Extrait du rapport du général Henry MARTIN
CHAPITRE III

L'INSURRECTION.


          Le 8 Mai 1945, dans toute l'Algérie, des cérémonies patriotiques sont prévues pour célébrer la victoire, et rendre hommage aux morts de la Guerre.

          Les renseignements dont les autorités disposent laissent prévoir qu'en de nombreux endroits les nationalistes algériens ont, l'intention de saboter ces manifestations en organisant des cortéges imposants groupant, autour d'emblèmes ou de pancartes séditieuses, les éléments troubles de la population musulmane, rééditant ainsi les désordres qui se sont produits le 1er Mai.

          En fait, la journée du 8 Mai n'est pas marquée par des manifestations aussi générales que celles du 1er mai en ce sens que l'ordre, sauf quelques rares exceptions, n'est pas troublé dans les départements d'Alger et d'Oran. Mais elle est cruellement endeuillée par un mouvement insurrectionnel né à Sétif, qui se propage les jours suivants dans les arrondissements de Sétif, de Guelma et de Constantine.

- I -
LE FILM DE L'INSURRECTION

A) - LA JOURNÉE DU 8 MAI

          DANS LE DÉPARTEMENT D'ALGER

          L'ordre n'est troublé qu'à Blida et à Berrouaghia.

          A Blida, vers 16 heures, 2 000 indigènes environ se réunissent pour participer au défilé prévu pour 17 heures à l'occasion de la fin des hostilités. Certains de ces indigènes sont porteurs de banderoles séditieuses qu'ils livrent sans incident aux agents de police chargés de les leur enlever,

          A la fin du défilé, au moment où le cortège musulman va rejoindre les groupes européens, deux étendards nationalistes sont déployés parmi les rangs de tête. La police essaie de s'en emparer et une échauffourée se produit aussitôt. Des coups de feu sont tirés par les manifestants; les forces de police et de gendarmerie sont bombardées à coups de pierres. L'ordre est pourtant vite rétabli. Du côté du service d'ordre, on compte neuf blessés plus ou moins graves. 12 arrestations sont opérées.

          A Berrouaghia, vers 18 heures, une quarantaine d'indigènes viennent se placer derrière le Monument aux Morts à côté des divers groupements de la ville (Sociétés, Écoles, etc). Les indigènes déploient, à, côté des drapeaux rouge et tricolore dont ils sont porteurs,

          Ces groupes indigènes brandissent des pancartes : " Libérez MESSALl ", " A bas le Communisme ", et un étendard vert avec le croissant et l'étoile.

          Alors que le cortège officiel est déjà parvenu au monument aux morts, les manifestants se mettent à scander sur l'air des lampions : " Libérez MESSALI ". Beaucoup d'entre eux tapent des mains en cadence, d'autres lèvent leur index vers le ciel. Un commissaire de police, seul, se dirige vers l'étendard vert et veut s'en emparer. Aussitôt c'est la bagarre, à coups de bâtons et de poings, entre les manifestants et une dizaine de policiers en civil. Après quelques minutes, des coups de revolver, une soixantaine, sont tirés par des manifestants qui n'ont pu être identités. A ce moment, des renforts de police et une section de tirailleurs arrivent sur les lieux et dégagent la place, Un millier de manifestants se portent sur la Sous-préfecture dont ils brisent les vitres à coups de pierres, puis se répandent dans la cité Auzas où ils se livrent â des voies de fait contre les européens isolés.
          A 17 H 15, l'ordre est pratiquement rétabli.

          Le bilan de la journée se solde par :
          29 blessées; pour la police
          17 blessés européens.
          1 mort, 1 blessé grave, une trentaine de blessés légers chez les manifestants,
          Une quarantaine d'arrestations sont opérées.

          A Guelma 15 H 30, ont lieu les cérémonies patriotiques pour l'Armistice, où les Musulmans de la ville s'abstiennent de paraître. Par contre, vers 17 H 45, 1 500 d'entre eux environ, débouchent sur la place Saint Augustin portant des pancartes: " Vive l'Algérie Indépendante, ", A bas le Colonialisme ". " Libérez MESSALI " , etc.

          Le Sous-préfet se précipite à leur rencontre, pour arrêter le défilé et faire enlever les pancartes séditieuse.;. Il est bousculé par les manifestants. Les gendarmes du service d'ordre le dégagent et réussissent, avec l'aide de la troupe qui vient d'arriver à disperser les manifestants. Des postes militaires sont placés à tous les carrefours et sur ordre du sous-préfet, les manifestants sont refoulés hors la ville.

          Le couvre-feu est établi à 21 H 30 et toute la nuit des patrouilles circulent.

