinéraires et les endroits à visiter en version française puisque les taxis parlent le même langage. Se souvenir des numéros de rues des maisons à visiter. Idem avec le plan 1953 d'Oranie pour les villages de l'intérieur qui ont changé de noms. En vente sur Internet.

9) Se procurer sur Internet un lexique des nouveaux noms de villages et de rues.

10) Avoir le n° de concession au cimetière d'Oran qui est très grand. Pas de souvenirs vagues.

11) Et toujours le sourire et toujours très polis. Salam aleikoum avant toute chose. Le maître mot c'est « pas de problèmes ».

12) Pas de vin à table sauf commande expresse. Lui préférer le thé à la menthe qui est excellent.

13) Les policiers et gendarmes sont très concernés par votre sécurité. En groupe, vous êtes suivis des yeux n'importe où. Si vous voulez absolument aller dans un endroit qu'ils déconseillent, vous pouvez signer une décharge valable un seul jour.

14) Pour les personnes à problèmes cardiaques attention aux émotions répétitives. Souvent des vagues vous submergent venues du plus profond de vous-même et qui surviennent de façon imprévisible.


      Afin de vous vous faire comprendre les CONSEILS que donne M. jean Paul Marchand, voici un article paru sur un quotidien d'Oran du 6 mai 2004.
      Adresse : http://www.quotidien-oran.com/

UN TOURISTE AGRESSE A AÏN EL-TURCK
Trois arrestations

      Un touriste a été victime d'une agression à Aïn El-Turck, apprend-on de source policière.
      La victime, un pied-noir, prenait des photos sur la plage de St-Rock lorsqu'il a été pris pour cible par un groupe de quatre individus qui l'ont délesté d'un camescope numérique et de deux appareils photo.
      Les services de la sûreté de daïra de Aïn El-Turck ont aussitôt ouvert une enquête et sont parvenus à arrêter trois personnes. Présentées au parquet, deux d'entre les mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt.
      Un quatrième individu fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
      Les objets volés n'ont pas été récupérés jusqu'à maintenant, souligne la même source. Il est précisé que la victime faisait partie d'un groupe de 55 pieds-noirs en visite à Oran.


H. Saaïdia

TUERIE A MELOUZA
REGLEMENT DE COMPTE

Textes du Général Jacquin et d'Yves Courrière
Parus sur Historia Magazine N° 227 - 1972 -


Avant de relater l'histoire du massacre de MELOUZA, voici quelques extraits tirés de documents publiés à l'origine par le cabinet du Ministère de l'Algérie et repris par M. Jean Pierre Rondeau dans un livre intitulé :

Parmi ces extraits, des messages radios qui montrent comment la propagande islamiste du Caire, de Tunis et du F.L.N. a propagé sa haine et sa contribution à leur œuvre humanitaire en n'hésitant pas à massacrer des populations entières de civils musulmans.

oOo

LA VOIX DES ARABES
21 h. 15 - 23-10-56

       Si la France désire réellement anéantir la révolte arabe, qu'elle extermine alors les cent millions d'Arabes qui appellent et oeuvrent aujourd'hui pour détruire la France et son impérialisme.
       Sur le champ de bataille, aujourd'hui, il n'y a pas seulement l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, contre toi, ô France, mais aussi tous les Arabes pour la libération de l'Algérie.

RADIO DE L'ALGÉRIE LIBRE ET COMBATTANTE
Voix du F.L.N. et de I'A.L.N. en Français
14-2-57 - 22 h. 30

       " Nos répressions n'auront pas le caractère que l'ennemi espère obtenir. Nous agirons conformément à la justice et aux grands principes humains.
       Nos répressions seront conscientes. Elles frapperont ceux qui méritent d'être frappés. "

TÉTOUAN en Arabe
22-4-57 - 14 h. 30

       " Le F.L.N. et l'A.L.N. ont toujours prouvé, et ne cessent de prouver, en toute occasion, une fidélité aux principes humanitaires, L'honneur, la dignité, et l'humanité empêchent l'armée de libération et le F.L.N. de rendre coup pour coup, crime pour crime, "

Radio de l'Algérie Libre et Combattante
- Voix du F.L.N. et de l'A.L.N. -
30-4-57 - 21 h.

Nous luttons pour une cause juste, une cause humanitaire

JOURNAL AS-SABAH (de Tunis)
Samedi 4 Mai 1957
En marge de la révolution algérienne
jeunesse de Tunisie (par Younès ROUISSI)

       La Nation Arabe tout entière avance solidairement et avec détermination vers la libération totale.
       Oui, nous sommes un peuple arabe lié à tous les autres pays arabes comme l'Algérie, la Jordanie, l'Égypte et la Palestine meurtrie. Mais, qu'avons-nous fait pour consolider cette fraternité arabe qui nous est imposée par notre origine et par notre religion ? Nous commettrons un grand crime si nous renions notre origine, nos coreligionnaires et nos voisins.
       Le peuple arabe d'Algérie réalisera ses objectifs et ses aspirations afin que bondisse le nationalisme arabe qui poursuit sa progression sacrée et victorieuse.
       Gloire à l'Algérie et aux Arabes! Allah est grand!

oOo

       " Nous agirons conformément à la justice " claironnent les Radios Arabes.
       Par ces documents, nous montrons les méthodes d'action " conformément à la justice " de certains chefs rebelles.
       Et si vous voulez en savoir plus, malgré leur cruauté et leur horreur, sur quelques cas de mutilations et de tortures commises avec des raffinements de bestialité et de sadisme inouïs par les nouveaux " chevaliers de la cause humanitaire ".

       Dans certaines régions, les exécutions individuelles n'ont pas réussi à insuffler aux populations cette sympathie pour le F.L.N. pourtant annoncée urbi et orbi par les dirigeants de la rébellion.
       Ils n'ont pas hésité alors, pour frapper les esprits, à se livrer à des massacres collectifs.
       Il s'en est produit dans toute l'Algérie.
       Nous citerons parmi les plus caractéristiques, celui de MÉLOUZA (28 mai 1957).