          A Oued-Zénati, dans la nuit du 7 au 8 Mai, le drapeau de la poste est coupé en trois morceaux et souillé par des excréments. Le 8, à 8 H 30, 3000 indigènes affluent au marché de la ville, prêts à passer à l'action. Mais, grâce à l'arrivée d'un renfort de gendarmerie, à l'attitude courageuse du Maire et aux exhortations de l'Iman, la journée se passe sans incidents graves.

          A Gounod, lors des manifestations des 7 et 8 Mai, un millier d'indigènes défilent dans les rues, armés de mitraillettes, fusils de guerre et de chasse, revolvers américains et de couteaux.

          A Bordj Sabatb, la population indigène manifeste le 8 Mai, ainsi que 150 cavaliers et fantassins armés venus de Jemmapes.

          - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE CONSTANTINE

          A Constantine, vers 16 heures, la police aidée par une automitrailleuse et une section de tirailleurs sénégalais disperse un fort rassemblement indigène qui s'apprête à défiler en portant des banderoles avec les inscriptions : " Libérez MESSSALI ". " Vive l'Algérie Libre " , " Vivent les soldats Nord-Africains ", etc.

          Aucun incident ne se produit.
          A El-Arrouch, vers 10 heures une manifestation nationaliste se déroule sans incident.

          Lafayette avait déjà la veille été le siège de manifestations qui avaient pu être calmées. Le 9 vers 10 heures du matin, de nombreux attroupements armés se forment. Vers 13 heures, un détachement de Légion arrive au village qu'il quitte bientôt pour Kerrata, sur la demande de l'Administrateur. Vers 17 heures, les insurgés assiègent le bordj de la Commune Mixte et attaquent la Justice de Paix et plusieurs maisons israélites. La situation est critique lorsque, vers 18 heures, deux half-tracks de la garde républicaine arrivent et dispersent les assaillants qui se retirent, sur les hauteurs d'alentour. Au cours de la journée, trois israélites du village ont été tués ; de plus, le garde forestier de Bialel a été mortellement blessé à son poste. Il ne pourra être ramené que dans la journée du 10.

          Dans la matinée du 9 Mai, le centre de Pierre Curie est encerclé par des nomades en achaba dans la région, qui s'enfuient à l'approche des gendarmes. La ferme ATTARD, au douar Bazer, est attaquée, Un gendarme de Saint-Arnaud met les agresseurs en fuite et ramène la famille européenne du gérant.
          Dans la région Nord de Sétif, 6 gardes forestiers et 8 membres de leur famille ont été sauvagement assassinés, la plupart dans la journée du 9 d'autres à des dates non déterminées.

          Dans la Commune Mixte du Takitount, 4 fermes sont pillées, 4 autres attaquées dans la Commune Mixte des Rihras.

          Dans cette région Nord de Sétif, on peut compter en tout 73 morts et autant de blessés dont certains grièvement. Plusieurs femmes et jeunes filles ont été violées; les cadavres ont été mutilés.

          - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE BÔNE.

          Le 9 au matin, on remarque autour de Guelma des rassemblements suspects. Le Sous-préfet fait appel à la population européenne civile de la ville pour aider à la défense. Des patrouilles faites dans les environs permettent de se rendre compte que de nombreux indigènes armés se concentrent en certains points (on remarque la tenue spéciale des chefs : Combinaison bleue, barbe de 15 jours). Une rencontre a lieu à 4 kms de Guelma dans la matinée entre trois groupes d'indigènes armés et une patrouille de gendarmes. Ceux-ci attaqués à coups de fusil se défendent et tuent quelques rebelles. Au début de l'après-midi, deux groupes d'une centaine de cavaliers se dirigent de Sédrata sur Guelma. Des groupes importants s'infiltrent jusqu'au marché aux bestiaux, où un rassemblement de 2000 hommes, dont un certain nombre armés de mitraillettes anglaises, est observé. Un autre groupe est autour du cimetière européen ; d'autres venant de la direction de Petit et de Sédrata progressent vers la ville, à travers champs. A l'intérieur de la ville, on procède à la dispersion des groupes hostiles et à l'arrestation d'individus douteux. Des civils se joignent à la gendarmerie et partent pour dégager les fermes isolées et les communes voisines.

          Petit, à peine évacué, est entièrement pillé.

          Millésimo ne peut être atteint par la patrouille mixte de gendarmes et de civils qu'en répondant au feu des indigènes et en démolissant trois barrages de pierres édifiée en travers de la route. On y trouve le cadavre d'un colon assassiné dans sa voiture.

          A Bled Gaffar, un colon est tué et une ferme encerclée. Une patrouille de gendarmes envoyée jusque là ne peut atteindre le centre, tant le feu des indigènes est violent. La ferme ZAHRA sur la route de Gounod assiégée est dégagée vers 19 heures.

          Vers 22 heures, on apprend que la ferme DIMECK sur la route de Gounod est encerclée également, que la voie ferrée est coupée entre Guelma et Duvivier et que le cheminot GAUCI a été assassiné alors qu'il inspectait la voie.

          Dans la plupart des directions, les communications télégraphiques et téléphoniques sont coupées; Guelma est complètement isolé de Gounod, d'Ain-Amara et de Sédrata.

          La défense s'organise pour la nuit; elle est assurée par les tirailleurs et par des postes civils. Toute la nuit la fusillade se fait entendre par intermittence mais l'attaque redoutée ne se produit pas.

          - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE CONSTANTINE.

          Autour du centre de Fedj M'Sala, dans la soirée, on observe des rassemblements importants d'indigènes armés. A 20 heures, à l'annonce de l'approche des indigènes, la population européenne se réfugie dans le Bordj de la Commune Mixte. Vers 22 heures un millier d'indigènes arrivent à hauteur du Bordj et se répandent dans toute la ville. La poste, assiégée, est courageusement défendue par le receveur de P.T.T., un gendarme indigène et un défenseur bénévole. Les assaillants l'incendient en partie en y lançant un bidon d'essence et tirent sur les issues pour empêcher les défenseurs de s'échapper. Ceux-ci ripostent, tuent un indigène et en blessent quelques autres. A l'aube, les insurgés quittent le village et rejoignent leurs douars.

          Le 10 au matin, la troupe arrive au village, dégage ses abords et rétablit l'ordre,

C) - LA JOURNÉE DU 10 MAI

          a) - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE SETIF.

          Vers 10 heures du matin, un détachement tirailleurs sénégalais accompagné par deux gendarmes surprend à 200 mètres de Sillègue une trentaine de rebelles armés se dirigeant vers le village. Le combat qui s'engage aussitôt coûte une vingtaine de morts aux insurgés.

          Dans la région de Djidjelli, des incidents sanglants se déroulent. A Tamentout (Commune Mixte de Djidjelli), 2 gardes forestiers, leurs femmes, et un enfant de trois ans sont sauvagement assassinés ; un enfant, de 13 mois est grièvement blessé.

          b) - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE BÔNE.

          A Guelma, à l'aube, de toutes parts, on signale des concentrations d'indigènes armés; on commence à apprendre les assassinats et les pillages. Guellat Bou-Sba menacé est évacué. Les villages de Millésimo et de Petit sont dégagés par des gendarmes et des civils volontaires. A Petit, on découvre trois cadavres affreusement mutilés dont celui d'un prisonnier de guerre italien.

          Prés de Villars, des gendarmes en patrouille sont attaqués et doivent se replier. Le centre de Villars est mis en état de défense et plusieurs engagements menés par les gendarmes et des civils volontaires réussissent à dégager le village. A 13 H. 30, 6 automitrailleuses arrivent et dégagent. La ferme LUCET où l'on retrouve le cadavre du gérant, affreusement mutilé par ses ouvriers indigènes, en présence de sa femme. Des fermes et un moulin voisins sont retrouvés complètement pillés.

          Gounod menacé, est dégagé dans la soirée. Le village de Lapaine est mis à sac dès le départ, des colons délivrés par une expédition partie de Sédrata, qui doit livrer combat pour passer.

          Héliopolis est menacé et sa population se réfugie au moulin LAVIE.

          Bled Gaffar est évacué vers 21 heures et sa population emmenée sur Guelma.

          Un bataillon de tirailleurs arrivant dans l'après-midi de ce jour à Oued-Zénati trouve la population européenne en proie à la panique. La présence de la troupe rassure peu à peu les habitants et le calme revient dans les esprits.

          Le 10 Mai, vers 15 heures 30, la Brigade de Gendarmerie d'Ain-Amara signale qu'elle est assiégée et demande du secours. Une Compagnie du G.U.R. qui vient d'arriver à Oued-Zénati fait aussitôt mouvement sur ce village, en camions réquisitionnés. Les crêtes le long de la route sont occupés par de petits groupes de deux ou trois indigènes non armés qui, au passage des camions, se font des signaux à bras. La troupe arrive sans encombre à Ain-Amara où elle trouve population et biens intacts.

          Des actes de sabotage contre les poteaux et les fils télégraphiques sont commis un peu partout.

          c) - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE CONSTANTINE.

          Aucun fait nouveau ne marque la journée, mais la région de Fedj M'Zala est parcourue par les bandes armes qui la veille ont fait irruption dans le village.

D) - JOURNEE DU 11 MAI ET JOURS SUIVANTS

          a) - SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE SÉTIF.

          Au Nord de Sétif, villes et villages sont presque partout dégagés, mais la campagne n'est pas sure, car elle est parcourue par les bandes armées qui, après l'insurrection des jours précédents, craignent de regagner leurs douars. Les actes de sabotage sont encore signalés prés de Lafayette un pont routier sur l'Oued Dradir est trouvé coupé; ailleurs des poteaux télégraphiques sont renversés et des lignes téléphoniques coupées.