CEPENDANT, est-ce une cause Humanitaire,
celle qui permet, à ceux qui la défendent, d'assassiner ?
LA TRAGEDIE DE MELOUZA

       MELOUZA n'aura été qu'un maillon de cette chaîne de terreur, une terreur qui n'épargnait personne, puisque les victimes du massacre dépendaient d'un mouvement nationaliste - le M.N.A.
       Les victimes se réclamaient de Messali Hadj, l'homme qui avait porté le nationalisme algérien sur les fonts baptismaux, le patriarche dont l'histoire se confond avec celle du mouvement, alors que Ferhat Abbas, qui deviendra le chef du gouvernement provisoire de la République algérienne, suivra la voie inverse.
       Insinuer que Messali était un agent de la police française sous prétexte qu'arrêté, il était souvent relâché, c'était oublier que l'administration témoignait la même indulgence à l'égard de tous les chefs séparatistes, que ceux-ci, appréhendés, passaient aisément des aveux et que, par exemple, certains ont prétendu que Ben Bella était un ancien agent de la Sécurité militaire et Yacef Saadi, un indicateur de police.
       En 1947, Messali Hadj avait rompu son union avec l'U.D.M.A. de Ferhat Abbas et avec le P.C.A. de Léon Feix, qu'il jugeait trop timorés. Au sein du M.T.L.D., parti officiellement reconnu, il avait créé l'Organisation spéciale, branche clandestine du mouvement chargée de l'action armée.
       C'est seulement en juillet 1954 que les " jeunes Turcs " de l'O.S. rejetèrent Messali Hadj, et ce, à l'instigation du 2e bureau égyptien, qui le soupçonnait d'être un agent communiste. Les Égyptiens incarcéreront - et pendant longtemps - l'adjoint de Messali, l'ancien député Mezerna, venu au Caire proposer un front uni au F.L.N. L'Égypte tenait à conserver la haute main sur la rébellion algérienne.
       Malgré la rupture, l'influence des messalistes restait grande en 1957, aussi bien en Algérie que dans les milieux prolétariens musulmans de métropole, suscitant entre F.L.N. et M.N.A. une lutte sanglante et inexpiable.
       C'est dans ce cadre de l'élimination d'un mouvement rival que se situera le massacre de Melouza.
       L'affaire provoquera une émotion mondiale. Pendant quelques jours, le F.L.N., dans l'opinion internationale, perdra visage humain, puis on oubliera.

       C'est au début de l'année 1956 que, près de Bougie, dans la vallée de la Soummam, à Oued-Amizour, Amirouche avait fait exécuter plus de 1000 personnes : hommes, femmes, enfants, sous prétexte que le douar avait accepté de fournir quelques harkis à l'ex-sénateur Ourabah.
       On prétendra que le " congrès de la Soummam ", qui devait, quelque temps plus tard, le 20 août, réunir les chefs de la rébellion intérieure, avait désavoué le massacre d'Oued-Arnizour et prescrit d'épargner les femmes et les enfants.
       Les porte-parole de la conscience universelle se féliciteront de ce témoignage d'humanité. Aucune consigne de cette nature ne figure cependant au procès-verbal du congrès.

       D'ailleurs, le 28 mai 1957, le massacre de Melouza allait dissiper les illusions.
       Voici, rapportées par Abdallâh, le secrétaire du capitaine Arab, les circonstances de l'affaire de Melouza dont fut chargée sa compagnie par ordre de Mohammedi Saïd, dit Si Nasser, le commandant de la wilaya 3, ordre transmis par Aït Hamouda, dit Amirouche.

Général JACQUlN

Ce que j'ai vu

       C'EST ainsi que je me trouvai incorporé à la compagnie du capitaine Arab.
       Arab était un Kabyle grand, osseux, le visage coupé d'une large moustache noire. Il portait une tenue bariolée de parachutiste et, nuit et jour, en permanence, un passe-montagne de couleur indéfinissable et, pour tout dire, assez crasseux. Il prétendait avoir exercé en France le métier de chauffeur de taxi, puis de marchand ambulant, où il avait acquis une connaissance assez rudimentaire du français, un goût presque arabe pour la nomadisation, l'art d'enjoliver les choses et l'habitude des liaisons clandestines. C'était un ancien messaliste.
       Depuis le " congrès de la Soummam " en 1956, auquel il avait participé comme la plupart des chefs kabyles, Arab commandait la compagnie tenant la zone sud de la wilaya 3 : une importante zone de passage, à cheval sur la Petite et sur la Grande Kabylie, commandant les itinéraires de liaison entre les wilayas 1, 2, 3 et 6.
       " Ton premier travail, me dit Arab en me tendant d'un air dégoûté un calepin noir passablement fatigué, sera de tenir le contrôle de la compagnie.
       " Tu mettras aussi à jour le journal de marche, Si Nasser l'exige. Si ça continue, on fera plus de papiers que dans l'armée française. "
       Et, regardant mes pieds, il ajouta :
       " Tu seras secrétaire, tu ne sembles pas bon à autre chose. "
       Quel était l'effectif de la compagnie? Le carnet comportait 180 noms en face desquels étaient notés, pour chacun d'entre eux, le douar d'origine, la situation familiale et l'armement attribué. La compagnie était rarement réunie.
       Autour d'Arab, nous étions une vingtaine d'hommes constituant son P.C. Areski, ancien secrétaire de l'U.G.T.A. de Michelet, remplissait les fonctions d'adjoint politique.

                     Le talent d'Areski

       Tous les soirs où Arab le prescrivait, Areski nous rassemblait. Les hommes du douar où nous cantonnions assistaient aussi à la réunion, jamais les femmes. Le scénario était immuable. Tout d'abord on entonnait une de ces chansons martiales qui venaient du Caire. " Depuis Suez, disait Khaled, l'opérateur radio, ça nous réconforte ! " Les Kabyles, dont peu savaient l'arabe, se contentaient de fredonner. Puis Areski relatait un des crimes attribués aux Français : paysans arrêtés, femmes violées, résistants assassinés... Les yeux flamboyants, le geste éloquent, il avait un réel talent de conteur et beaucoup d'imagination, affirmait Khaled. Il parlait kabyle et, comme tous les Arabes, j'avais peine à le suivre. Khaled racontait ensuite ce qu'il avait entendu sur les ondes des radios du Caire, de Tunis et de Rabat... ou quelquefois, tout simplement, les informations diffusées par Radio-Alger. Areski transformait alors les attentats en glorieux combats, les victimes en lâches colonialistes, les frères arrêtés ou tués en glorieux martyrs !
       Venait ensuite un couplet sur les habitants qui refusaient d'aider le Front. Des fils de chiens, des fils de porcs! A ceux qui collaboraient avec les Français, Areski appliquait des épithètes surprenantes - chiens courants du colonialisme, bourgeois nantis, vipères lubriques - auxquelles les djounoud ne comprenaient pas grand-chose, sinon qu'il fallait les égorger.
       De mon arrivée à ce sinistre 28 mai, il n'y eut aucun engagement. Areski commentait donc les combats passés. En dernier recours, la corvée de ravitaillement était prétexte à exalter le patriotisme des auditeurs.