          L'insurrection s'étend à la région de Djidjelli et à la bande côtière entre Mansouriah est Bougie.

          Le 11 au matin, des émeutiers descendent " aux Falaises " (sur le golfe de Bougie entre le Cap Aokas et Mansouriah), pillent, l'hôtel du lieu, assassinent l'hôtelier et blessent grièvement, sa femme. Ils marchent ensuite sur Mansouriah. D'autres émeutiers descendant des crêtes, les rejoignent ; la population européenne se réfugie sur l'île. Un bateau de guerre, tire quelques salves sur les troupes d'insurgés et les disperse. Mansouriah n'a pas été attaqué.

          A Tamsout au Sud-ouest de Cap Aokas, le même jour, un garde forestier et sa femme sont sauvagement assassinés,

          La maison forestière de Béni-Siar (Commune Mixte de Taher) est entièrement pillée; le gérant d'une exploitation forestière est assassiné.

          b) - SUR- LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE BÔNE.

          Aucun autre foyer insurrectionnel ne se révèle : cependant, on signale encore un attentat : le 12 Mai, vers 21 h. 30, un coup de revolver est tiré en plein centre d'Oued-Zénati sur l'automobile de la gendarmerie.

          A quelques kilomètres au Nord d'Ain-Amara, deux poteaux télégraphiques sont dans la nuit, du 10 au 11 Mai abattus à la hache.

          A Aïn Regada, le 12 Mai à 3 heures, un train de ballast se trouve immobilisé par de grosses pierres disposées en travers de la voie. Quelques coups de feu sont tirés ; un militaire est blessé.

          La gare d'Hammam-Meskoutine et le centre du même nom doivent être évacués le 11 Mai sur Guelma, en raison de la menace que fait peser sur cette localité la présence de bandes nombreuses d'indigènes armés. La gare de Medjtz el Bab doit être évacuée le même jour.

          Le 8 mai à Guelma à 15 heures 30, ont eu lieu les cérémonies patriotiques pour l'armistice. 7 musulmans seulement y prenaient part un seul élu musulman entrainé par le Maire y paraissait,

          A la terrasse du Café Glacier, tous les dirigeants locaux du parti des " Amis du Manifeste et de la Liberté " ainsi que ceux du P.P.A. avec une foule d'indigènes, étaient attablés. Aucun ne se levait lorsque retentissait la Marseillaise.

          Vers 17 heures 45, un groupe d'environ 1 500 manifestants débouchait sur la Place Saint Augustin, ils étaient précédés par des pancartes séditieuses : " Vive l'Algérie indépendante - A bas le colonialisme - Vivent les nationalistes - Libérez MFSSALI ".

          Le sous-préfet se précipitait, à leur rencontre, la gendarmerie alertée le rejoignait aussitôt. Malgré les objurgations du sous-préfet, les manifestants continuaient à avancer et chantaient à tue-tête pour couvrir sa voix. On lui répondait que " les ordres étaient venus d'Alger ".

          Sous une poussée venue de l'arrière, le sous-préfet était, bousculé ainsi que quelques notables européens qui l'accompagnaient Les gendarmes chargeaient alors les manifestants qui avaient tiré des coups de pistolet. Ceux-ci étaient refoulés et s'égayaient en lapidant le service d'ordre. La troupe arrivait, les émeutiers se dispersaient dans toutes les directions. Des postes militaires étaient placés â tous les carrefours et sur ordre du sous-préfet, les manifestants étaient refoulés hors de la ville.
          Le sous-préfet faisait fermer tous les cafés. Tout attroupement était dispersé, couvre-feu à 21 heures 30.

          Au cours de la manifestation, deux gendarmes, un inspecteur de police mobile et un agent de police étaient, blessés à coups de barres de fer et de matraques.

          Toute la nuit, des patrouilles circulaient.

          Le 9 Mai, on remarquait des rassemblements et des mouvements suspects autour de Guelma.

          Le sous-préfet faisait alors appel à la population européenne civile pour aider à la défense de la ville.

          Plus de cent hommes venaient s'offrir. Ils étaient armés de fusils de guerre ou de chasse.

          Dans les jours qui suivaient, ils fournissaient de jour et de nuit des patrouilles ou les postes de garde aux issues de la ville.

          Des patrouilles faites, par les gendarmes d`Ain-Amara dans la région de Medjez Amas, Clauzel, Hammam-Meskoutine, permettaient de se rendre compte que de nombreux individus armés se dirigeaient, par groupes de trente vers la Mahouna. (On remarquait la tenue spéciale qui distinguait les chefs, combinaison bleue, barbe de 15 jours).

          Vers 8 heures 30, on apprenait que trois groupes d'environ 30 indigènes chacun, se dirigeaient sur Guelma, venant de la direction de Constantine. Le commandant de section et 11 gendarmes partaient au devant d'eux dans trois autos.