       Pour terminer, on buvait le thé des paysans et on chantait ou fredonnait en chœur un de ces " airs de liberté qui sortent de nos forêts ".
       " Une vraie réunion d'anciens combattants, disait Khaled, qui, lui, fredonnait Quand un turco rencontre une Espagnole... il la cajole, le chant des partisans arabes, affirmait-il, affrontant le regard furieux d'Areski. C'était pour Khaled une satisfaction toute personnelle, très peu d'hommes comprenant le français.

                     L'esclave kabyle de Khaled...

       Khaled, l'opérateur radio, venait de l'armée française. En permission à Bordj-Bou-Arreridj, son pays natal, deux " frères " lui avaient demandé de rejoindre l'Armée de libération. Comme Khaled hésitait, le soir même son père et sa mère disparurent. Le lendemain, les " frères " lui apprirent que ses parents avaient rejoint le maquis dans les Bibans et qu'ils le réclamaient, sinon... Khaled avait compris. Depuis, il manipulait un poste 696, un vieux poste français acheté en Tunisie.
       " Je suis à la fois, prétendait-il, le rédacteur, le chiffreur et l'opérateur radio! Je suis l'homme indispensable... pour l'instant! Heureusement, sinon... " Il concluait son propos par un geste significatif du doigt, allant de l'oreille gauche à l'oreille droite en passant sous la gorge.
       Le franc-parler de Khaled me déroutait, mais on avait effectivement besoin de lui. Chaque soir, il chiffrait et expédiait des messages rendant compte des activités de la compagnie et qui, tous, se terminaient par une véhémente demande d'armes, de munitions, de médicaments et d'argent. Enfin, Khaled avait un esclave, un djoundi kabyle, qui, six heures par jour, tournait à en perdre haleine, sous son regard narquois, la manivelle de la génératrice du poste radio.
       L'infirmier de la compagnie, Brahim, ancien infirmier de l'hôpital de Bordj Bou Arreridj, avait rejoint le Front de la même manière que Khaled. Il avait été enlevé un soir et mis à la disposition du médecin chef de la wilaya, un ancien praticien de Bordj-Bou-Arreridj, marié à une Française originaire de Grenoble. Brahim affichait malgré tout pour le Front un enthousiasme qui ne semblait tromper personne, surtout pas le capitaine Arab, qui le prenait pour un pleutre.
       Khaled, Brahim et moi-même étions les seuls Arabes du P.C. de la compagnie. Ils comprenaient et parlaient un peu le kabyle, moi pas du tout. Aucun de nous trois n'était armé. Les djounoud m'adoptaient mal. Ils se moquaient de mes... pieds. Seul, le capitaine Arab ne me brocardait pas.
       Le P.C. comptait aussi un adjoint liaison-renseignement, un Kabyle, dit Mansour, car il était originaire de Mansourah-des-Bibans; petit homme maigre, l'air chafouin, qu'on voyait peu, il ne fréquentait personne sauf le capitaine, avec lequel il tenait de longues conversations au retour de ses nombreuses absences.
       Les autres djounoud du P.C., tous Kabyles, jouaient le rôle de gardes du corps de nos chefs, les accompagnaient dans leurs déplacements, servaient de guetteurs ou encore assuraient notre ravitaillement.
       Des dix sections de la compagnie, jusqu'au 28 mai, je n'en vis jamais que deux réunies en même temps au P.C.
       Elles étaient à peu près exclusivement composées de Kabyles, jeunes souvent, analphabètes pour la plupart, des hommes farouches, sauvages même et capables, comme je le verrai plus tard, de la plus bestiale cruauté.
       Pourquoi avaient-ils rejoint le Front?

                     La menace du " sourire kabyle "

       Dès 1954, les propagandistes avaient parcouru la montagne jusque dans les villages les plus reculée, racontant que les Français voulaient, par la force, convertir les musulmans au christianisme. Les Français détruiraient les koubas, supprimeraient les djemaas. Cela avait suffi à rallier certains montagnards. D'autres avaient été impressionnés par l'étalage des armes dont disposait le Front et par l'inaction des Français. D'autres enfin, les plus nombreux selon Khaled - mais Khaled n'avait pas très bon esprit -, avaient rejoint le Front sous la menace d'être égorgés ainsi que leurs familles. Quelques mutilations, à titre d'exemple, suffisaient à décider les plus réticents.
       Areski entretenait leur fanatisme en leur promettant qu'à l'appel à la djihad (1), tous les peuples musulmans déferleraient sur l'Afrique du Nord, pour aider le Front à chasser les Français; on se partagerait ensuite les biens et les femmes de ceux-ci.
       Et puis surtout, maintenant, les hommes avaient des fusils.
       A dire vrai, l'armement de la compagnie restait encore assez hétéroclite. Malgré les nombreuses réclamations d'Arab, Tunis n'avait envoyé qu'une cinquantaine de mausers. Quelques fusils italiens Stati et des fusils de chasse complétaient l'armement. Seul, le capitaine détenait un pistolet mitrailleur français, un MAT, qui ne le quittait jamais.
       La compagnie stationnait dans le sud de la Kabylie dans une zone englobant le Djurdjura, les Bibans et l'ouest du Hodna, où convergeaient les liaisons entre les wilayas 1 (Aurès), 6 (hauts plateaux du Sud algérois), 2 (Nord Constantinois) et 3 (Kabylie). Cette zone était sillonnée par les agents de liaison, par les propagandistes et par quelques convois d'armes. Tout le monde, en passant, m'apprit que Khaled en profitait pour percevoir l'impôt, pour exiger des vivres et même des femmes. Les montagnards, arabes étaient excédés par ces contributions, d'autant que les passagers étaient le plus souvent des Kabyles.
       Le prestige du Front s'était dégradé depuis le début de l'année et son influence était battue en brèche par les messalistes. Ceux-ci s'efforçaient de noyauter la wilaya 6. Bellounis, leur chef, avait pris contact avec plusieurs douars, qui se proposaient de rallier le M.N.A.
       " Jusqu'au début de l'année, disait Khaled, nous franchissions le Djurdjura du nord au sud, passions la Soummam pour patrouiller dans les Bibans et Hodna. Nous nous déplacions par sections, toujours de nuit; le jour, nous demeurions dans les villages les plus élevés, les plus isolés, là où les troupes françaises ne venaient jamais. "
       Depuis mon arrivée au maquis, Areski, dans les réunions du soir, insistait beaucoup sur le traitement réservé aux traîtres, aux régionalistes, aux messalistes.
       " Depuis février, ajouta Khaled, nous restons dans les Bibans ou dans le Hodna, nous déplaçant souvent. Les Français sont plus actifs ici que dans le Djurdjura. Les moussbilin qui passent dans la région ont des ennuis sérieux avec les habitants. Le sergent Si Hocine et son secrétaire ont été tués à coups de hachette par les Beni-Illemane. "
       Le colonel Mohammedi Saïd, le successeur de Krim Belkacem au commandement de la wilaya, ne décolérait pas. " Il faut mettre ces chiens à la raison ", ordonna-t-il à Arab.
       Hadj Thami et un moussbel de M'Sila, Si Kaci, qui réclamaient des cotisations pour le Front, avaient été assassinés par la population.
       Plusieurs cadres envoyés en mission en wilaya 6 tombèrent dans des embuscades dressées par les Français. Areski persuada aisément les djounoud qu'ils avaient été trahis par les habitants.
       La fureur de Mohammedi Saïd atteignit son comble lorsqu'une katiba de passage dans le douar des Beni-Illemane fut attaquée par les messalistes et perdit 16 hommes.
       Mohammedi Saïd avait servi au bataillon arabe formé par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale. En 1943, parachuté sur les hauts plateaux avec deux agents allemands, il avait été arrêté et condamné à mort. Gracié, puis assez vite libéré, il avait rejoint l'Organisation spéciale. De son séjour dans l'armée allemande, Mohammedi Saïd, qui se faisait appeler Si Nasser, avait conservé l'habitude de crier, et un casque qu'il arborait fièrement.
       Si Ahmed, un commissaire politique, Si Seghir, son adjoint, et deux hommes d'escorte furent encore assassinés. Si Rabah, un chef de section, venu faire entendre raison à la population, fut désarmé et renvoyé au maquis, la moustache rasée.
       Nacerdine, un djoundi originaire de la région, proposa d'écrire aux habitants pour les éclairer. Les gens des douars refusèrent d'entendre ses deux messagers et les exécutèrent. Deux sergents, Si Mezziane et Si Maklouf, devaient être eux aussi tués par la population.
       Si Abdelkader, responsable du secteur, se rendit à Mechta-Kasbah - un douar des Beni-Illemane. Il y fut accueilli à coups de fusil et dut se replier.
(1) Guerre sainte.