          Ils les rencontraient à quatre kms de Guelma au lieu-dit " Ain Deffla ". Les indigènes, tous armés de fusils de guerre ou de fusils de chasse tirant à balle, ouvraient aussitôt le feu. Les gendarmes déployés en tirailleurs répondaient. Quelques indigènes tombaient, les autres se retiraient.

          Au début de l'après-midi, deux groupes d'une centaine de cavaliers se dirigeaient de Sédrata sur Guelma.

          Des rassemblements d'indigènes armés se révélaient, tout autour de la ville, de plus en plus nombreux et importants.

          L'un deux, prés du marché aux bestiaux, comprenait environ 2 000 hommes dont un certain nombre armés de mitraillettes anglaises.

          On apprenait que 300 individus armés étaient autour du cimetière européen ; de petites colonnes venant des directions de Petit et de Sédrata étaient vues se dirigeant sur Guelma, par les pistes et à travers champs : on reconnaissait des chefs à cheval.

          A l'intérieur de Guelma, des petits groupes hostiles et composés d'individus connus comme douteux étaient énergiquement dispersés ou arrêtés.

          Des civils se joignaient à la gendarmerie pour aller dégager les fermes isolées et des communes les plus proches. Pour arriver à Millésimo il fallait démolir trois barrages successifs de pierres barrant la route et progresser par les champs en répondant au feu des indigènes.

          L'aviation bombardait Millésimo et Petit où se révélaient des groupes armés.

          Petit était évacué et le pillage commençait avant même le départ des derniers colons qui échangeaient des coups de feu avec les pillards opérant dans les maisons.

          A Millésimo, le colon Missud Joseph était assassiné dans sa voiture; à Bled Gaffar, un autre colon M. BEZZINA était aussi tué et une ferme encerclée, Une patrouille de gendarmes envoyée sur Bled Gaffar essuyait de nombreux coups de feu et était obligée de se replier devant le nombre. A 19 heures, un groupe de civil; allait dégager la ferme Zahra sur la route de Gounod et ramenait les habitants.

          A 22 heures, on apprenait que la ferme Dimeck sur la route de Gounod était encerclée ; la voie ferrée était coupée entre Guelma et Duvivier et le cheminot GAUCI Jean était assassiné alors qu'il allait reconnaître la voie.

          Dans la plupart des directions, les communications téléphoniques étaient interrompues, les poteaux étant coupés à la hache à 1 mètre du sol; on était, isolé de Gounod, d'Aïn-Amara et de Sédrata.

          A la tombée de la nuit, on craignait un assaut contre Guelma. La défense était assurée par les tirailleurs et par les postes civils, A 21 heures, on signalait un groupe d'individus armés de mitraillettes et de fusils prés du marché aux bestiaux. Des barbelés étaient placés pour barrer les brèches des murs de la porte du marché aux bestiaux où l'on pouvait craindre une attaque. Dans la cour de la gendarmerie s'entassaient tous les réfugiés venus de l'extérieur, les familles des gendarmes logeaient de nombreuses familles de la ville réfugiées,

          La fusillade se faisait entendre par intermittence au cours de la nuit,

          Les postes placés au rempart et aux noeuds de communication devaient se servir de leurs armes automatiques et même de grenades.

          La gendarmerie et la milice avaient effectué des patrouilles, la nuit, à la résidence mais l'attaque générale ne se produisait pas et la nuit s'achevait.

          Le 10 mai, de toutes parts, à l'aube, on signalait des concentrations armées.

          On commençait à apprendre les assassinats et pillages commis.

          Des groupes, importants d'indigènes étaient vus, autour de Guellat Bou-Sba qui était évacué.

          Des détachements de troupe, de gendarmes et de civils volontaires allaient dégager les villages de Millésimo et Petit.

          Les patrouilles protégeaient le rétablissement des voies de communication et lignes téléphoniques. On ramenait de Petit les cadavres affreusement mutilés de VELA Victor, du prisonnier de guerre italien BAALI Paolo et SAMMARTI Paul, retrouvés dans le lit de la Seybouse.

          A Petit, la ferme Durand était dégagée ainsi que la gare du Nador avec l'appui de deux autos mitrailleuses.

          On apprenait l'assassinat de ZAHRA François à la ferme Belle Vue et le pillage de cette ferme, ainsi que le viol et les blessures subies par les soeurs SOUKHAL de Petit.

          A Villars, les gendarmes en patrouille auto sur le chemin de G.C. n° 19 étaient attaqués par une centaine d'indigènes armés, ils ripostaient et se repliaient. Les armes du centre de Défense étaient remises aux hommes valides, ces derniers effectuaient avec les gendarmes plusieurs engagements au cours de la journée pour dégager le village. A 15 heures 30 arrivaient â Villars 6 automitrailleuses. Elles dégageaient la ferme Luzet où l'on retrouvait le cadavre du gérant P. HALBEDEL, affreusement mutilé par ses ouvriers indigènes en présence de sa femme.

          La ferme DEGOUL François et le moulin Grimad étaient trouvés entièrement pillés, toutes les machines du moulin étaient brisées, tout le bétail de la ferme était enlevé.
          Gounod était dégagé dans la soirée par un détachement venu de Oued-Zénati.

          A Sedrata â 7 heures, L'Administrateur en Chef SEGUY VILLE VALEIX partait avec un gendarme pour recueillir les habitants de Lapaine en camion; il n'y parvenait qu'après avoir livré combat, plusieurs des assaillants étaient tués, le gendarme était blessé par plombs.

          Dès le départ des européens de Lapaine, toutes les demeure de ceux-ci étaient mises à sac.

          Dans la soirée, on apprenait que toute la population d'Héliopolis s'était retranchée dans le moulin Lavie.

          A 21 heures, la population de Bled Gaffar était évacuée sur Guelma où la ferme Bezzina était entièrement pillée.

          A Oued-Zénati, dans la nuit du 7 au 8 Mai 1945, le drapeau de la piste était coupé en trois morceaux et, sali par des excréments,

          A 8 h 30, plusieurs groupes d'indigènes, estimés à 3 000, descendaient du village de Montcalm et des environs et affluaient au marché, prêts à passer à l'action.

          Impressionnés par l'arrivée d'un renfort de gendarmerie et par l'attitude du Maire, après les exhortations au calme de l'Imam, ces groupes indigènes se ralliaient à la manifestation patriotique organisée à 15 heures par la municipalité et défilaient en bon ordre.

          Seules, deux pancartes subversives arborées par les manifestants étaient saisies par la gendarmerie sans la moindre réaction.
          Dans l'après midi du 10 mai, les unités du G.U.R. enlevées d'El Guerrah en chemin de fer et par camions arrivaient à Oued-Zénati. Elles y trouvaient une population européenne affolée et une population indigène nettement hostile.

          Les mères de familles françaises apeurées menaçaient les gendarmes, les rendant responsables de leurs vies et de celles de leurs enfants, refusant de coucher chez elles la nuit de peur d'y être assassinées par leurs voisins indigènes.

          Le commandant du G.U.R, exhorta les populations au calme et fit également rouvrir les écoles qui avaient fermé leurs portes.

          Le 11, les allées et venues, les signaux observés au cours de la journée du 10 Mai dans les montagnes qui bordent la route avaient complètement cessé.

          Des renseignements recueillis, il résulte que ces mouvements étaient le fait d'une bande d'environ 300 indigènes armés de matraques, pistolets, fusils de chasse et, de guerre, qui par petits groupes de deux ou trois individus se dirigeaient sur la Mahouna et Guelma,

          Ces indigènes étaient originaires des douars inclus dans le rectangle délimité par Aïn-Amara, Medjez Amar, Hammam-Meskoutine et les crêtes du Bou Ghoursinne,

          Le 12 Mai, vers, 21 heures 30, un coup de revolver était tiré en pleine ville sur l'automobile de la gendarmerie qui transportait le maire d'Oued-Zénati et le chef de brigade de gendarmerie.

          Devant cet attentat qui visait les deux représentants de la France les plus en vue de la localité, le Commandant du G.U.R. prenait en mains le maintien de l'ordre.

          Dès l'arrivée des patrouilles armées, le village connut le calme le plus absolu et le lendemain, à l'aube, l'arrestation de 25 indigènes de Oued-Zénati appartenant aux " Amis du Manifeste " et du P.P.A avait lieu.

          La population indigène stupéfaite assista sans protester à ces arrestations massives qui jetèrent le désarroi parmi les masses affiliées à ces deux partis qui comptaient 7623 adhérents.

          Le calme n'a cessé de régner depuis, tant dans la ville qu'aux environs immédiats, malgré la persistance d'une hostilité sourde, de la part des indigènes.

          A noter cependant que les principaux notables de Oued-Zénati ont offert à la troupe 50 moutons.

          Certaines familles fidèles ont même concouru avec les troupes au maintien de l'ordre en ville et ont secondé les postes chargés de contrôler la circulation.

          A Aïn-Amara le 10 Mai 1945, vers 15 heures 30, le chef de gendarmerie de Oued-Zénati venait avertir le commandant du G.U.R. que la brigade de gendarmerie d'Ain-Amara était encerclée et demandait secours.

          La compagnie qui avait fait mouvement par camions réquisitionnés partait aussitôt pour Ain-Amara.

          A partir de Ras-el-Akba jusqu'à Aïn-Amara, les crêtes dominant la route étaient occupées par des petits groupes de 2 ou 3 indigènes non pourvus d'armes, qui, au passage du camion automobile, correspondaient entre eux par signaux à bras.