                     Le signal du massacre

       C'est alors que Mohammedi Saïd donna à Arab l'ordre d'"exterminer cette vermine".
       L'ordre fut apporté par Si Abderrahmane Oumira.
       Arab rassembla ses sections. C'était la première fois que je les voyais réunies.
       Le 28 mai, à 2 heures du matin, deux sections, commandées par Abdelkader Sahnoun, encerclèrent Mechta-Kasbah, hameau situé à une dizaine de kilomètres de Melouza, où vivaient 700 à 800 personnes.
       Les autres sections, conduites par Hocine, Tahar Messaoud, Si Rabah et Boudiaf, pénétrèrent dans les mechtas. Les messalistes, surpris, ne tirèrent que quelques coups de feu.
       Arab avait donné l'ordre d'abattre toute la population, mâle ou femelle, de plus de seize ans. Dans la nuit, à coups de crosse, les djounoud firent sortir les habitants des maisons. Il faisait nuit, le tri était difficile; beaucoup de femmes s'échappèrent profitant de l'obscurité. Les hommes injuriaient les " frères ".
       Hommes et femmes furent parqués dans quelques maisons pendant que les moussbilin pillaient leurs demeures.
       Vers 14 heures, 315 hommes étaient rassemblés au petit hameau de Mechta-Kasbah - une dizaine de maisons - où Bellounis, le chef des messalistes, avait jadis installé son P.C.
       C'est alors qu'Arab donna le signal du massacre.
       Personnellement, avec Khaled et Brahim, j'étais resté à Krabcha, au P.C. installé la veille au soir.
       C'est là qu'à la nuit tombée les djounoud revinrent; ils étaient couverts de sang.
       " Il ne manque personne, dit Arab, tout a été terminé en une demi-heure. "
       Seul Khaled eut le courage de demander ce qui s'était passé. Il ne reçut que des regards hostiles. Les hommes restaient étrangement muets.
       Le soir, rassemblés autour du poste de Khaled, nous apprîmes que, sur 700 habitants du douar, 301 avaient été tués et 150 blessés.
       Les hommes avaient été abattus à coups de fusil, ou égorgés, ou encore massacrés à coups de pioche.
       Nous nous regardâmes, atterrés.
       " C'est vrai, dit d'une voix blanche Areski, le commissaire politique, il y avait du sang partout. "
       C'est le seul combat auquel j'assistai pendant mon séjour au maquis commandé par le capitaine Arab. l

Témoignage recueilli par le général JACQUIN (C.R.)