          Quelques cavaliers indigènes par groupes de 2 ou 3, apparemment non armés, étaient aussi aperçus.

          A Aïn-Amara, l'arrivée des tirailleurs était accueillie avec, grande joie par les européens qui n'avait d'ailleurs pas été menacés.

          Un colon européen ayant vu passer une bande armée avait fait téléphoner par la gare la plus proche qu'Aïn-Amara était attaqué. Là encore à Oued-Zénati, peur et affolement des Français isolés dans les fermes.

          Plusieurs actes de sabotage étaient aussi commis dans la région, notamment dans la nuit du 10 au 11 mai au cours de laquelle deux poteaux téléphoniques étaient coupés à la hache sur la route d'Oued-Zénati-Guelma à 3 kms au Nord d'Aïn-Amara.

          Le Commandant du G.U.R. ordonnait aux notables d'Aïn-Amara de faire réparer les poteaux par la main d'oeuvre locale.

          Les mouvements incessants des troupes de Guelma et de celles du G.U.R. ramenaient le calme dans les esprits.
          Le 14 mai à 9 heures, l'aviation lâchait trois bombes dans la région d'Aïn-Amara.

          Les régions situées au nord de la voie ferrée entre les stations de Taya et de Hammam-Meskoutine ont fourni de nombreux combattants armés qui ont pris part aux affaires de Guelma sous les ordres d'un certain SOTAT (Moussa).

          La région comprise dans le triangle Hammam-Meskoutine-Medjeg Amar et Ain-Amara a fourni de nombreux combattants armés qui ont pris part aux affaires de Guelma sous le commandement de HABECH SAÏD, propriétaire à Aïn Gjoul (2 kms S.E. de Clauzel).
          Les indigènes originaires de cette région qui avaient pris part aux affaires de Guelma ont regagnée leurs douars par petits groupes afin de ne pas se faire remarquer.
          A Gounod, lors de manifestations des 7 et 8 Mai, un millier d'indigènes avait défilé dans les rues. Leurs armement comprenait des mitraillettes, 40 â 50 fusils de guerre de types différents, quelques revolvers américains type Colt, des fusils de chasse et des couteaux.
          Ils étaient originaires des mechtas de l'Oued Cherf et l'Oued Cheniour.
          Une compagnie partie le 10 Mai, au retour de la tournée: d'Ain-Amara s'est rendue à Gounod via Renier.
          La Ligne téléphonique; était coupée à environ 8 kms à l'Est d'Oued-Zénati sur la route d'Oued-Zénati - Renier.

          Renier a accueilli avec enthousiasme nos tirailleurs,

          Gounod leur a réservé un accueil délirant, l'arrivée de la compagnie ayant fait disparaître un millier d'indigènes massés sur les crêtes environnantes auxquels la population prêtait l'intention d'attaquer la localité.

          La population française était réfugiée dans la gendarmerie. Les colons avaient abandonné leurs fermes. Les indigènes du village en prévision d'événements graves avaient envoyé leurs familles dans les douars environnants.

          Les caïds ont déclaré ne plus être maîtres de la situation, les indigènes ne répondant plus â leurs convocations,
          Les indigènes faisaient pâturer leurs bestiaux dans les orges et les blés des colons français.

          Les indigènes qui occupaient les crêtes refusaient tout contact avec la troupe. Ils étaient armés de quelques mitraillettes, de quelques fusils de guerre de modèles divers, mais principalement de matraques et couteaux.

          Devant cette situation, la compagnie était maintenue pendant la nuit à Gounod.

          Les indigènes de Gounod et de Renier étaient prévenus qu'ils seraient tenus pour responsables de tout dommage causé aux personnes et aux biens européens.
          Le calme absolu a par la suite régné dans ces villages où les Français rassurés envisagent maintenant l'avenir avec plus de confiance.

          La gendarmerie d'Oued-Zénati venue à Renier a pu arrêter l'inspecteur de la police des Renseignements Généraux de Constantine MAZOUIZI qui avait défilé lors des manifestations antifrançaises des 7 au 8 Mai en tête des manifestants tirant des coups de revolver en l'air pour les mieux exciter.

          Un autre indigène agent de liaison des "Amis du Manifeste: " entre Oued-Zénati et Renier, a également été arrêté.

          La liaison téléphonique Renier Oued-Zénati a été rétablie. Elle était interrompue depuis le 8 Mai par de nombreuses coupures.

          Quelques indigènes des mechtas environnant Gounod qui avaient participé aux affaires, de Guelma sont rentrés blessés, la plupart par balles.

          La répression française les a beaucoup impressionnés.

          A Montcalm, le 11 Mai dans la journée, le marché de Montcalm a eu lieu sans incident.

          Les notables réunis avaient été informés qu'ils seraient tenus pour responsables de l'ordre et avalent pris par écrit l'engagement d'honneur au nom de tous leurs administrés que le calme ne serai pas troublé.