Les circonstances du massacre de Melouza

       C'est en 1956 que le douar de Mélouza, au nord de M'Sila, passa au F.L.N. Cette adhésion en bloc avait été provoquée par une opération de représailles menée par l'armée française. A la suite de la mort d'un capitaine de la 7e D.M.R., abattu au cours d'une embuscade, un lieutenant-colonel de la même division avait appliqué une méthode qu'il perfectionnera plus tard à l'Arba. Y fit fusiller quelques suspects arrêtés à la suite de cette affaire, puis dispose leurs cadavres sur le toit d'un véhicule auquel il fit parcourir les routes et pistes praticables de la région.
       Cette méthode, qui substituait la terreur française à la terreur F.L.N., n'avait eu d'autre résultat que de faire passer en bloc la population de Mélouza du côté du F.L.N. dès que les forces françaises eurent quitté les lieux!
       A partir de Mélouza, le F.L.N. tenta de gagner à sa cause l'importante population des Beni-Illemane contrôlée jusque-là par le M.N.A. de Bellounis. Or un certain Si Dahfoul (1), originaire du douar, menait avec le capitaine Combette, patron du sous-quartier des Ouled-Ali, des négociations qui devaient amener les troupes du " général " 8elloanis à combattre aux côtés de l'armée française. Son ralliement apporta à la population des Beni-Illemane l'assurance du soutien français. Le F.L.N. ne subit des lors que des échecs dans cette région où il avait réussi à implanter une assemblée et des refuges. Successivement. un officier de l'A.L.N.. et plusieurs sous-officiers furent dénoncés aux forces de l'ordre. Trois agents de liaison furent abattus. Un sergent A.L.N. et son secrétaire furent massacrés à coups de hachette. Le responsable F.L.N. de Melouza, Si Abdelkader, à la tête de deux sections, décida d'une action de représailles contre les Beni-Illemane. La population mâle, " aidée des femmes et des enfants ", riposta si violemment que Si Abdelkader dut se replier!
       La situation devenait critique pour le F.L.N. Mohammedi Saïd, chef de la wilaya kabyle, avait senti au passage de Krim Belkacem qui fuyait Alger pour gagner la Tunisie, que le C.C.E. était mécontent du peu d'activité qu'il déployait; il résolut de ne pas se laisser " souffler " sa place par Amirouche et de se distinguer par un " coup dont on parlerait ".
       Il ordonne au capitaine Arah, responsable de la région sud de la wilaya 3, d'encercler le village des Beni-Illemane, de mesurer les réactions de la population et, en cas de riposte, d'en abattre les habitants.
       A l'aube du 28 mai 1957, Arah, ancien chauffeur de taxi parisien d'une cinquantaine d'années, se met en route à la tête de près de 400 hommes armés de PM, FM. et fusils de chasse et de guerre. A 8 heures, Abdelkader Sahnom, à qui Arab a donné l'ordre d'abattre tous les hommes des Beni-Illemane, encercle le village. A midi, la résistance bellouniste cesse, faute de munitions. les djounoud font sortir les 301 hommes du village et, à coups de crosse, au milieu des gémissements des femmes et des enfants, les font avancer vers Mechta-Kasbah, petit hameau situé au-dessus du village
       C'est à 14 heures, dans les ruelles de cette petite mechta aux maisons basses faites de pierres entassées, que commence le massacre. Au fusil, au couteau, à coups de pioche, les hommes de Sabnom taillent en pièces tours prisonniers. Ceux qui tentent de s'échapper sont abattus d'une rafale de mitraillette. En une demi-heure, tout est fini les ordres de Mahommedi Saïd ont été exécutés. Tel est désormais le sort réservé par le F.L.N. à ceux qui seraient tentés de rejoindre les rangs de Bellounis ou de l'armée française.
       Apprenant le massacre - et surtout l'exploitation psychologique intense qu'en faisaient les services de Robert Lacoste -, les membres du C.C.E. et leur bureau de presse mesureront l'étendue de l'erreur l'affaire de Mélouza, l'horreur du crime commis par les hommes de Mohammed Saïd faisait la " une " des journaux du monde occidental. La théorie officielle française - seul le ralliement de ces populations à la France est la cause du massacre - trouvait écho.
       Les services d'information F.L.N. tentèrent d'accréditer la version d'un massacre commis par l'armée française, mais n'insistèrent pas. Le mensonge était trop évident. Ils firent le silence sur Mélouza. La bataille d'Alger " leur donnait suffisamment d'éléments pour mettre en accusation les parachutistes et les autorités françaises. Dans cette guerre subversive, les atrocités de chaque camp permettaient à la propagande d'y trouver ample pâture.

Yves COURRIÈRE

(1) Pseudonyme, car l'homme et sa famille vivent encore en Algérie.  

Il y a 47 ans, le massacre de Melouza /
Une page noire de l’histoire

Pour info, l'article paru dans El Watan le 27 mai à propos de Melouza.
http://www.elwatan.com/journal/html/2004/05/27/sup_html.htm
Envoyé par Bertrand

       Le mouvement associatif de la commune de Beni Ilmane organise, aujourd’hui et demain un séminaire de deux jours ayant trait au massacre de Beni Ilmane, plus connu sous le nom de «Massacre de Melouza» qui eut lieu le 28 mai 1957.

       A ce séminaire, participeront des personnalités parmi lesquelles des historiens et les journalistes tels que Mohamed Abbas, Tahar Benaïcha, Yahia Bouaziz et d’autres encore.

       Ce jour-là, il y a 47 ans, en un temps record, ont été égorgées, fusillées et mutilées 375 personnes puis enfouies dans des fosses communes. 267 sont originaires de Beni Ilmane, transcrites sur le registre des décès de la commune, et les 108 restantes se répartissent dans une proportion, inconnue apparemment, de djounoud de l’ALN ayant refusé de prendre part à la tuerie et de personnes étrangères au douar venues en transhumance dans la région.

       A ce séminaire, des survivants apporteront pour la première fois leurs témoignages.
       Quelques-uns se sont confiés à El Watan. Le hameau de Mechta Gasbah, dénommé Médina, se situant sur les hauteurs des monts de Ouanougha à 60 km au nord de M’sila, taillé dans un nid d’aigle, véritable forteresse, a été ce jour fatidique le théâtre d’une véritable hécatombe.
       Au matin de cette journée printanière, la récolte s’annonçait prometteuse, les habitants, vaquant à leurs occupations, ont été informés qu’un discours allait être prononcé par un responsable du FLN.
       D’une voix faible que les 78 ans ont alourdie, M. Toumi Lakhdar a relaté les faits qu’il a vécus durant cette journée de laquelle il a survécu miraculeusement. «Je me suis dirigé en compagnie de djounoud vers Mechta Gasbah. Arrivant là-bas, je suis entré dans une maison pleine de monde», a poursuivi M. Toumi. «Il y avait même des enfants qui ont accompagné leurs pères.
       Après que les maisons, préalablement évacuées de leurs occupants et que les deux mosquées furent remplies d’habitants du village, un détachement de djounoud est redescendu au douar pour dissuader les récalcitrants éventuels de rejoindre la réunion.
       Ces djounoud n’ont trouvé finalement que les vieillards, handicapés et malades qu’ils ont froidement abattus. Pendant ce temps, a soutenu M. Toumi, on était à l’intérieur des maisons attendant le discours du responsable FLN, jusqu’au moment où un djoundi est venu nous dire qu’on allait passer à l’interrogatoire par groupe de cinq et qu’il fallait lui remettre les pièces d’identité et objets de valeur.
       J’avais apporté avec moi cinq mille francs, au cas où ils procéderaient à une collecte d’argent, que j’avais dissimulés dans ma chaussure. Ensuite ce fut la longue attente ; des hommes sortaient par groupes de cinq pour être “interrogés”. Et puis on attendait notre tour, le temps que le djoundi fasse sortir les cinq suivants.
       Entre deux apparitions du djoundi, c’était une éternité pour nous autres.
       A mon tour, a-t-il ajouté, arrivant devant la porte d’une chambre dans laquelle je devais être interrogé, une détonation a retenti. J’avais le cou plein de sang, le temps de réaliser qu’on venait de me tirer dessus. J’ai basculé à l’intérieur de la chambre butant sur des corps inertes. J’étais à moitié conscient et je n’arrêtais pas de me débattre.
       A ce moment-là, j’ai entendu le djoundi dire à son ami de me couper les jambes. S’exécutant mais apercevant les cinq mille francs dans la chaussure, le djoundi a vraisemblablement préféré prendre la somme d’argent et renoncer à me tuer.
       Les groupes de cinq suivants ont compris le manège. L’horreur était à son comble. Ordre fut donné d’ouvrir le feu sur eux. La panique était indescriptible dans les maisons et les mosquées.
       C’était le carnage.
       Si les survivants ont désigné des éléments du FLN comme étant leurs bourreaux, ils demeuraient en revanche perplexes face à la présence sur les lieux de forces coloniales en ce jour fatidique. Mme Benbarek, veuve Djadja Amar, dira : «Le jour où les hommes des dechrate répondant à l’appel du FLN escaladaient les collines pour rejoindre Mechta Gasbah, il y avait un avion qui survolait dans un mouvement incessant l’espace du douar. Et puis un camion et une jeep, stationnés sur une colline à l’ouest du douar, mais nettement visibles, donnaient l’impression de surveiller quelque chose.»
       Abondant dans le même sens, M. Toumi, rescapé du massacre, dira : L’avion volait à basse altitude. De peur que le djoundi qui me côtoyait ne soit repéré, je l’ai camouflé avec mon burnous».
       A cet imbroglio, est venu se greffer conséquemment au massacre de leurs compatriotes le ralliement de 285 habitants de Beni Ilmane de la métropole, lesquels nous diront, Hebara Ahmed et Hebara Slimane, tous deux enrôlés dans l’armée française à Nanterre «ont été informés par un officier supérieur en un temps record (le 29 mai), du massacre perpétré par le FLN, pour être ensuite rassemblés, enrôlés et acheminés sur Beni Ilmane en Algérie.»
       Ce sont-là quelques bribes nécessitant l’éclairage des spécialistes pour situer les faits dans leur contexte historique.
       La population de Beni Ilmane n’arrête pas de réfuter le qualificatif de harkis.
       Deux témoins, des enrôlés dans l’affaire française, MM. Slimane Hebara et Ahmed Hebara, nous ont précisé que malgré tout «toute personne raisonnable, face à cette extermination féroce et injuste de centaines de personnes innocentes, devrait réagir.» Le mutisme qui entoure depuis 1962 cette affaire s’apparente-t-il à une volonté de l’effacer de la mémoire collective ?
       La vérité doit, dans tous les cas de figure, se dire et ce séminaire pourrait être un premier jalon.

Par S. G.

oOo

L'Algérie, par cet article ci-dessus, fait preuve de courage en affrontant les vieux démons.
Est-ce que la France serait capable de reconnaître sa responsabilité et d'affronter les réalités sur les massacres commis sur les Pieds-Noirs et les Harkis, sur celui du 26 mars 1962 ?

ENLEVEMENTS - DISPARITIONS
LE DESESPOIR DE L'HISTOIRE


PERSONNES DISPARUES OU DETENUES EN ALGERIE
EN 1962 – 1965
http://www.multimania.com/isly26mars1962

Ouverture des archives

Le gouvernement vient d’autoriser, après les recommandations du rapport DIEFENBACHER et sur la demande du Haut Conseil des Rapatriés, la consultation à titre exceptionnel des dossiers individuels des personnes disparues par les familles concernées.
Cette dérogation a été accordée par le Ministère des Affaires étrangères qui vient de diffuser un formulaire à remplir par les familles.

Chargée de ce dossier au sein du groupe de travail constitué par le H. C. R., j’avais personnellement demandé lors d’une réunion au Quai d’Orsay avec la Mission Interministérielle que ce formulaire précise que les familles pourraient se faire représenter ou accompagner dans leur démarche. Je crains en effet pour ces familles le choc que risque d’entraîner la consultation d’un dossier où bien sûr apparaîtront peut-être quelques détails ignorés jusqu’alors sur les circonstances de l’enlèvement mais où rien ne pourra révéler le sort du parent recherché.

Les familles doivent être conscientes – et pour cela informées avec précaution – du résultat prévisible de leur démarche. L’annonce brutale de cette possibilité offerte risque de faire plus de mal que de bien.
Le Ministère des Affaires étrangères m’a communiqué, ainsi qu’à mes collègues appartenant au groupe de travail du H.C..R. sur les Disparus, la liste des personnes enlevées sur lesquelles un dossier a été constitué. Cette liste comporte 3 192 noms, dont 924 cas d’homonymie. Les dossiers qui sont accessibles se ramènent de ce fait à 2 113 à Paris et 155 à Nantes.
Notre association se tient à la disposition des familles qui le désirent pour vérifier sur cette liste que le nom de leur parent y figure. Elle est bien entendu disposée à leur apporter le soutien moral qu’elles pourraient désirer dans cette recherche que nous savons délicate. mailto:isly26mars@wanadoo.fr
Précisons que le formulaire de demande de dérogation devra être renvoyé, après avoir été complété, au Directeur des Archives du Ministère des Affaires étrangères, 37 quai d’Orsay 75007 PARIS
Afin de faciliter l’instruction de leur demande, les familles de Disparus sont invitées à joindre les documents justifiant de leur parenté avec la (ou les) personne(s) disparue(s).
Nous souhaitons bon courage à nos Compatriotes devant cette nouvelle épreuve !
Nous continuons à réclamer pour notre part que des recherches actives soient menées pour connaître le sort de nos Disparus : s’ils sont morts, leurs restes doivent être recueillis et une sépulture décente doit leur être donnée ; si certains sont encore vivants, le devoir du gouvernement est d’exiger qu’ils soient libérés…

N.Ferrandis

Chers amis internautes,
Vous trouverez sur mon site un complément d'information sur l'ouverture des archives pour les disparus en Algérie ainsi que le modèle de demande de dérogation pour les familles concernées.
Si vous avez des difficultés pour imprimer le formulaire, faites le moi savoir. Je vous l'adresserai alors en PJ
Nicole Ferrandis-Delvarre
http://perso.wanadoo.fr/isly/disparus.htm


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) A travers Alger égarée

Par Boudjemaâ Karèche

Plus spécialement pour les Algérois, cet extrait d'un article du Matin.