          Une police locale levée parmi les indignes de Montcalm à la diligence des notables a assuré l'ordre qui a été parfait.

          Environ 21100 indigènes des douars de la commune d'Oued-el-Bouaghi vinrent au marché où des transactions commerciales furent importantes.

          Le 12 Mai à 11 heures 80, la gendarmerie d'Oued-Zénatl était informée que des indigènes avaient tenu des propos incitant la population à se révolter. A 12 heures 30, une compagnie du G.U.R. transportée en camion était sur les lieux pour prêter main forte aux gendarmes chargés d'opérer des arrestations.

          Celles-ci eurent, lieu séance tenante et sans incident. Elles concernent 3 indigènes dont l'un deux était le secrétaire général des " Amis du Manifeste " de Montcalm

          Il a été trouvé porteur de la liste nominative des chefs " Amis du Manifeste " de l'endroit.

          Une députation de 8 notables de Montcalm venus en auto à Oued-Zénati pour protester contre des arrestations n'était pas reçue par le Commandant du G.U.R. ; 5 d'entre eux qui figuraient sur la liste des " Chefs des Amis du Manifeste" de Montcalm saisie étaient arrêtés par les soins de la gendarmerie d'Oued-Zénati. Un marabout et deux notables de Montcalm qui faisaient partie de cette députation mais ne figuraient pas sur la liste saisie, furent renvoyés,

          Ces arrestations ont eu sur toute la population de Montcalm un effet immédiat et le calme le plus absolu est aussitôt revenu.

          A Ain-Regada, le 12 Mai â 18 heures, un train de ballast était arrêté par de grosses pierres disposées en travers de la voie au PK 160 + 300 à la sortie Sud d'Ain-Régada. Quelques coups de feu étaient tirés. Un militaire était blessé.

          Le 11 Mai, la gare d'Hammam-Meskoutine menacée sans défense, était évacuée sur Guelma (36 personnes, dont 3 femmes, 3 hommes, 30 prisonniers de guerre italiens encadrés par le personnel d'une ferme des environs, également menacée).

          La gare de Medjez-Ammar menacée sans défense, était aussi évacuée le même jour.

          A Bordj Sabath la population avait manifesté le 3 Mai, 150 cavaliers et fantassins armés, venus de la région de Jemmapes, avaient défilé dans cette localité

          Le 17 Mai, 9 membres du bureau des " Amis du Manifeste ", de cette localité étaient arrêtés.

          Le bilan des victimes s'établit comme suit dans cette région ; 18 morts et 2 blessés ; 2 fermes à Millésimo pillées; 2 autres à Petit ainsi que 4 maisons et la mairie ; 2 fermes et un moulin à Villars, 1 ferme à Guelma et l'école d'Hammam-Meskoutine, A Lapaine, toutes les habitations des européen, ont été mises à sac.

          c) SUR LE TERRITOIRE DE LA SUBDIVISION DE CONSTANTINE.

          A Constantine, le 8 Mai 1945, des signes d'effervescence de l'état d'esprit indigène étaient observés.

          Le nommé FILALI Ali dit " MEKKI ", meneur nationaliste notoire, arrêtait dans la rue de nombreux coreligionnaires, transmettait des mots d'ordre.

          Un petit drapeau portant un croissant et une étoile sur fond bleu était enlevé à un jeune cireur qui réussissait à prendre la fuite dans la rue Hackett.

          Continuant leur surveillance dans les quartiers indigènes, les agents constataient la fermeture d'un grand nombre de magasins et un grand nombre d'indigènes commençaient à se rassembler. Evalués à 1 200 environ, ces derniers étaient composés, pour la plus grande majorité, de loqueteux inconnus des services de la police et que les organisateurs de la contre-manifestation avaient fait venir sous le prétexte mensonger d'entendre un orateur leur parler de la distribution de semoule.

          Plusieurs indigènes étaient remarqués alors, qu'ils mettaient de l'ordre dans les rangs et intercalaient les banderoles portant les inscriptions françaises telles que : " Libérez Messali - Vive L'Algérie Libre - Les Amis du Manifeste - Vivent les Alliés - Vivent les soldats Nord-Africains " et autres banderoles écrites en arabe.

          Il était 16 heures environ et il était à présumer que les manifestants allaient emprunter le" avenues Viviani et Liagre pour défiler Place de la Brèche où se déroulaient les cérémonies officielles de la célébration de la Victoire. Alertée, une compagnie de gardiens de la paix se rendait, sur les lieux où arrivaient également une automitrailleuse et une section de tirailleurs sénégalais.

          Les manifestants étaient dispersés sans aucun incident.

          Au moment de leur dislocation dans la rue Perrégaux, quelques-uns d'entre eux entonnaient un chant, nationaliste en arabe.