      C'est la rue Larbi-Ben-M'hidi qui nous cause le plus de peine. Sur le chemin de la Cinémathèque, les trottoirs sont défoncés, livrés aux trabendistes qui les occupent avec arrogance. A cause d'eux, un magasin sur deux de cette artère légendaire est fermé, offrant ses grilles moches et rouillées comme seul spectacle de désespoir.
      C'est vrai que nos trabendistes sont souvent sympas et que, dit-on, ils rendent service au peuple, mais que ne pourraient-ils squatter d'autres lieux et espaces que cette ex-rue d'Isly qui fit les beaux jours de notre capitale et qui n'est plus qu'une avenue de magasins clos. Comme Samrico, notre voisin, dont le magasin d'habillement avait toutes les allures d'une galerie d'art, Samrico qui habillait tous les nouveaux mariés d'Alger. Qu'est-ce que l'ex-rue d'Isly sans Samrico, sans ses trois grandes surfaces, sans les Galeries, sans le Monoprix et surtout sans le Bon Marché, fermés à jamais ?
      Que reste-t-il de l'ex-rue d'Isly sans ses cinémas, sans le Casino, toujours fermé depuis la malheureuse bombe qui l'a détruit, sans le Marivaux, sans l'Olympia, sans le Régent (ex-Volontaire), sans le Monaco et sans Le Paris, sans le Midi Minuit et le Lux, autrefois paradis du cinéma où l'on rencontrait Humphrey Bogart et Ava Gardner, Gabin et Jeanne Moreau, Farid El Atrache et Rouiched, espaces perdus, aujourd'hui espaces insalubres, vides, alors que des milliers de jeunes traînent et s'ennuient.
      Oui, comment ne pas être amer et triste devant Alger dépossédée ? Mais voilà qu'arrive le café que nous offre Boualem le sourd, travailleur adroit et infatigable, et qui nous réchauffe quelque peu le cur. La projection du matin apporte le reste et nous sommes presque dans un état de bonheur, lorsque des amis artistes nous y rejoignent.
      Car rue Ben-M'hidi, regardez bien, ouvrez les yeux et vous tomberez sur la librairie du Tiers-Monde, grande et belle, les vitrines largement ouvertes, les livres et ouvrages nombreux, la librairie du Tiers-Monde heureusement, celle qui nous redonne espoir.
      Alger qui refuse de mourir : des citoyens anonymes nous arrêtent pour demander le programme du Musée du cinéma, et là, le bonheur devient complet.
      Enfin la Cinémathèque : elle grouille de collaborateurs, toujours assidus et ponctuels, derrière leurs micros ou la bibliothèque. Ils sauront préserver notre institution. Nous pouvons alors rêver qu'un jour nous reviendrons rue Larbi-Ben-M'hidi, dans Alger récupérée, pour la trouver belle, accueillante et, je le dis, peuplée de citoyens heureux.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?ida=19038&idc=41

(envoyé par Bertrand)

2) Au Comité Lépante: la Turquie...vite !


Plus vite le souk européen intégrera des pays comme la Roumanie , la Bulgarie et la Turquie avec ses 74 millions d'autochtones désargentés, plus vite le PIB des autres (dont le nôtre) s'écroulera. L'Euro rigide éclatera suivant le grand principe de cinématique des milieux articulés qui veut que seul, l'imprévisible se produit.
Donc, souhaitons l'entrée de tous ces pays dans l'Europe. Chacun y amène ses paramètres particuliers et augmente l'imprévisibilité du système et donc son ingérabilité. Tant mieux !...Quand on aura touché le fond, les Français se réveilleront. Déjà, ils ne peuvent plus se loger: la Bretagne, Paris, Chamonix, le Luberon, les propriétés agricoles du Sud Ouest sont achetés par toute l'Europe, et les classes moyennes ne peuvent plus faire face aux loyers qui grimpent. Les impôts locaux ne cessent de croître, sous la pression des transferts budgétaires dus à la décentralisation, mais aussi sous la folie des roitelets locaux (incontrôlables puisque la Chambre régionale des Comptes a de moins en moins de pouvoir, tout comme les Préfets), élus qui, pour leur gloriole personnelle ,investissent , à tout va, dans des "salles polyvalentes, centres culturels, parcs omnisports, maisons d'associations", structures de béton et de verre qui n'ont jamais rien produit, mais coûtent la peau des f*** en frais de maintenance et d'entretien".
Michel Barnier va nous défendre dans l'Europe...C'est déjà lui qui, chargé des Jeux Olympiques d'Hiver à Albertville, doubla le budget prévu: on peut donc lui faire confiance. Question sou, il s'y connaît.
La dernière vache à lait à traire , c'est les retraités. On va donc augmenter leur CSG, ce qui fait qu'ils ne pourront plus aider leurs enfants, pour lesquels ils sont déjà souvent caution . Le mot d'ordre c'est "consommer" ( avec quoi ?). En 1914, le mot d'ordre du Haut Commandement, c'était "Attaquons"... Dans les deux, il y a la syllabe c***... comme la lune.
(envoyé par Pierre Barisain)

3) Les morts font vivre les vivants

L’Algérie profonde (Edition du 15/5/2004)
Par C. Nath Oukaci

Bouzeguène

La situation sociale étant des plus dramatiques, avec son lot de chômage et de misère, beaucoup de famille vivent grâce aux retraites et aux pensions en devises des grands-parents.
“Dieu faites que ma grand-mère puisse encore vivre un peu plus longtemps afin de m’aider”, s’est exprimé un homme à la sortie de la poste d’Aït Ikhlef à Bouzeguène. Ce sont des mots qui viennent du plus profond de son cœur. Sa grand-mère touche une triple pension de réversion héritée de son défunt époux : une retraite française obtenue par son mari après avoir travaillé pendant plus de dix ans à l’usine St-Louis dans le sud de la France, une petite retraite algérienne et une pension d’ancien moudjahid, soit un montant total, converti en dinars, d’un peu plus de douze millions de centimes par mois.
Notre jeune homme n’a jamais “bossé” de sa vie, hormis quelques boulots à la journée ou à l’heure. Il possède une belle voiture dont la valeur dépasse les 100 millions de centimes et une belle maison avec meubles et parabole (valeur : 2 milliards de centimes).
Ce jeune homme est le prototype même de bon nombre de nos concitoyens. Tous tirent leurs moyens de subsistance de ces pensions léguées par des retraités ou pensionnés qui ne font plus partie de notre monde depuis plus de 30 ans pour certains. La situation est à la fois paradoxale et inquiétante. Paradoxale parce que derrière la qualité de “bled devises” qu’on attribue à la région, si elle est quelque peu réelle, se cache en réalité une misère très pesante conjuguée à un chômage des plus aigus. Il existe, en effet, des familles entières qui ne possèdent aucune ressource de subsistance. Elles ne survivent que par la grâce de dons des citoyens, de la charité et des secours populaires. D’autres familles, plus ou moins chanceuses, s’en tirent à si bon compte grâce à la retraite ou à la pension de la mamy qui a 70 à 80 ans et qui leur assure des dépenses et une vie qui ne tient qu’à un fil en raison de l’âge et de l’état de santé de la pensionnée. C’est le type de cas le plus répandu dans la commune.

DES
La famille de l'ancien moudjahid ( fellagha) vit de sa pension française... Et , pendant ce temps, les anciens harkis se font insulter par Bouteflika. Quant à l'argent du Bitroule que nous avons trouvé, où passe-t-il ? Comme on dit dans le midi: "Trop bon, trop con"

(envoyé par Pierre Barisain)


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
M. Rachid Habbachi nous fait part du décés d'un bônois, Monsieur FABIANO Michel survenue à Toulon à l'âge de 90 ans le 23 avril 2004.
Ce deuil lui a été communiqué par son neveu Gérard ATTANASIO.
===============

Nos Sincères condoléances à leurs Familles et Amis


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône vient de créer une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui sera liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura


De Mme Arcas Justine

Auriez vous des renseignements sur les bateaux ayant effectués les transports d'emmigrés français de Marseille à Alger vers 1850.
Je fais une recherche de documentation pour une thèse d'histoire.
Merci de vos conseils.
Adresse : justine_arcas@yahoo.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Amis et Amies
La nouvelle mise à jour du site du collectif Guelmois vient de paraître, nous vous proposons en exclusif le journal officiel algérien ! si la nationalité de ce pays vous tente, lisez les restrictifs.
Puis St Possidius, St augustin, la ville de Guelma en 2004, ses chroniques, ses photos, vous trouverez tous ces titres dans notre site :
http://www.piednoir.net/guelma
A bientôt - Laurie Cautres
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L’association « Les Enfants de Thagaste » a été créée en Septembre 2003 par un SOUK-AHRASSIEN et ses deux fils.
Agissant pour le bien de notre communauté, son intention première est de faire un travail de mémoire, avec la collaboration de ses adhérents, en conservant les traces de notre passé, en pérennisant l’histoire de nos familles en Algérie et en entretenant le souvenir de notre vécu sur la terre natale.

Elle s'est fixé les objectifs suivants :
1 - RASSEMBLER tous les Souk-Ahrassiens qui partagent des valeurs d'amitié et de tolérance.
2 - Entretenir la mémoire à travers la mise en valeur de documents divers (II reste dans les tiroirs des trésors insoupçonnés, tels que photos, archives, coupures de journaux, etc.).
3 - Faciliter les recherches de personnes.
4 - Favoriser et organiser divers échanges entre nos compatriotes résidant en France et la population locale de Souk-Ahras.
5 - Faciliter le séjour de nos amis qui désirent se rendre en ALGERIE et particulièrement à SOUK-AHRAS ou ses environs (Accueil, guide, conseil, réservation, hébergement, formalités, etc.)
6 - Travailler en coordination avec les autres associations de Souk-Ahrassiens, et de rapatriés d’Algérie en général, sans aucune distinction.
7 - Participer, dans la mesure du possible, à la sauvegarde des cimetières de SOUK-AHRAS et de sa région en intervenant auprès des autorités locales par l'intermédiaire de contacts locaux, par courrier, téléphone, fax, courrier électronique, ou en se rendant sur place.
L’association « Les Enfants de Thagaste » se propose également :
- d’organiser des rencontres autour du verre de l'amitié et du souvenir,
- de créer un site Internet pour la diffusion de ses travaux, de documents (témoignages, souvenirs, photos), de nouvelles et de recettes « couleur locale ».
D'autres actions pourront être menées, la liste n'étant pas exhaustive.
Cordialement - Gilbert Augustin QUARANTA-GRECK
Email : enfants.thagaste@wanadoo.fr
Vous pouvez consulter le tout nouveau site de l'association dont voici l'adresse:http://www.thagaste.com

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Salut à tous,
J'ai terminé le site de Foot-ball du CALO et il est en ligne.
j'ai mis en lien de nombreux sites PN. Merci d'en faire autant si vous ne l'avez pas encore fait
Je vous souhaite une bonne visite :http://anciensducalo.free.fr/liens.html
Bien à vous tous.
Olivier Ferrer

De M. Jean Pierre Bartolini

RECHERCHE DE DOCUMENTS:
De même, je serais preneur des N° "de la Dépêche de l'Est", de la "Seybouse"
ou de tout autre publication Bônoise ou pas, comme : "Le Réveil Bonois"; " Le Ralliement"; "L'Indépendant de Constantine" ; "L'Oasis" ; "L'Akhbar" ; "Le Morbacher" ; "Le Courrier de l'Algérie"; "Le Commerce Algérien, de Sétif" ; "Le Sémaphore" ; "La Gazette des Abonnés" ; "L'est Algérien"; "Le Mahouna" ; "Le Progrés de l'Algérie" ; "Le Zeramna" ; "L'Electeur Libre" ; "Le Potache" ; "La Démocratie Algérienne" ; "La Dépêche de Constantine" ; "Démocratie" ; "Dépêche de l'Est" ; "Le Courrier de Bône" ; "La Liberté" ; "Le Petit Bônois" ; "Le Bônois" ; "L'Impartial" ; " Echo de Bône" ; "La Gazette Algérienne" ; "L'Avenir de l'Est" ; "Echo d'Hippone" ; "La Petite Revue Agricole" ; "Le Chêne Liège" ; "Les Clochettes Bônoises" ; ETC...
"Le Calvaire des Colons de 1848" de Maxime Rasteil.
Ces recherches sont faites pour sauvegarder numériquement, et faire connaître notre passé. Ce site en fait foi.
Il va de soi, que ces journaux devront être mis en lieu sur, accessibles facilement à tous (toutes communautés confondues d'hier et d'aujourd'hui).
Seules la connaissance et la diffusion permettront la sauvegarde de notre mémoire, de rétablir des vérités et de montrer au Monde que nos communautés vivaient trés bien ensemble.
Je remercie d'avance tous les chercheurs.


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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Rubrique "Mémorial" ! Victimes de l'Année 1959
  2. Rubrique "Associations" : Mise à jour des calendriers de l'AEB d'Aix et de l'ABCT d'Uzès

Pourquoi j'ai viré ma secrétaire ?
Envoyé par Betty Casala
En hommage à Christian le raconteur
Messieurs attention à vos secrétaires...elles sont si gentilles!

Je me suis réveillé ce matin, j'avais 45 ans. Ma femme ne m'a même pas dit bonjour, mes enfants ne m'ont pas parlé. Arrivé au bureau, ma secrétaire m'a dit :
- Joyeux Anniversaire !
J'étais heureux car elle s'en était souvenu, mais mes collègues, eux, ne s'en étaient pas rappelé.
A midi, ma secrétaire m'a dit :
- Pourquoi ne pas manger ensemble ?
J'ai dit que c'était la plus belle chose qu'on m'avait proposé aujourd'hui. Sur le chemin, elle me dit :
- Pourquoi retourner au boulot si tôt un tel jour ? Allons plutot chez moi !
Arrivés chez elle, elle m'a offert un verre et m'a murmuré :
- Ca ne te dérange pas si je me mets à l'aise ?
J'ai répondu :
- Quelle question !
Dans ma tête je me disais que ça pouvait être une expérience intéressante. Elle rentra dans sa chambre et en ressorti avec un énorme gateau, et juste derrière elle, il y avait ma femme, mes enfants et mes collègues...

Et moi j'étais comme un con, à poil dans son salon !


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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